
Mourir en paix
François Léon ETURMY est né le 10 septembre 1844 à La Foye-Monjault, fils de François ETURMY, cultivateur, et d’Anne MICHEAU son épouse. À l’âge de 20 ans, il se présente devant le conseil de révision à Beauvoir, chef-lieu de canton, pour le tirage au sort. Il tire le numéro 1 et est propre au service. Le conseil fait sa description : cheveux et sourcils châtains, front droit, yeux gris, nez moyen, bouche petite, menton rond, visage ovale. Il mesure 1 mètre 69, sait lire et écrire et exerce le même métier que son père, cultivateur.
Fait-il son service militaire de 7 ans ou bien est-il remplacé ? Quand la guerre contre la Prusse est déclarée en 1870, il ne semble pas faire partie de l’armée active puisqu’il appartient à la garde mobilisée des Deux-Sèvres. Son parcours militaire m’est totalement inconnu. Je ne retrouve sa trace que le 28 janvier 1871, jour de l’armistice, à l’hospice civil de Cherbourg, dans la Manche. Nous sommes bien loin de la ligne de front. Depuis combien de temps est-il hospitalisé ? Et pour quelle raison ? Était-il blessé, malade ? Comme souvent en généalogie, je me pose plus de questions que je n’obtiens de réponses. Toujours est-il que ce jour-là, Léon ETURMY s’éteint à 4 heures du matin. Ce même jour est signé l’armistice qui met fin à cette guerre-éclair entre la France et l’Allemagne. Léon ETURMY meurt le jour de la paix.
Le gouvernement de la Défense nationale demande l’armistice le 28 janvier 1871. Les Allemands peuvent entrer dans Paris et la capitale doit verser une rançon de 200 millions de francs. Gambetta qui voulait continuer le combat démissionne du gouvernement le 6 février. Le traité de Francfort du 10 mai 1871 fixe les conditions de la paix. Elles sont sévères pour la France : perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, 5 milliards de francs-or d’indemnité à verser en 3 ans… La dureté de ce traité est la source d’une détestation du voisin allemand et d’un désir de revanche exacerbé par les hommes politiques. Il est une des causes de la future Première Guerre mondiale, de la même façon que celui de Versailles en 1918 créera les conditions de la Seconde Guerre mondiale.
Le décompte des victimes de la guerre ne s’arrête malheureusement pas le 28 janvier 1871. Rien que pour les Deux-Sèvres, plusieurs centaines de jeunes soldats allaient mourir tout au long de l’année 1871 et même au-delà, des suites de leurs blessures ou de maladie contractée à l’armée. Ainsi, Pierre Victor BERNARD de Fenioux, Émile RIMBAULT d’Amailloux, Clément Alexis THOMAZEAU de Moutiers-sous-Argenton… meurent le même jour que François Léon ETURMY respectivement à Marseille, Châlons-sur-Marne et Besançon.
P.S. Comme à Béceleuf, il existe à La Foye-Monjault un monument aux morts honorant les morts de 1870. Érigé en 1912, il comporte 7 noms parmi lesquels celui de François Léon ETURMY. Deux ans seulement après son inauguration, la mobilisation générale était déclarée et la guerre de 14-18 commençait. La paix n’avait été que temporaire et 34 nouveaux noms allaient bientôt s’ajouter sur le monument aux morts de La Foye-Monjault.
*Voir l’article Un monument prémonitoire sur le site La Foye-Monjault à travers les siècles
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