![Carte_drôlatique_d'Europe_pour_1870_[...]Hadol_Paul_btv1b84602576](https://arbredenosancetres.files.wordpress.com/2017/06/carte_drc3b4latique_deurope_pour_1870_-hadol_paul_btv1b84602576.jpeg?w=736)
En ces périodes où le vivre ensemble n’est pas toujours mis en avant (et aussi parce qu’il n’y a pas beaucoup de mots commençant par la lettre X), je réactualise un article ancien qui montre qu’il est possible de partager sa vie avec des gens venus d’ailleurs, de faire preuve de xénophilie. L’étranger en question ne venait pas de bien loin, mais à cette époque où les gens bougeaient rarement, il était sans doute un peu perçu comme tel, ne serait-ce que par son prénom et son nom, pas du tout représentatifs de ceux existant dans le Bocage au XVIIIe siècle.
Nazaire Fougoux est né le 13 février 1711 à Condat (en Auvergne, dans l’actuel Cantal), à moins que ce ne soit son frère qui porte le même prénom. Ses parents sont Jean Fougoux et Agnès Marmier qui ont au moins 4 enfants. Le prénom a été facile à trouver, c’est celui du saint patron de l’église de sa paroisse natale. Adulte, il exerce les métiers de marchand, chaudronnier, poêlier. En 1732, je le retrouve à La Chapelle-Saint-Laurent, dans les actuelles Deux-Sèvres. Pourquoi est-il parti ? Le travail manquait-il en Auvergne ? Était-il marchand ambulant ? A-t-il voyagé seul ?
Le 19 février 1732 donc, Nazaire Fougoux épouse Jeanne Jouyneau, la fille du boulanger d’un village du Poitou distant de 350 km de Condat. Nazaire Fougoux va vite s’adapter dans sa nouvelle région. Au mariage, le prêtre s’est assuré auprès du clergé de sa paroisse d’origine qu’il est un bon catholique et de nombreux notables (marchands, chirurgien, tailleur d’habit, lieutenant assesseur…) sont présents à la cérémonie. Avec Jeanne, ils ont 6 enfants entre 1732 et 1743. Son épouse meurt en couche le 6 janvier 1743 et il se remarie très vite, un mois plus tard, avec Marie-Madeleine Blocheau. Avec sa nouvelle épouse, Nazaire Fougoux a encore 9 enfants nés entre 1743 et 1757. Au moins 8 des 15 enfants nés de ses 2 mariages sont décédés très jeunes. 5 garçons au moins atteignent l’âge adulte.
Sans doute était-il très sympathique ou indispensable à la communauté par sa profession car il est régulièrement sollicité pour les baptêmes et les mariages. Ainsi, il est parrain de 8 enfants du village (dont mon ancêtre Jean Nazaire Roy), il est aussi le témoin de très nombreuses unions jusque dans les paroisses voisines, même s’il n’a aucun lien familial. Je retrouve sa signature également sur des contrats de mariage. Il est devenu incontournable. Le bougre était sans doute aimable mais la paroisse était sûrement aussi accueillante ! Quand Nazaire décède le 23 décembre 1789, à l’âge de 85 ans selon l’acte (mais peut-être 78 ans), à La Chapelle-Saint-Laurent, qui se rappelle qu’il est venu d’une autre région, il y a environ 50 ans ?
Il existe des personnages bien plus exotiques qui ont inspiré autrefois plus souvent de la curiosité que du rejet. Pour ma région du Poitou, il existe un excellent livre Les étrangers en Poitou au XVIIIe siècle – Traverser ou rester de Sébastien Jahan (Geste éditions). Surtout centré sur l’actuel département de la Vienne, il évoque et analyse le passage dans la région de populations variées : des prêtres originaires d’Irlande (comme Patrice McSwiney, le témoin du mariage de mes ancêtres Jean Bontemps et Marie-Hélène Grelier le 3 novembre 1772), des domestiques noirs embarqués d’Amérique, des mercenaires venus de Suisse… C’est un livre qui parle du passé et du Poitou mais c’est aussi un livre qui fait réfléchir au monde que nous voulons aujourd’hui et demain.
Grâce au X, vous nous offrez une bien belle histoire.
Si dans mon arbre, bien peu n’ont entrepris de grands voyages, dans celui de mon mari, j’ai eu la surprise de découvrir un normand à Niort en 1796 (un lien avec les guerres de Vendée ?) et un pyrénéen du comté de Foix à Angers en 1692 ( un « maitre tailleur d’habits » qui se marie avec la fille d’un « proffesseur en art d’écriture »)
Mais si ceux-ci ont été assez faciles à retrouver, je pense souvent que du sang Maures doit aussi couler dans nos veines, on retrouve leur trace dans le nom de Saint Sauveur de Givre en Mai et dans les patronymes de la moitié nord des Deux-Sèvres , Morin, Moreau, Morisseau, Morisset et peut-être Noirault…
Et si on remonte dans le temps, les vestiges de routes romaines nous rappellent que les romains ont sillonné notre région.
Et je n’oublie pas que le Poitou fut sous domination anglaise pendant trois siècles…
N’avons nous pas notre melting pot gâtinais ?
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Mauricette ! Le Poitou est une terre de passage, mais comme il y fait bon vivre, certains y restent pour toujours !
J’aimeJ’aime