Le 4 décembre 1615 est baptisé à Chanteloup (Deux-Sèvres) Antoine Robin, mon sosa 1538, 3ème des 5 enfants de Georges Robin et de Nicole Braud. Je n’ai pas trouvé son acte de mariage, mais je sais qu’il a épousé avant ses 25 ans Jacquette Baudouin. Ensemble, ils ont eu 8 enfants, 3 filles et 5 garçons. Je vous parle de lui car il est meunier, bien sûr : il vit et il travaille au moulin de Lavaud à Chanteloup. Trois de ses garçons une fois adultes feront le même métier. Ce que je connais surtout de lui, ce sont les circonstances malheureuses de son décès : elles sont relatées par le curé dans registre paroissial (AD79, BMS Chanteloup 1613-1668, vue 284/286) :
Le vingt cinquième octobre mil six cent
soixante six, Antoine Robin voulant
aller lever les portes de l’écluse de l’étang
de Lavaud pour laisser passer grande crue
tomba dedans et se noya environ une heure
avant jour et fut enterré sur ce soir du
même jour par moi prêtre curé soussigné.
Il avait donc 50 ans révolus quand il s’est noyé dans l’étang près de son moulin en ouvrant les portes de l’écluse.

Si les meuniers pestaient contre le manque d’eau l’été qui empêchait les roues du moulin de tourner, ils devaient se méfier davantage de l’hiver : il fallait réguler le débit de l’eau arrivant au moulin et la manœuvre n’était pas sans risque.
8 ans plus tard, le 23 juillet 1674, c’est son fils, prénommé également Antoine, qui décède au moulin de Lavaud à l’âge de 18 ans. Si le curé est moins bavard sur les causes du trépas, il précise quand même que c’est d’une blessure (AD79, BMS Chanteloup 1668-1703, vue 56/323). La meunerie étant une activité difficile, à Lavaud comme ailleurs, il est fort possible qu’un accident du travail au moulin en soit la cause.
Noyades, accidents, incendies également… le métier de meunier est vraiment périlleux, nombreux sont ceux qui ont été estropiés ou tués au travail. Il y avait aussi tous les problèmes de santé liés à l’exercice de la profession : on pouvait devenir aveugle du fait du piquage des meules, souffrir de problèmes respiratoires à cause de la farine volatile…
Bien loin de l’image du personnage grivois ou paresseux transmise par la culture populaire, le meunier était en fait un travailleur qui menait une vie dangereuse !
Le tableau de Van Ruisdael est très « parlant ». A Chateauneuf sur Sarthe au musée de la rivière, une maquette reconstitue ces écluses faites de poteaux de bois qu’il faut enlever puis remettre pour ouvrir et fermer l’écluse ».
C’était un travail qui demandait force, adresse et agilité… et en cas de crue, ça doit devenir très dangereux. J’en frissonne.
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