
Décéder de la variole
François ANDRAULT est né le 11 mars 1846 à Chenay (sud Deux-Sèvres, canton de Lezay), fils de Pierre ANDRAULT, journalier, et de son épouse Madeleine MACOUIN. En 1866, l’année de ses 20 ans, il n’est pas tiré au sort le jour de la conscription et évite ainsi un service militaire qui durait alors 7 ans. François sait lire et écrire et il exerce le métier de maçon. Il appartient à la garde mobile, sorte d’armée de réserve créée cette année-là, mais il y a peu de contraintes, les exercices sont rares.
Le 19 juillet 1870 la France déclare la guerre à l’Allemagne. L’armée française mal dirigée enchaîne les défaites. Très vite, il est décidé de faire appel dans chaque département à la garde mobile. Le 14 août comme sans doute partout en France, tous les jeunes hommes des Deux-Sèvres ou presque sont rappelés. François ANDRAULT va sans doute à Melle où il reçoit une très sommaire formation.
Le 4 septembre, c’est la chute du Second Empire suite à la reddition de Napoléon III aux Prussiens à Sedan. La République est rétablie et le gouvernement de Défense nationale tout juste constitué décide de continuer la guerre. Le 18 septembre, les 3 bataillons des Deux-Sèvres sont regroupés à Niort et les 3 600 jeunes gens mobilisés se dirigent vers la gare. Le train les emmène à Vierzon où ils reçoivent enfin un vrai fusil (le Chassepot) puis à Épinal juste à l’arrière du front. François ANDRAULT est sans doute l’un d’eux. À quelles batailles participe-t-il tout au long de ce conflit ? Je l’ignore mais ce n’est pas suite à un combat qu’il décède.
François ANDRAULT, soldat du 47e régiment de marche, meurt à 7 heures du matin le 30 décembre 1870 à l’hôpital civil de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Il y était rentré 2 jours plus tôt. Il n’avait que 24 ans. La retranscription de son acte de décès dans le registre de sa commune de naissance un an après (le 2 décembre 1871) nous apprend que c’est la variole qui l’a emporté.
Lors de cette guerre oubliée, la variole a occasionné plus de pertes humaines dans les troupes françaises que ne le firent bien des combats. L’épidémie qui sévissait de façon latente depuis quelques années en France s‘est propagée de façon spectaculaire en 1870 et 1871 parmi les troupes et elle est sans doute une des causes de l’effondrement de l’armée française. On estime à plus de 23 000 les soldats morts de la variole contractée durant la guerre. L’obligation vaccinale sera d’ailleurs imposée petit à petit à la population suite à cette catastrophe sanitaire autant que militaire. Ainsi, en 1876, elle concernera tous les conscrits.
François ANDRAULT n’est malheureusement pas le seul de notre département à périr à cause de la variole pendant la guerre. J’aurais pu tout autant choisir Pierre BAGUENARD de Saint-Amand-sur-Sèvre, Louis BENOÎT de Saint-Porchaire ou Jacques FEMOLANT de Saint-Maixent. En tout, le Cercle généalogique des Deux-Sèvres a pu identifier 86 militaires victimes de cette maladie pendant et juste après la guerre, un nombre sans doute bien inférieur à la réalité.
Voilà bien une information que j’ignorais
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C’est terrible… et j’ignorais complètement cet aspect. Merci pour cet article très instructif !
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L’épidémie s’est répandue parmi nos soldats… Qu’en fut-il pour nos ennemis d’alors ?
Les plus anciens d’entre nous ont été vaccinés. Ce vaccin fut obligatoire pendant presque 100 ans.
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Merci pour cette page d’histoire. Comme je vois nous sommes nombreux à ignorer cet aspect de cette guerre aussi dévastatrice qu’inutile.
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