
SMMACK ! L’amour ! Toujours l’amour ! Que sait-on vraiment des sentiments de nos ancêtres ? Si l’amour est souvent associé à l’institution du mariage, la réalité est parfois un peu plus complexe. Avant la révolution, le mariage n’était que religieux et le divorce n’existait pas. Il ne prenait fin qu’avec le décès d’un des conjoints. Il fallait peut-être s’aimer toute la vie, il fallait surtout ne pas nuire à la religion, aux mœurs ou à la famille.
Après l’institution du mariage civil en 1791, la loi du 20 septembre 1792 instaure le divorce. Si un couple le désire, la séparation est alors possible. Mais, sous la Restauration, le divorce, « poison révolutionnaire », est aboli par la loi du 8 mai 1816. Le divorce ne redeviendra possible dans certains cas que 68 ans plus tard, le 27 juillet 1884.
Ce préambule juridique est là pour que vous m’aidiez à répondre à une question que je me pose sur un de mes ancêtres deux-sévriens. La 1ère épouse de Michel Guibert, Jeanne Savin, décède le 17 novembre 1822 à Saint-Amand-sur-Sèvre. Celui-ci est témoin en tant qu’époux veuf. Il se remarie le 29 juin 1823 à La Forêt-sur-Sèvre avec Marie-Madeleine Chaigneau. Il a 68 ans et la nouvelle épouse 34 ans, ce qui laisse planer quelques doutes sur le caractère romantique de ce mariage, mais passons. Au décès de Michel Guibert déclaré par 2 de ses petits-enfants, le 11 avril 1839 à Cirières, il est écrit par 2 fois « époux de Marie Chaigneau et divorcé ».

Dans la région très marquée par la religion catholique, il est déjà très étonnant de voir un acte mentionnant un divorce. Mais surtout, comment Michel Guibert a-t-il pu divorcer entre 1823 et 1839, période où le divorce n’est pas légal ? Question subsidiaire, pourquoi y a-t-il sur les formulaires de l’époque : « Indiquer la profession du défunt ; et s’il était marié, veuf ou divorcé… » ?
Je ramasse les copies dans 1 heure. Je vous embrasse d’avance si vous trouvez une explication à cette énigme ! SMMACK !
J’aurais tendance à penser que l’acte de décès de Jeanne Savin est erroné : le couple s’était peut-être réconcilié et habitait de nouveau ensemble, après avoir divorcé pendant la période où le divorce était autorisé.
Quant aux formulaires : le divorce ayant été permis à une certaine période,il existait des divorcés et il fallait en tenir compte au moment de la rédaction des actes (je ne vois pas d’autre explication).
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Le divorce de la 1ère épouse est effectivement la seule solution logique. J’ai jusqu’à présent du mal à y croire (je n’ai pas trouvé d’acte de divorce dans les tables décennales, je n’ai trouvé aucune mention de séparation de ce couple aux différents mariages de leurs enfants et au décès de l’épouse) mais je vais chercher davantage. Aux archives départementales, sur cette période limitée dans le temps, ça doit bien être trouvable (dans des archives de justice !?!?) Pour le formulaire, je pense aussi que c’est pour tenir compte des divorces existant durant la période où c’était légal.
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Je dirai même que, jusqu’au XIXe siècle, à quelques exceptions près, les mariages sont liés à tout sauf à l’amour !
Le mariage a d’abord été un moyen de transettre son patrimoine. Aux XVIIIe et XXe siècles, une boutade circulait : c’est l’histoire d’un jeune fils qui rentre des champs avec son père. Le premier interpelle le second : « vous auriez pu me prévenir que je m’apprête à me marier avec [unetelle] tel jour » et le père de prendre un bâton, de le frapper sur l’épaule et de lui répondre : « Je t’ai déjà dit de te mêler de tes affaires » !
Cette anecdote, rapportée par un très bon professeur d’histoire moderne que j’avais à la fac m’a toujours fait sourire. Il devait certainement y avoir quelques mariages d’amour néanmoins mais ce qui est certain, c’est que la représentation du mariage n’était pas du tout la même que celle qu’on peut avoir aujourd’hui.
Quant à la question posée, est-ce qu’il ne s’agirait pas d’une erreur de l’officier d’état civil qui aurait mal compris la situation maritale du défunt ? Il était veuf, a priori pas divorcé et l’officier s’est peut-être trompé… Ce qui expliquerait pourquoi vous ne trouvez aucun divorce ?
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Je suis bien d’accord sur le fait que la notion de mariage d’amour est relativement récente en terme historique ; mais, je suis sans doute optimisme, l’amour a quand même dû exister quelquefois. Quant au mariage pour transmettre son patrimoine, c’est sûrement vrai pour ceux qui avaient un patrimoine même minime. Il reste quand même la situation de ceux et celles qui n’avaient rien que leurs bras (journaliers et journalières,…). Ils étaient sans doute « condamnés » à se marier entre eux, tout en faisant attention à ne pas être trop proches cousins.
Sinon, je ne crois pas à l’erreur du maire. Les divorces sont très très rares dans le nord des Deux-Sèvres à la période où celui-ci était autorisé, l’édile n’a pas pu l’inventer. Sans doute, comme le pense Pauline, Michel Guibert était-il divorcé de sa 1ère épouse avant qu’elle ne décède.
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C’est pour le moins curieux ! Si vous disposez de recensements pour cette commune, peut-être y faire un tour et voir jusqu’à quel moment ils habitent ensemble à dater de leur mariage, ce qui pourrait donner un créneau de date, ou d’autres éléments, éventuellement un point de départ pour d’autres recherches. Si je ne me trompe pas les premiers recensements commencent en 1801.Bonnes recherches !
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Merci pour les encouragements et pour la piste. Malheureusement pour moi, il y a peu de recensements par commune avant 1836 pour les Deux-Sèvres. J’ai donc peu d’espoir de ce côté-là !
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