A comme Au temps des mines

En 1840, après des recherches et divers essais, le gouvernement autorise le marquis de Nettancourt à exploiter du charbon dans la commune de Saint-Laurs. Le filon appartient au bassin houiller qui se prolonge en Vendée, vers Faymoreau. Le puits Saint-Laurent est le premier mis en service, suivi du puits Sainte-Marie et du puits Sainte-Clotilde. En 1855, les 3 sont en activité. Enfin, le puits Sainte-Claire est foré en 1862. Les fours à chaux construits dans les environs (Coulonges-sur-l’Autize, Saint-Pompain…) vont utiliser la houille extraite des mines de Saint-Laurs. L’ouverture d’une ligne de chemin de fer Niort-Angers en 1868 offrira de nouveaux débouchés à la production locale.

Bien évidemment, il faut trouver de la main-d’œuvre pour faire fonctionner la mine. Au départ, hormis pour les postes demandant des compétences techniques, les ouvriers sont recrutés très localement, dans la commune, puis dans les environs. Les paysans deviennent alors paysans-mineurs. Mais peu à peu, avec l’essor de l’exploitation, il devient nécessaire d’aller chercher du personnel un peu plus loin dans le Poitou, dans d’autres régions de France et dans les dernières années à l’étranger.
À Saint-Laurs, le dernier puits, celui de Saint-Laurent, ferme en 1916. Les mineurs restants partent travailler à Faymoreau. L’activité s’y poursuivra encore quelques décennies avant la fermeture du puits Bernard le 28 février 1958.

Les recensements de population permettent de mieux connaître la composition de la population dans cette commune. Pour ce challenge, nous avons choisi de nous arrêter sur celui de 1872 qui note la profession du chef de famille, le lieu de naissance (il est parfois erroné), la composition de la famille et les liens de parenté entre chaque membre. Par contre, il ne mentionne pas le travail bien réel des épouses et des enfants. Hélas ! si le métier de mineur est noté pour le chef de famille, rien ne vient préciser son emploi exact. Travaillait-il au fond de la mine ou sur le carreau ? Était-il piqueur, boiseur… ?
Il faut aussi préciser qu’à ce moment-là,en 1872, le pays sort juste de la guerre qui a impacté la compagnie minière. De nombreux hommes sont partis, peut-être a-t-on embauché des femmes (au moins au tri) et plus d’enfants et d’hommes âgés qu’avant. La guerre a aussi compliqué la commercialisation du charbon. Cependant, en ce début d’année 1872, nous sommes à un moment où la mine reprend son activité normale.

Avant d’aller plus avant, voici le portrait de ce village de paysans devenu en quelques années un monde ouvrier. Pour avoir une image plus complète de la population de Saint-Laurs, interrogeons quelques chiffres du recensement de 1872. Il nous indique que le village compte 1 049 habitants, répartis dans 296 foyers lesquels vivent dans 281 maisons.

On recense 312 professions parmi lesquelles certaines directement rattachées à la mine : 91 ouvriers mineurs, 2 apprentis, 5 chefs mineurs, 2 machinistes, 3 commis, 1 comptable, 1 ingénieur et 1 directeur.
D’autres personnes sont, pour partie au moins, employées par la mine : 3 charpentiers, 4 forgerons, 2 charrons, 4 menuisiers, 2 maçons, 2 scieurs de long, 3 rouliers, 1 maréchal-ferrant.
Quelques chefs de familles ont une activité utile à l’exploitation : 4 garde-barrières, 2 aubergistes, 4 chauliers (même si à Saint-Laurs cette activité est bien antérieure à l’exploitation minière), quelques domestiques et servantes (beaucoup sont employés dans les fermes mais certains demeurent au service des familles aisées comme celle du directeur, de l’ingénieur …) et 3 religieuses (en charge de l’école des filles créée par les Houillières).
À côté d’eux, 131 paysans (cultivateurs, bordiers, journaliers ou domestiques) travaillent la terre. Enfin, on trouve quelques commerces (notamment de bouche), l’instituteur, le curé et quelques rentiers.
On peut dire que 42% de la population travaille la terre, que 36% est employée directement par la mine et 10% travaille grâce à elle. C’est donc 46%, soit presque la moitié qui dépendant des Houillères.

