Le nom de dragonnades a été donné aux persécutions contre la communauté protestante de France afin de les pousser à la conversion.
La première dragonnade a lieu en 1681 et elle est expérimentée en Poitou.
Elle est à l’initiative de l’intendant du Poitou René de Marillac mais fut sans doute encouragée par Louvois, ministre de Louis XIV
Le procédé imaginé par Marillac est le logement forcé des troupes chez les huguenots. Les dragons, soldats du roi, sont installés dans les foyers protestants, à charge pour ces derniers de les loger, les nourrir et les payer. Le pouvoir laisse les soldats piller et ruiner les familles qui les hébergent jusqu’à ce qu’elles abjurent. Les dragons passent alors dans une autre maison de calvinistes !
Mais, quand la maisonnée refuse, les soldats n’hésitent pas à maltraiter et supplicier le chef de famille, sa femme et ses enfants.
Difficile de résister dans ces conditions. Certains vont alors quitter la France mais beaucoup vont abjurer comme mes ancêtres, Mathurin Soulice (sosa 1628) et Marie Soulice (sosa 1629). Mathurin et Marie vivent à Benet (aujourd’hui en Vendée) à quelques kilomètres de Niort. Ils appartiennent à la communauté protestante et se sont mariés au temple de Niort le 6 novembre 1972. Mathurin est marchand et laboureur. En cette année 1681, le couple a 2 filles, Renée et Marie âgées de 7 et 4 ans, et a sans doute perdu un fils, Jean, né en janvier 1681. Les 3 enfants ont été baptisés au temple de Niort.
La première dragonnade en Poitou atteint son paroxysme entre les mois de juillet et novembre 1681. Cependant, à Benet, les conversions en masse commencent dès le début de l’année et c’est le 30 mai 1681 que Mathurin et Marie reconnaissent la foi catholique.
Le registre montre bien que des familles entières abjurent le même jour, et c’est le cas pendant toute l’année 1681.
En quelques mois, les curés enregistrent 38 000 conversions en Poitou.
Mais à quel prix ! La région est ruinée et certaines familles s’enfuient vers l’Angleterre ou la Hollande. La nouvelle suscite l’indignation de l’Europe protestante. Les soldats sont rappelés et l’intendant Marillac est déplacé.
Pourtant, le Poitou n’en a pas fini avec les dragonnades, une deuxième aura lieu en 1685.
Quant à Mathurin et Marie Soulice, ils restent à Benet et suivent officiellement les règles de la religion catholique. Au moins 4 autres enfants naissent après 1681. Cependant, même si les enfants se marient à l’église, ils épousent d’autres convertis et on voit que les liens entre ces familles d’anciens protestants vont durer sur plusieurs générations.
Ainsi Renée, l’aînée de la fratrie, épouse en 1699 à Benet Mathieu Cochard, un marchand, dont la famille s’était convertie le 3 septembre 1681. De même, son frère, mon ancêtre Jean Soulice (sosa 814) épouse en 1718, toujours à Benet, Marie Boutet, (sosa 815) dont je n’ai pas pour l’instant trouvé l’acte de conversion mais qui a été baptisée au temple de Niort le dimanche 7 novembre 1683.
La conversion semble surtout de façade et les nouveaux catholiques gardent sans doute un attachement à la foi protestante. On peut même supposer qu’ils poursuivent une pratique religieuse familiale ou lors de réunions privées avec des voisins.
Sources :
Wikipédia
Le première dragonnade en Poitou
Les dragonnades en Poitou et Saintonge : le journal de Jean Migault. Geste éditions.
Roger Durand. Saint-Gelais au péril des dragons.
Et j’ajoute grâce aux conseils de Pauline :
S et F Kupferman. La nuit des Dragons. Livre de poche
L'arbre de nos ancêtres 
Je partage tout à fait la conclusion.
