
Prendre une pâtée à Patay
Pierre René LÂSNE nait le 28 mars 1850 à Saint-Généroux. Ses parents sont René LÂSNE, vigneron, et Marie DAUNIS. Ce n’est pas la bonne année pour naître car 20 ans plus tard, toute la classe 1870 ou presque est mobilisée dans la guerre contre les Prussiens. Quand vient le jour du conseil de révision à Airvault, c’est un garçon d’1 mètre 67 qui se présente, sachant lire et écrire et exerçant le métier de cultivateur. Le jeune homme a les cheveux et sourcils noirs, le front couvert, les yeux gris, le nez moyen, la bouche grande, le menton rond, le visage ovale et le teint coloré. Il incorpore l’armée d’active et rejoint le 12 octobre 1870 le 32e régiment d’infanterie.
Ce régiment se retrouve dans l’armée de la Loire et participe à différents combats meurtriers dans la Beauce et autour d’Orléans à partir d’octobre 1870. Rien que dans le registre des décès d’Orléans, il a été relevé 795 décès de soldats français en 1870. La ville est prise le 11 octobre après la défaite d’Artenay. Orléans est évacuée par les Bavarois le 9 novembre suite à la victoire de Coulmiers. Le général d’Aurelle se retranche dans la ville qui est prise une nouvelle fois par les Allemands le 5 décembre après des combats à Loigny, Artenay et Patay.
C’est dans cette dernière commune du Loiret qu’est mort Pierre René LÂSNE, début décembre 1870. Sur la feuille de renseignements demandant en 1880 aux maires des Deux-Sèvres de lister les morts de la guerre, Pierre René LÂSNE est le seul à figurer pour la commune de Saint-Généroux. Il est écrit qu’il a disparu à la bataille de Patay. Il est même précisé par l’édile : « l’acte de disparition a été fourni à la famille par le Ministre de la Guerre, c’est moi qui leur ai remis ».
Cette bataille vit aussi la mort ou la disparition d’autres Deux-Sévriens : François ROSSARD de Soudan, Pierre SERVANT de Sainte-Soline, Louis Joseph BEDON de Saint-André-sur-Sèvre… Nos soldats furent, de toute évidence, défaits à Patay. Ce ne fut pas le cas quelques siècles plus tôt. Pendant la guerre de 100 ans en 1429, l’armée française menée par Jeanne d’Arc écrasait les Anglais dans cette même localité. Pour certains, cette victoire serait à l’origine de l’expression « mettre la pâtée ». Malheureusement, l’expression existe aussi dans l’autre sens : « prendre la pâtée ».
Votre commentaire