Pour compléter ce tableau, signalons que les hommes et les femmes sont en nombre presque égal, que la population est plutôt jeune puisque 39% a moins de 20 ans alors que seulement 10% à plus de 60 ans.

Après ce rapide panorama, nous connaissons un peu mieux le village, partons maintenant à la découverte de familles d’employés de la mine et de plusieurs autres dont l’histoire et le travail étaient liés à l’activité houillère. Quelques-uns sont des enfants du village mais beaucoup sont venus de loin. 

Les sources du challenge :
Nous tenons à remercier particulièrement Michel Montoux dont les nombreux travaux sur Saint-Laurs et ses mines nous ont grandement aidés à préparer ce challenge.

Michel Montoux. L’histoire de Saint-Laurs
Michel Montoux. Le bassin houiller de Saint-Laurs
Michel Montoux, Mines et mineurs de Saint-Laurs 1840-1916-1958. In Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 3e série, Tome1, 1er semestre 1993, pp113-179
Fonds consultés aux AD 79 : 8S7 – 8S9 – 8S10 – 8S11 – 8S14 – 9M14 – 9M50 –  8S10 – 8S7- 8S11- 8S14– 4O233
Fonds consultés à la mairie de Saint-Laurs : 1D1/6 – 1L1/1 – 1L3/1 – 1L6/1 – 2O2/1 – 2O3/1
Quelles informations peut-on trouver dans les recensements 
Les recensements de Saint-Laurs consultables sur le site des AD79 : 1836 – 1872 -1876 -1881 -1886 -1891 – 1901- 1906 – 1936 – 1946  
Les recensements consultables à la mairie de Saint-Laurs : 1851 – 1856 -1861 – 1866 – 1896 – 1911- 1921 – 1931

10 commentaires sur “A comme Au temps des mines

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  1. Bjr Sylvie et Raymond
    Remarquable travail que je collecte avec délice pour l’instant en espérant retrouver mes aïeuls
    Je vs ai fait passer ma liste en cours de mineurs de St Laurs par l’asso de lecture (mon « p’tit frère « le lecteur Patrick)
    A bientôt
    Gilles

    Aimé par 2 personnes

    1. Bonjour Gilles,
      Merci, j’espère aussi que certains noms de mineurs feront échos avec votre généalogie.
      Nous avons bien reçu le document via Patrick, mais hormis les Tavard, je ne croise pas les autres noms dans mon arbre. Ce n’est peut-être que partie remise !

      Aimé par 1 personne

  2. Il est particulièrement instructif de voir que, quelle que soit la région, le développement de l’activité minière a bouleversé la répartition des activités professionnelles et les modes de vie. J’observe le même phénomène pour mes ancêtres du Nord. Bravo et merci pour cet article!

    Aimé par 2 personnes

    1. Merci. Oui l’activité minière a bouleversé ce petit village du Poitou ! Et au cours de nos recherches nous avons nous aussi remarqué que ce phénomène se répète sur de petits bassins houillers dans d’autres régions (Bretagne, Occitanie…)

      J’aime

  3. Une belle entrée en matière pour ce sujet de fond ! Je découvre l’activité minière sur ce secteur. C’est intéressant de voir comment cette industrie s’est développée de manière assez semblable dans d’autres régions. Je vous souhaite à tous les deux un très bon ChallengeAZ !

    Aimé par 2 personnes

    1. Merci Sébastien ! C’est en tout cas un Challenge qui me tient à coeur puisqu’il évoque le village de mon enfance. Je suis très heureuse de l’avoir mené à bien avec Raymond et j’espère qu’il plaira à quelques lecteurs 🙂

      J’aime

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