
Pour que les roues ou les ailes du moulin tournent utilement, il faut du grain à moudre. Et ce grain, ce sont les paysans qui l’apportent au meunier.
Les céréales étaient cultivées pour faire la farine qui servait à faire le pain. Si le métier de boulanger est attesté dans les campagnes, beaucoup de familles faisaient elles-mêmes leur pain au four banal. Ce n’était pas le cas pour la farine. Les paysans amenaient donc leurs grains au meunier qui le leur rendait sous forme de farine, non sans avoir prélevé leur part.
J’ai une idée des céréales cultivées en Poitou grâce à plusieurs sources :
- Les digressions de curés dans les registres paroissiaux,comme celui de Fenioux après le « Grand Hiver » de 1709 : ...presque tous les blés en ont été gelés… on a eu recours aux baillarges et blés noirs, ce qui les a fait valoir un prix pour ainsi dire incroyable puisque la baillarge s’est vendue… quatre livres dix sous, et le blé noir vingt-quatre livres le boisseau… le froment a valu pour semer, lorsqu’il était bon et nouveau, dix livres et le seigle cinq livres… et même jusque à la récolte de l’année 1710… (AD79 BMS Fenioux 1699-1721)
- Le rapport sur l’état des moulins en Deux-Sèvres en 1809 qui parfois indique à quelles céréales étaient dédiés les moulins : Cerisay : pour le froment…, pour le seigle… / Le Puy-Saint-Bonnet : il ne moud que du seigle / Mauzé-Thouarsais : les meules à froment… (AD79 6M464) Il produisent donc selon les cas de la farine blanche ou de la farine brune.
- Le mémoire du préfet Dupin sur les Deux-Sèvres à la même époque qui détaille pour chaque commune les cultures : Clazais… son territoire qui produit seigle, blé noir, avoine… / Saint-Laurs… les terres labourables sont d’un médiocre produit et donnent froment, baillarge, seigle ,blé noir, avoine…
- Plusieurs inventaires de fermes familiales au XIXe, où tout est détaillé y compris les récoltes : 220 hl de froment, 9 hl de froment, 3 hl de blé noir, 40 hl d’avoine… (source familiale, inventaire de la ferme des Touches à Terves en 1884)
Mes ancêtres paysans des Deux-Sèvres cultivaient donc :
- L’orge : dans le Poitou, on l’appelait la baillarge (car elle baille et donne beaucoup). Au Moyen-Âge, on en faisait du pain pour les paysans. À l’époque que je peux étudier, elle sert surtout à l’alimentation animale.
- Le froment : c’est le blé tendre et donc facile à écraser. Il est cultivé pour sa farine, et panifiable. Dans les périodes les plus anciennes, sa farine était réservée aux plus aisés. À Terves, les moulins de Couard et du Cornet sont spécialisés pour moudre ce type de grain.
- Le sarrasin : appelé blé noir, on peut en faire de la farine pour des galettes mais comme elle n’est pas panifiable, il va plus rarement au moulin.
- L’avoine : il sert surtout à l’alimentation animale. Il peut être concassé au moulin.
- Le seigle : on en fait une farine panifiable, plus rustique que celle de froment. Le moulin du Cornet à Terves faisait de la farine de seigle.
J’ai l’impression d’être sur les bancs de l’école ! Nourritures terrestres et intellectuelles associées ! C’est un compliment.
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Decidement, j’aime beaucoup vous suivre, Sylvie et toi, sur les traces de vos meuniers ! J’ai découvert que j’ai moi aussi une famille de meuniers, sûrement protestants, dans les Cévennes… Je vais certainement m’inspirer de vos articles pour mener des recherches sur eux… Merci de partager tout ça avec nous !!!
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idem c est agréable à lire je trouve,
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