Littérature et généalogie
Nêne : faire vivre mon terroir deux-sévrien.
La lecture des romans d’Ernest Pérochon est un vrai plaisir pour les férus de généalogie, pour ceux qui ont des origines rurales, pour les habitants du Poitou et pour ceux qui apprécient une belle écriture. Alors, pour moi, généalogiste amateur descendant de fermiers deux-sévriens qui essaie de se cultiver, lire ces ouvrages est une joie encore plus forte. Ernest Pérochon est né dans le nord des Deux-Sèvres à la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille paysanne, il exerce le métier d’instituteur avant d’être reconnu en tant qu’écrivain avec son roman Nêne. Ce livre raconte l’histoire de Madeleine, une servante chargée de s’occuper de la maison et des jeunes enfants d’un fermier tout juste veuf. Il restitue à merveille le monde rural du XIXe et du début du XXe siècle dans les Deux-Sèvres.

Tout y est : les tiraillements religieux entre catholiques, protestants et membres de la Petite Église*, les rapports à la ferme entre fermiers, journaliers et servantes, la vie de famille, les liens affectifs et les sentiments tels qu’ils s’exprimaient à l’époque… Et surtout, Ernest Pérochon se rappelle de ses origines et nous offre une peinture fine et vivante de la vie agricole.
« Pour monter la paille, il y avait sept ou huit gaillards glorieux de leur force. Les secoueurs leur préparaient d’énormes fourchées ; quand ils avaient piqué là-dedans et redressé leur outil, ils disparaissaient complètement et la paille avait l’air de monter toute seule, lentement, le long des hautes échelles. »
Nêne est un roman de terroir, intéressant pour les généalogistes amateurs : il permet de restituer le quotidien dans une ferme du Poitou autrefois. Les personnages pourraient être mes ancêtres de Chanteloup ou de Terves. Le livre possède en plus l’avantage d’être bien rédigé, d’une écriture précise et enlevée, d’être bien documenté et de raconter une très belle histoire, si belle et si bien écrite qu’Ernest Pérochon fut justement récompensé en recevant le prix Goncourt en 1920 pour cet ouvrage.
Pour les lecteurs friands de ce genre, il reste aussi à découvrir ou à redécouvrir les autres romans d’Ernest Pérochon et de plusieurs auteurs qui ont restitué la vie dans les campagnes poitevines autrefois : Michèle Clément-Mainard, Marguerite Gurgand, Pierre Moinot… Ils ne sont pas seulement des écrivains régionaux, ce sont des auteurs à part entière.
*La Petite Église est un mouvement religieux, né d’une scission avec le catholicisme au moment du Concordat entre le pape Pie VII et Bonaparte en 1801. Cette communauté repliée sur elle-même, forte de 20 000 personnes dans le nord des Deux-Sèvres vers 1820, compte encore aujourd’hui 3 000 membres dans le département.
Très curieux, cette Petite Église : vous pourriez nous en dire quelques mots dans un article.
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La petite église est celle qui a refusée le Concordat, elle a conservé les pratiques de l’Ancien Régime pré-révolutionnaire.
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Il faudrait bien que je fasse un jour quelque chose sur la Petite Église. J’attends de trouver un lien avec mon arbre généalogique. Il va me falloir trouver les archives de ce mouvement religieux mais ce ne sera pas facile car la Petite Église est très refermée sur elle-même !
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Merci et bravo !
Je savais que vous ne pouviez pas oublier Ernest Perochon …
Originaire de la moitié Nord des Deux Sèvres, j’ai fait partie de ces très nombreux jeunes gens qui ont fait leur carrière d’instituteur en Anjou. Dans les années 1960 mon école publique utilisait comme livres de lecture les livres pour enfants d’Ernest Perochon : Tap-Tap et Bilili, Contes des cent un matins, Le Livre des quatre saisons, Au Point du jour…
Son » Au cri du chouan » avec « Barberine des genêts » donne à comprendre l’enchainement terrible qui mena aux guerres fratricides de Vendée. Nos ancêtres ont été pris dans la tourmente de cette guerre civile aux traces encore sensibles dans les campagnes des Mauges angevines et probablement dans le Bocage deux-sévrien.
Mauricette
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Merci Mauricette, votre confiance en moi me fait très plaisir ! Nous avons tous les 3 (je nous rajoute Ernest Pérochon) 2 points communs : des racines dans le Bocage des Deux-Sèvres et le métier d’instituteur en école publique. Je n’ai pas eu à utiliser professionnellement les manuels de lecture écrits par Ernest Pérochon mais je les connais bien. Et je vois qu’il me reste à lire quelques ouvrages de lui ! Merci de vos conseils !
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Les romans mettant en scène des régions qu’on connait dans nos généalogies sont toujours précieux et intéressants à lire!
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Est-ce qu’il y a des bons auteurs, régionaux ou pas, qui ont écrit sur la Maurienne ?
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Il y a en effet des romans mais la Maurienne est plus prise comme cadre qu’autre chose ! Des romans historiques en revanche à ma connaissance il n’y en a malheureusement pas
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Réédition en 2010 des « Contes des cent un matins »
http://www.editions-heligoland.fr/Editions_dHeligoland/LA_BOUTIQUE/Entrees/2010/8/9_Ernest_Perochon_-_Les_contes_des_cent_un_matins.html
L’adaptation en film des Gardiennes sort le 6 décembre 2017 à Paris, avec comme acteurs principaux Nathalie Baye, Laura Smet (fille de Nathalie Baye et de Johnny Hallyday), Cyril Descours et Olivier Rabourdin. Il a pour réalisateur Xavier Beauvois et productrice Sylvie Pialat.
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