Baptêmes à l’Eglise, mariage parfois aussi, où lors d’une assemblée « Au Désert » ou au Temple dès l’Edit de Tolérance. J’ai ce schéma dans la Drôme, qui confirme la pratique religieuse familiale.
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Il s’agit d’hypothèses, mais elles me semblent tout à fait plausibles. Je pense que cela doit se retrouver dans toutes les régions qui ont eu à subir la conversion forcée au catholicisme.
Je lis en ce moment un témoignage sur un village protestant du Poitou au début de l’année 1681 et j’espère y trouver des indices confirmant tout cela.
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Mes ancêtres de Charente ont aussi subi les conversions forcées. Ce qu’on voit parfois c’est des conversions qui prennent à moitié où les parents sont officiellement catholiques mais mes enfants se marient temple (et dans certains cas déclarent leur mariages ou des naissances en 1788). Ou des enfants qui sont baptisés 2 fois (une fois en forêt, une fois à l’église) parce que différentes parties de la famille veulent garder les rites protestants ou pas.
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Nos ancêtres n’ont pas choisi de se convertir, il n’est pas étonnant qu’ils se soient rebellés à leur manière. Leur foi catholique n’a pas du beaucoup résister au départ des dragons !
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Je suis d’accord avec la conclusion. Une ou deux générations plus tard voir plus, quand l’étau autour des protestants se desserrent (vers 1760) on constate que les mariages sont protestants, comme les baptêmes. J’ai aussi un ancêtre baptisé deux fois.
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C’est possible, mais pour ma part je n’ai pas trouvé d’actes en ce sens.
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Cet article m’a fait aussitôt penser à un roman que j’ai lu quand j’étais gamine et qui m’avait beaucoup marqué à l’époque. Comme l’on va bientôt parler littérature par ici, je me permets d’anticiper (bon, ce n’est pas de la littérature « généalogique », donc je n’anticipe pas vraiment^^) en le mentionnant : il s’agit (si je ne m’abuse) de La nuit des dragons, de Sigrid et Fred Kupferman. Peut-être un bon moyen de faire découvrir cela aux enfants (ou peut-être plutôt aux jeunes adolescents).
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C’est bien le bon titre ! Je ne connais pas le livre, juste les auteurs, et je n’avais pas fait le lien avec les Dragonnades. Du coup je vais aller y regarder de plus près.
En tout cas, merci de cette suggestion littéraire bien dans l’air du temps pour notre blog. Le livre y aurait sans doute toute sa place, mais le K est déjà pris :-).
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Je ne suis pas encore remontée aussi haut mais je pense que mes ancêtres cévenols ont connu les dragonnades… Merci de ce récit !
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Merci ! Comme le Poitou, les Cévennes ont beaucoup souffert des Dragonnades. Le livre que m’a conseillé Pauline dans le commentaire précédent se passe justement dans les Cévennes. C’est un récit pour ados, mais il est très bien fait et permet de comprendre les persécutions subies par les protestants cévenols. D’ailleurs, si nous n’étions pas dans le Challenge AZ, je pense que j’utiliserais cette lecture pour étoffer mon article.
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Je note la référence et à l’occasion y jetterais un œil… Bon challenge !
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Article très intéressant – j’ai effectivement retrouvé le nom de mon aïeul Jacques Cochard avec sa femme Suzanne Truhaud et leur fils Mathieu en 1681. Votre arbre généalogique est il en ligne?
Philippe Cochard
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Bonjour et merci. Nous avons donc des ancêtres communs puisque je descends des parents de Suzanne Truaud par sa soeur Jeanne. De plus, Mathieu Cochard a épousé Renée Soulice la fille de mes sosas Mathurin Soulice et Marie Soulice. Mon arbre est en ligne sur Généanet, n’hésitez pas à le consulter : https://gw.geneanet.org/sdeborde_w
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Je ne trouve rien sur les dragonnades en Saintonge maritime (La Tremblade, Arvers etc.. N’y a-t-il rien à dire ?
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