Littérature et Généalogie
Un loup est un loup : les personnages du roman ont des ancêtres.
Ce qu’il y a de bien quand on ouvre Un loup est un loup de Michel Folco, c’est de ressentir aussitôt le plaisir des mots : lire la langue ressuscitée de la France du XVIIIe siècle, tenter de traduire le lenou, jargon des quintuplés surnommés les épateurs de Racleterre, apprécier le zozotement de Charlemagne, le plus rebelle des cinq. Avec bonheur, Michel Folco raconte la jeunesse de cette fratrie, enfants d’un couple de sabotiers du Rouergue en commençant par les naissances dans un accouchement héroïque. Au cours de leurs aventures, nous rencontrons des personnages parfois attachants, souvent effrayants, toujours truculents.
Ceux qui pratiquent la généalogie apprécieront que les héros ainsi que de nombreux personnages, qu’ils soient paysans ou citadins, nobles ou roturiers, aient une vraie consistance : on connait leur vie passée, leur origine et même leur ascendance. Dès qu’un nouveau visage apparait dans le livre, l’auteur prend le temps de nous raconter d’où il vient, qui sont ses parents, où il a grandi, avec qui il s’est marié… Il va même remonter jusqu’à de très lointains ancêtres pour certains. En lisant ce roman, nous découvrons ainsi l’arbre généalogique des enfants du sabotier Tricotin mais aussi celui du bourreau Justinien Pibrac, du seigneur local Virgile-Amédée Armogaste, du soldat Laszlo Horvath et même du loup Bien-Noir.
« Quand vint le tour des Armogaste de Racleterre de prouver leur qualité, ceux-ci produisirent avec morgue trois documents qui laissèrent coi d’admiration M. Nicolas Guérin, le généalogiste royal.
Le premier était un parchemin en velin daté de l’an 813 qui déclarait en latin que le chevalier Hugon Armogaste était promu Luparii Imperium de la vicairie de Ruténie… »
Les personnages n’en sont que plus vrais. Leur vécu et celui de leurs aïeux apportent un éclairage sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Enfin, la reconstitution d’une société féodale déclinante, à la fois crédible, violente et drôle, permet d’approcher crûment les conditions dans lesquelles vivaient nos ancêtres.
Pour ceux qui aiment la bande dessinée, il existe une adaptation récente en 2 tomes de ce roman, avec Makyo au scénario et Federico Narco au dessin. On perd le foisonnement littéraire et généalogique du roman et l’ambiance est plutôt édulcorée. Cependant, le dessin est agréable, l’histoire reste fidèle au roman et les personnages sont toujours pittoresques.
Raymond et Sylvie, couple de généalogistes et désormais couple de chroniqueurs littéraires : si le défi était de donner envie aux gens de lire les livres que vous présentez, c’est réussi !
Je ne connais pas du tout Un loup est un loup, pas plus que Michel Folco… Bon, il va falloir que je m’y mette alors… Merci pour ces moments de partage en tout cas.
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Du très bon terroir car très bien écrit. Une ambiance violente peut-être pas si éloignée du Far West au XIXe siècle
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Je connais un peu l’écriture de Michel Folco pour avoir lu il y a quelques années les aventures du petit fils du « zozoteur » 😉 dans « Même le mal se fait du bien » … Et là tu me donnes l’envie de redécouvrir cet auteur. Merci Raymond 🙂
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Je ne connais pas cette suite qui nous apprend que le zozoteur a non seulement une ascendance mais aussi une descendance !
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