
En 1872, c’est Amédée-Alexandre Schmitt qui est le directeur des Houillères. L’année du recensement, il vit au « château » de la mine avec son épouse, Thérèse Moreau, leur fils de 11 ans, Amédée et sa mère, Aurélie Jalouzet. Marie Goasanvot, la fille d’un mineur, leur sert de domestique. Comme beaucoup de responsables de la mine, Schmitt n’est pas un enfant du pays.
Il est né le 20 décembre 1827 à Châtillon-Coligny (Loiret) dans un milieu favorisé puisque le père est juge. La commune de Châtillon-Coligny appartient au terroir d’où est issu le marquis de la Fare, gendre du marquis de Nettancourt et copropriétaire des mines. Il est très possible que Schmitt soit venu s’installer et travailler aux mines de Saint-Laurs en tant qu’homme de confiance du marquis. Il est un relai sûr pour gérer les affaires de la mine. Il occupe d’abord l’emploi de comptable, au moins dès 1854, succédant à Frédéric Labarre qui avait ce poste au recensement de 1851. Il doit particulièrement faire l’affaire puisqu’il est promu directeur de la mine à une date comprise entre 1858 et 1859, remplaçant Paul Poirier.
Le conseil d’administration où se retrouvent les descendants du marquis de Nettancourt fixe la politique économique et sociale des Houillères et lui délègue ses pouvoirs. Il s’occupe essentiellement des affaires commerciales. La production n’est pas facile à placer car le prix de revient du charbon est plutôt élevé. De plus, il y a peu de débouchés locaux et le réseau routier n’est pas très développé. La houille se vend surtout « en circuit court » dans le département pour alimenter des fours à chaux, des forges ou des machines à vapeur.
1859 est l’année de son mariage avec Thérèse Moreau à Avallon (Yonne). Le couple s’installe donc au « château » de la mine de Saint-Laurs, le corps de bâtiment construit pour les cadres des Houillères. C’est là que nait leur unique enfant, Amédée, le 6 février 1861.
Les Houillères de Saint-Laurs ont un rôle économique important sur la commune et ses alentours. Schmitt, conseiller municipal dès 1860, en devient le maire du 12 février 1865. Nous sommes alors sous le Second Empire et les maires des petites communes sont nommés pour 5 ans par le préfet du département. Ils doivent prêter ce serment : « Je jure fidélité à l’Empereur des Français, obéissance à la Constitution et aux Lois de l’Empire ».

6 ans plus tard, en 1870, c’est le début de la IIIe République et Schmitt se parjure comme beaucoup d’autres en restant à la tête de sa commune. Le système est modifié, le maire est maintenant élu par le Conseil municipal et le serment bien évidemment disparait. En 1871, notre directeur de mine est réélu de justesse avec 6 voix contre 5 à Casimir Morisset.

On dirait aujourd’hui que Schmitt détient le pouvoir économique et politique de sa localité mais, en réalité, sur l’aspect municipal, il s’occupe surtout de l’entretien des chemins, d’affaires scolaires ou de l’organisation de la fête nationale du 15 août durant l’Empire. En poste pendant la guerre de 1870, il en gère les conséquences locales, il doit trouver des fonds pour habiller les gardes nationaux de sa commune ou pour soigner des soldats blessés. On retrouve bien sûr son paraphe sur les actes d’état civil.
Commencé en 1865, son mandat s’achève le 22 mai 1872. Il démissionne à cette date à la fois de sa fonction d’édile et de la direction des mines pour aller à Autun (Saône-et-Loire) où il occupe un nouvel emploi. Il est remplacé aux Houillères par l’ingénieur Joseph Briffaud et à la mairie par son rival Casimir Morisset.
Quel est le métier d’Amédée-Alexandre Schmitt à Autun ? Je l’ignore. Il lui reste moins de 10 ans à vivre puisqu’il décède à Paris le 22 janvier 1881 à l’âge de 53 ans. Son acte de décès m’interroge sur les dernières années de sa vie professionnelle. Il y est précisé qu’il demeure effectivement à Autun mais qu’il est sans profession. Vivait-il de ses rentes ? Connaissait-il une passe difficile ? Cherchait-il un nouvel emploi ?

Avallon, Autun… Je ne m’attendais pas à croiser ces villes bourguignonnes que je connais bien dans votre challenge dédié à Saint-Laurs ! Comme quoi le monde est petit.
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Les mines et ceux qui y travaillent nous font voyager bien davantage que les paysans qui peuplent nos arbres généalogiques. Nous sommes ravis de nous être un peu promenés dans ton terroir.
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