Ventre saint gris ! C’est la bienheureuse Delphine !

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delphine de sabran
Buste de Delphine dans l’église d’Ansouis (source Wikipédia)

Bienheureuse Delphine de Sabran, fêtée aujourd’hui le 26 novembre, est un peu comparable à sainte Cécile. Cette princesse épouse à 15 ans le comte Elzéar âgé de 13 ans et elle le convainc de ne pas consommer leur mariage et de mener avec elle une vie d’austérité et de prière. Nous sommes au XIVe siècle. L’Église catholique s’est imposée en Occident et, même si elle passe pour folle, Delphine ne risque plus le martyre comme aux 1ers siècles de notre ère. Du coup, la distinction qu’elle reçoit est moins importante. Delphine n’est que bienheureuse.

C’est la première fois que je vais consacrer un billet à quelqu’un que j’ai effectivement connu. Delphine Nueil, mon arrière-grand-mère (sosa 13) est la mère de mon grand-père maternel. Elle a donc vécu longtemps, 87 ans. Pour mes yeux d’enfants, c’était une vieille dame un peu voûtée, toute de noir et de gris vêtue, toujours assise à côté du poêle et je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu le son de sa voix. Elle attendait en silence dans un recoin pour ne pas déranger. Je lui trouvais une vague ressemblance avec la sorcière de Blanche-Neige, et je n’ai toujours pas accepté que soit « méchante » une vieille dame qui ressemblait à mémé Delphine. Bien que je ne l’ai jamais entendu parler, je peux quand même raconter une vie qui enjambe 2 siècles.

Son vrai prénom est Adelphine. Elle est la quatrième des 6 enfants d’Eugène Théodore Nueil, cultivateur et hongreur à Courlay évoqué il y a quelques jours et de son épouse Mélanie Blanchin. Née le 21 juin 1879, elle n’a pas de souvenirs de 2 de ses frères morts dans leur première année, ni de sa mère décédée le 19 octobre 1881, peu de jours après la naissance du petit Joseph. Delphine n’avait que 2 ans et ses frères aînés, Émile et Auguste, avaient 8 et 5 ans. Le père veuf avec ses 4 enfants s’installe à Terves entre 1881 et 1886, sans doute pour se rapprocher de sa famille. Il exploite une ferme en plein bourg qu’il tient de l’héritage de sa femme. Il ne se remarie pas mais une servante, Joséphine Charuault, l’assiste car les enfants sont encore bien jeunes.  Les années passent. Delphine va a à l’école obligatoire comme tous les enfants et aide aux travaux domestiques. Son frère Auguste décède en 1890 à l’âge de 14 ans.

mémé delphineDelphine est une toute jeune femme de 20 ans quand elle se marie le 13 février 1900  à Terves avec Xavier Frouin. La famille nouvellement constituée s’installe dans la ferme du bourg et Xavier travaille avec son beau-père. 2 enfants naissent, Agnès en 1901 et Raymond, mon grand-père, en 1903. En 1908,  il est procédé au partage des biens issus de Mélanie Blanchin, décédée depuis près de 30 ans et dont le mari Eugène avait l’usufruit, entre les 3 enfants survivants et mariés. Chaque famille a ainsi son exploitation. L’aîné Émile hérite de la métairie du village de La Châtaigneraie, la maison du bourg et les terres qui en dépendent sont divisées en 2 :  Joseph, tout juste marié, occupe la partie la plus près de l’église, et Delphine, avec son mari et ses 2 enfants réside dans l’autre moitié avec le patriarche.

La Grande Guerre rattrape tout le monde à Terves comme ailleurs. Les hommes en âge de servir doivent partir au combat. Xavier, le mari de Delphine, a 40 ans. Trop âgé pour monter au front, il est affecté à la garde d’un dépôt à Saumur. Ce n’est pas le cas du jeune frère, Joseph. Affecté au 3e régiment d’infanterie coloniale de Rochefort, il meurt le 5 novembre 1915 à Massiges dans la Marne, « tué à l’ennemi ». Après la guerre vient la grippe espagnole et Delphine n’en a pas fini avec les chagrins puisque sa fille Agnès décède le 28 mars 1919 à l’âge de 18 ans.

Il ne lui reste plus qu’un enfant, mon grand-père Raymond, qui se marie en 1925 avec Marie Turpaud. En 1926, pendant 1 petit mois, il y a 4 générations qui s’entassent dans la maison : l’aïeul Eugène Théodore Nueil (qui décède le 2 mai), sa fille Delphine et son gendre Xavier, son petit-fils Raymond tout juste marié avec ma grand-mère et la 1ère de ses arrière-petits-enfants née le 1er avril de cette année. Xavier et Delphine sont à la tête de la ferme mais ils passent peu à peu la main au fils, Raymond. La santé de Xavier décline et il décède le 28 juillet 1937. Delphine a 58 ans.

Delphine est maintenant une grand-mère et aide son fils et sa belle-fille car 8 petits-enfants, 6 filles et 2 garçons, naissent sur 20 ans, entre 1926 et 1946, et cela donne bien du travail. Une autre guerre arrive avec ses peurs, ses restrictions, mais aussi l’avantage de vivre à la campagne. La paix revenue, la ferme trop petite ne prospère pas et aucun des petits-enfants de Delphine n’envisage de reprendre l’exploitation peu rentable. Avec les 30 glorieuses, ils se marient, partent en ville pour certains, là où il y a du travail. Ils reviennent souvent à Terves le weekend avec leurs enfants prendre des nouvelles de mon grand-père Raymond, de ma grand-mère Marie, de mon arrière-grand-mère, mémé Delphine. Mémé, elle en a vu et elle en a connu, des arrière-petits-enfants, près d’une vingtaine dont moi, avant son décès, le 4 avril 1967. Je sais maintenant qu’elle n’a pas toujours été une vieille dame silencieuse. Ma mère qui a grandi auprès d’elle s’étonne qu’elle n’ait jamais parlé de son frère Auguste décédé dans son enfance ; elle m’a dit aussi qu’elle allait régulièrement aux pèlerinages de Lourdes en bonne chrétienne. Et, si malgré cela elle n’est pas devenue une bienheureuse comme Delphine de Sabran, je crois qu’elle a été parfois bien heureuse, mémé Delphine, de voir sa nombreuse descendance, même si elle ne le disait pas !

 

6 commentaires sur “Ventre saint gris ! C’est la bienheureuse Delphine !

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