G comme GERMAIN Victor

Revenir à la maison et raconter

Henri Louis « Victor » GERMAIN est né le 22 mars 1847 à Saint-Aubin-le-Cloud, fils de Louis GERMAIN, propriétaire, et de Marie Virginie GERMAIN. L’année de ses 20 ans, en 1867, il passe à Secondigny devant le conseil de révision. Il est cultivateur, sait lire et écrire et mesure 1 mètre 68. Il a alors les cheveux et sourcils noirs, les yeux bruns, le front découvert, le nez mince, la bouche petite, le menton rond, le visage ovale et le teint clair. Tiré au sort, il se fait remplacer mais, en août 1870, il doit rejoindre la garde nationale des Deux-Sèvres pour défendre le territoire national envahi par l’armée prussienne.

La garde nationale mobile est une sorte d’armée de réserve, composée des jeunes hommes aptes à servir ayant échappé grâce au tirage au sort au service militaire de 7 ans. Ils appartenaient à la garde mobile pendant 5 ans, étaient affectés près de chez eux dans leur circonscription et devaient théoriquement avoir 15 exercices annuels de 24 heures censés les former à l’art militaire. En pratique, ce fut beaucoup moins contraignant. Ces 600 000 hommes surnommés les « Moblots » finalement peu aguerris ont formé l’essentiel des troupes durant la guerre de 1870.

Le carnet de Victor GERMAIN

Victor GERMAIN est l’un des deux survivants que j’ai choisi de raconter durant ce mois consacré aux combattants de 1870. Il a noté au jour le jour sur un carnet intitulé « Livre des campagnes 1870-71 » ses souvenirs de la guerre. Versé dans le 34e régiment d’infanterie composé des « Moblots » des Deux-Sèvres, il raconte son voyage en train de Niort vers le front : Nous sommes partis de Niort le 24 Septembre et voilà les principaux endroits que nous avons passé. Saint-Maixent La ville-Dieu la Motte, Pamproux dans les Deux-Sèvres….

Puis ce sont les batailles auxquelles il a participé :
– La Bourgonce (6 octobre dans les Vosges) : nous sommes partis trouver les Prussiens, que nous avons rencontrés à peu de distance du village. aussitôt le combat s’engage et nous nous sommes battus jusqu’à deux heures de l’après-midi, après quoi nous avons été obligés de battre en retraite accablés par le nombre et surtout par leur artillerie qui était nombreuse
– Beaune-la-Rolande (28 novembre dans le Loiret) : Nous avons entendu la fusillade dès sept heures du matin, alors nous y sommes parti, la lutte a été vive et meurtrière elle a commencé à Beaune dès neuf heures du matin et elle s’est prolongé jusqu’au soir jour couché c’est un combat qui a été terrible et sanglant, les pertes en morts et en blessés sont grandes des deux côtés
– Villersexel (9 janvier 1871 dans la Haute-Saône) : notre régiment n’ a point donné quoique cependant les obus sont venus tomber jusqu’à nos pieds ; la lutte a été sanglante et meurtrière et les pertes sont grandes des deux côtés, nos soldats ont été admirables de bravoure, ils rentraient dans les maisons de Villersexel pour en déloger l’ennemi à la bayonnette, aussi les maisons et les rues étaient plaines de cadavres Français et Prussiens.

Autant de combats qu’il traverse indemne. Il évoque aussi la retraite de l’armée de l’Est dirigée par Bourbaki pour trouver finalement asile en Suisse le 1er février. Le séjour de Victor GERMAIN avec le statut d’interné dans la petite ville d’Erlenbach pendant un mois est une parenthèse presque heureuse pour lui : Les habitants étaient très bons pour nous, ils nous ont donné beaucoup de choses telles que des pantalons, des bas, des souliers, des chemises à ceux qui en avaient le plus besoin, il y en a même quelques uns qui nous enmenaient à l’auberge pour nous payer quelque chose, il y a un ancien capitaine, qui a même payé dans une soirée pour trente francs de bière où autre chose. 

Le 14 mars 1871 est la date à laquelle lui et ses camarades peuvent enfin revenir en France. Ils repartent dans la joie et l’émotion. Au bout d’une semaine de voyage en train, il marque dans son carnet à la date du 21 mars en voyant son village natal, « je suis parti du côté de chez nous et j’y suis arrivé sur les neuf heures du soir ».

Le carnet de Victor GERMAIN a été conservé par sa famille et il a servi de base à une exposition du Cercle généalogique des Deux-Sèvres dans le cadre de Journées de la généalogie. Il permet de savoir comment cette guerre a été vécue par un de ceux à qui on ne donne jamais la parole.

Revenu au pays, Victor GERMAIN retourne à une vie agricole qui semble prospère et heureuse. Il épouse le 14 février 1876 à Largeasse Marie Virginie Désirée ROBIN qui lui donne de nombreux enfants. En 1879, avec son père, il acquiert la métairie de la Guitonnière. En 1884, il fait bâtir une ferme qu’il appelle la Germanie. Ce toponyme bâti à partir de son nom de famille fait écho, sans doute sans le vouloir, au pays contre lequel il s’est battu quelques années plus tôt. Victor Germain a participé à la vie de sa commune en étant conseiller municipal de 1875 à 1888 et de 1900 à 1919. On connait son portrait grâce à quelques belles photos comme celle-ci où on le voit en famille.

Peut-être fait-il aussi partie de ces anciens combattants de 1870 aux fières moustaches déposant des gerbes de fleurs à Parthenay. Le cliché date de la guerre 14-18 et ces hommes âgés, sous leur allure martiale, ont sans doute des sentiments partagés entre le désir de revanche envers l’Allemagne et l’angoisse de perdre un fils ou petit-fils.

Victor Germain décède le 16 mars 1925 à l’âge de 77 ans à Saint- Aubin-le-Cloud, la commune où il a passé l’essentiel de sa vie.

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