
« IIIIIII » C’est le bruit du vélo qui freine. Sur le dessin, Spirou, le héros dessiné par André Franquin, passe de la bicyclette à l’automobile. Cette vignette montre bien ce que je veux mettre en relief aujourd’hui, comment l’essor des moyens de transports individuels a permis à nos parents, nos grands-parents ou arrière-grands-parents de s’ouvrir sur un monde un peu plus grand. Nous voyons bien dans nos généalogies qu’avant le XIXe et même le XXe siècle, les déplacements ne concernaient pas grand monde, sauf en période de crise (guerre, dragonnade, famine…). Au XXe siècle, le progrès permet les déplacements de chacun. Pour illustrer cela, je suis parti d’un entretien que j’avais réalisé avec ma maman dans le but de faire la promotion du vélo en ville. Il montre que, même quand il s’agit de déplacements de proximité, la bicyclette fut la première étape pour beaucoup, et notamment les femmes, vers une plus grande autonomie au cours du XXe siècle.
Ma mère est née à Terves, dans le nord des Deux-Sèvres. Quand elle était jeune, à la campagne, dans les années 1930, les déplacements se faisaient à pied le plus souvent. Quand les distances s’allongeaient, on utilisait la bicyclette. Cependant le vélo était réservé plutôt aux hommes. Les voitures étaient très rares, les déplacements plus lointains se faisaient en train. Ma mère a commencé à pédaler au début de la guerre 39-45, à l’âge de 12 ans, sur le vélo de son père. Comme la bicyclette paternelle avait un cadre avec une barre, il lui a fallu se pencher et se tordre pour apprendre. Plus tard, elle a eu un vélo à partager avec ses trois sœurs. Quand elles allaient à deux à Bressuire, la ville la plus proche, une faisait la moitié de la route à vélo, le posait dans le fossé et finissait à pied, L’autre faisait le contraire, partait à pied, récupérait le vélo et finissait en pédalant. A l’époque, il n’y avait pas besoin d’antivol. Le vélo lui a donc permis dans sa jeunesse d’avoir plus d’indépendance, de pouvoir sortir librement et un peu plus loin que son village. Après son mariage en 1952, la famille s’est installé à Niort, la préfecture au sud du département. C’était le début des « 30 glorieuses » avec l’essor de l’automobile. Mon père a passé son permis et a acheté sa première voiture, une 4CV, qui était nécessaire pour pouvoir aller voir les cousins et cousines dont mes parents s’étaient éloignés. Ma mère a tenté d’avoir son permis plus tardivement, mais sans succès, elle était sans doute trop émotive pour l’obtenir. Elle n’a donc pas pu aller jusqu’au bout de sa démarche d’indépendance et n’est pas, comme Spirou, passé du vélo à la voiture. Cela ne l’affecte pas vraiment aujourd’hui. Elle a bon pied, bon œil et bon coup de pédale. Elle utilise encore régulièrement son vélo dans ses déplacements.

Le velo, en l’absence des cars de ramassage qui sont venus plus tard, m’a permis d’aller au « cours complementaire » dans la ville voisine plutot que de rester dans l’ecole de mon village et de finir avec le Certificat d’Etudes. Je dois donc a mon velo la possibiltie que j’ai eu d’obtenir une education bien plus avancee que le « certif ».
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Merci d’évoquer cet aspect important auquel je n’avais pas pensé 🙂 C’est vrai que la bicyclette a permis à certaines et certains de s’instruire comme vous, mais aussi d’aller au travail, de voyager (les 1ers congés payés)… et elle le permet encore, si on s’en donne la peine !
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