
Succomber à la bataille de Villersexel
RIGOBERT fait partie des énigmes que le Cercle généalogique des Deux-Sèvres n’a pu ou su résoudre. De ce soldat du 39e régiment de marche, nous n’avons qu’un nom ou un prénom donné par le maire de la commune de Chey en 1880. Le fait qu’il n’y ait qu’un seul mot pour nommer ce soldat et de plus qu’il soit peu attesté dans le département (que ce soit un nom ou un prénom) me fait penser qu’il s’agit d’un enfant trouvé, ceux-ci se retrouvaient affublés souvent de prénoms originaux.
Ce que l’on sait de RIGOBERT tient donc en peu de mots : il était dans l’armée active et appartenait au 39e régiment de ligne. Si on suit l’histoire de ce régiment, on peut donc supposer qu’il a servi en Algérie et qu’ensuite, lorsque la guerre a été déclarée, il a été rattaché à l’armée de la Loire et ensuite à l’armée de l’Est.
En janvier 1871, les combats se portent donc dans l’Est de la France. Le 9 janvier 1871 se déroule la bataille de Villersexel (Haute-Saône). Elle oppose des éléments de l’armée de l’Est du général Bourbaki forte de 20 000 hommes aux troupes prussiennes de Von Werder qui en comptent 15 000. L’objectif français est de rejoindre Belfort, où résiste le colonel Denfert-Rochereau, pour prendre les forces allemandes à revers. Les Prussiens parviennent à déborder les troupes françaises qui tiennent le pont sur l’Ognon. À 13 heures, l’ennemi prend possession du château et la ville est occupée. Mais Bourbaki et ses hommes reprennent le château vers 17 heures, après une mêlée confuse et des affrontements au corps à corps. La résistance cesse vers 3 heures le 10 janvier, avec l’évacuation des troupes prussiennes. Cette rare victoire française coûte à la France 654 tués et blessés et 700 prisonniers. Pour l’armée française, ce fut malheureusement la dernière.
En 1880, pour satisfaire à une demande du préfet des Deux-Sèvres, le maire de Chey déclare que 10 hommes de sa commune sont morts des suites de la guerre de 1870. Le dernier nom est celui de RIGOBERT, sans doute rajouté à la fin pour réparer une omission car l’encre semble différente. Il écrit que RIGOBERT est mort à Villersexel le 16 janvier 1870 soit quelques jours après le combat. C’est la seule trace de l’existence de ce soldat oublié d’une guerre oubliée.

D’autres jeune gens des Deux-Sèvres, mobiles ou soldats d’active, sont morts comme lui à Villersexel. Parmi eux, François BARRICAULT de Sainte-Éanne, Marie Désiré BOISSINOT de Saint-Laurs, Louis THEBAULT de Pamproux… Pour honorer les nombreux Deux-Sévriens qui y ont combattu ou qui y sont morts, la ville de Niort a nommé une de ses rues Villersexel comme elle l’a fait aussi pour Beaune-la-Rolande et La Bourgonce, les autres batailles où ont lutté les gardes mobiles du département.
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