
Les anciens racontaient qu’il y avait autant de bistrots que de puits dans la petite cité minière de Faymoreau en Vendée, voisine de Saint-Laurs. Mon beau-père pour sa part disait qu’à Saint-Laurs autrefois il y en avait une dizaine pour une population de 1300 habitants environ à son maximum en 1906. Peut-être exagérait-il. Quoi qu’il en soit, pour oublier la difficulté du métier ou pour se retrouver après le travail il y avait des cafés à proximité des mines de la commune. Au recensement de 1872 à Saint-Laurs, personne ne se déclare cabaretier mais 2 hommes se disent aubergistes : Louis Drillaud, 55 ans, et Augustin Gautier, 50 ans. Allait-on chez eux pour y boire ou pour y manger ?
Augustin dit Auguste Gautier est né à Allonne en 1822 et il a toujours été aubergiste. Il ne pouvait en être autrement : il est le fils d’un aubergiste installé à L’Absie ; son frère et son beau-frère sont aussi aubergistes ; et en 1847, il épouse à Coulonges-sur-l’Autize, la fille d’un aubergiste, Eugénie Verdon. Un an après son mariage, la famille quitte L’Absie pour s’installe à Bégrolles de Saint-Laurs. Sans doute ont-ils perçu qu’il y aurait de la clientèle avec les mines et l’essor de la commune. Le couple a 4 enfants entre 1848 et 1852. Ils perdent un garçon en bas âge et le 2e fait partie des victimes de la guerre de 1870. En 1872, ils vivent donc avec leurs 2 filles pas encore mariées et sont aidés par un domestique et son épouse, preuve que le commerce doit alors bien fonctionner. Ils tiennent l’auberge au moins jusqu’en 1891. En 1899, Eugénie Verdon décède dans sa maison de Bégrolles âgée de 72 ans. Auguste Gautier meurt en 1904 à l’âge de 81 ans, recueilli pour ses vieux jours chez une de ses filles à Coulonges-sur-l’Autize.
Louis Drillaud quant à lui n’a pas toujours tenu une auberge. Ce fils de cultivateur est né à Béceleuf en 1816. Il est d’abord boulanger à Saint-Laurs après son mariage en 1843 avec Louise Thérèse Godillon. Très vite veuf, il épouse l’année suivante Rose Nouzille avec qui il a 6 enfants entre 1845 et 1857. Sa boulangerie est située d’abord au lieu-dit du Prieuré de Saint-Laurs puis au village de la Rampière, là où vivent de nombreux mineurs. À une date située quelque part entre 1861 et 1866, Louis Drillaud, peut-être pour s’adapter aux envies de la population ouvrière, renonce au métier de boulanger pour celui d’aubergiste, toujours à la Rampière. Il s’installe ensuite au village de Bégrolles avant 1872 à l’hôtel de la Gare tout juste ouvert et propriété de M. de Chantreau. En 1886, il déclare même être maître d’hôtel. C’est là qu’il meurt en 1889, âgé de 73 ans. Sa femme Rose Nouzille lui survit longtemps. Elle décède en 1905 âgée de 83 ans.

Ces deux auberges étaient idéalement situées à Bégrolles, un hameau pourtant peu peuplé (il n’y avait que 17 ménages en 1872). Elles étaient tout près de la gare toute neuve et au bord de la route reliant Niort à Cholet, les voyageurs pouvaient s’y arrêter facilement. Elles ont profité de l’essor économique de la commune dû à l’exploitation des mines de charbon. Les mineurs de Saint-Laurs et ceux de Faymoreau, la commune voisine vendéenne, pouvaient les jours de pause aller s’y distraire.
Au quotidien, les ouvriers préféraient sans doute aller aux auberges de la Rampière de Saint-Laurs, à proximité des mines et de leur domicile. Parfois tenus par des mineurs, les cabaretiers n’apparaissent pas dans ce village au recensement de 1872, pourtant on en voit au précédent de 1866 (outre Louis Drillaud avant son déménagement pour Begrolles, François Dieumegard) et postérieur de 1876 (François Thinard et René Rouzé). Plus tard, le café Roux et le café du Midi étaient les plus fréquentés par la population. Les ouvriers s’y retrouvaient pour boire mais aussi pour discuter, rire, s’amuser. Si on ne peut nier que certains y laissèrent à cause de l’alcool une santé déjà bien entamée par la dureté du métier et les maladies professionnelles, c’est aussi dans ces endroits qu’est apparu et s’est forgé un esprit de solidarité qui a donné quelques années plus tard les premiers syndicats, des sociétés musicales ou sportives.


Bonjour,
Dans les années 1920, la grand-mère maternelle de mon mari tenait un bistrot vers les usines textiles de FOURMIES dans le NORD. Malheureusement, il paraît que beaucoup d’ouvriers venaient y boire leur « quinzaine ». Et les épouses n’avaient plus de sous pour la nourriture de la famille.
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