
Lors de recensement de 1872, Julien Taubant a 54 ans, il vit au puits Saint-Claire avec son épouse Victoire Richard, 55 ans, et une fille de 24 ans, Astasie. Il y est forgeron. Le couple est originaire de Loire-Inférieure.
Julien est né à La Chapelle-Saint-Sauveur et Victoire à Varades, deux villages voisins. Nous sommes dans l’arrière-pays du bassin d’Ancenis : à La Chapelle-Saint-Sauveur tout comme à Varades on extrait du charbon. Julien est le fils d’Antoine Taubant, un charretier, ou mineur selon les actes. Antoine a 5 enfants avec son épouse Marie Albert. 2 de leurs fils, Antoine et Jean, deviennent mineurs. Celui qui nous intéresse, Julien, est d’abord maréchal-ferrant à Mouzeil, à 30 kilomètres de chez lui. Les parents ont aussi 2 filles, Marie et Rosalie.

Notre Julien Taubant revient sans doute souvent au village de son enfance où il côtoie Victoire Richard, ils se fiancent, puis se marient à Varades en 1839. Après leur union, ils s’installent à La Chapelle-Saint-Sauveur, où naît leur fils aîné, Julien Victor. Puis en 1841 et 1842, Julien perd ses 2 parents. Est-ce ce qui pousse le jeune couple à quitter La Chapelle-Saint-Sauveur ? Julien, Victoire et leur fils partent s’installer à l’extrémité est du bassin minier, à Soulanger (village aujourd’hui rattaché à Doué-la-Fontaine), dans le Maine-et-Loire.

Toute la fratrie de Julien, ses 2 frères et ses 2 sœurs, l’accompagne. Et c’est à Soulanger que les 3 plus jeunes se marient : Jean épouse Marie Besson, Marie convole avec Armand Renoux un mineur originaire comme elle de La Chapelle-Saint-Sauveur. Enfin, Rosalie s’unit à Joseph Couliard un mineur du crû. Seul Antoine l’aîné, demeure célibataire. Julien Taubant est maintenant maréchal et mineur. Le couple demeure à Soulanger au moins jusqu’à 1846, date à laquelle naît leur fille Astasie-Victoire.
En 1860 ils poursuivent leur migration et arrivent à Saint-Laurs. Julien a 42 ans et une solide expérience dans les mines, il est forgeron. C’est peut-être pour cela qu’il a été sollicité, à moins qu’il n’ait entendu parler de ce nouveau lieu d’exploitation par d’autres mineurs. Là encore, Julien n’est pas venu seul, il est là avec la fratrie : Jean et son épouse Marie Besson, Marie et Armand Renoux, Rosalie et Joseph Couliard. Seul Antoine n’est pas avec eux, peut-être est-il décédé avant leur départ, même si je n’en ai pas trouvé trace.
En tant que forgeron, Julien travaille dans un atelier sur le carreau, à l’extérieur. À la mine, tout ce qui est en métal est fort sollicité et par conséquent s’use et s’abime rapidement. Il faut donc réparer les outils, les machines. À la forge, Julien fabrique, entretient et répare les fers des chevaux, les pièces métalliques des outils et les équipements comme les rails et les berlines. Il lui arrive parfois de descendre dans un puits pour des réparations.
Mais les décès vont bientôt frapper la fratrie : Marie Taubant meurt à Saint-Laurs en 1869, elle avait 48 ans. Jean Taubant, après avoir été maître-mineur est devenu roulier, il part en Vendée où il décède à Sainte-Cécile en avril 1869, il avait 47 ans. C’est pourquoi, au recensement de 1872, outre Julien et sa famille installés au puits Sainte-Claire, je ne retrouve que Rosalie et son époux, ils vivent dans le bourg de La Rampière, ainsi qu’Armand Renoux, veuf de Marie, avec sa fille Marie. Et enfin il y a aussi Marie-Louise Taubant, la fille de Jean, qui a épousé à Saint-Laurs un mineur originaire de Montrelais près du lieu d’origine de la famille Taubant.
Julien et sa famille ne vont plus quitter leur commune d’adoption. Victoire Richard y meurt en juin 1871, elle a 59 ans et Julien s’y éteint en janvier 1891 à l’âge de 72 ans. Leur fils aîné, Julien-Victor, devient mécanicien, il se marie à Niort où il s’installe. Leur fille Astasie-Victoire épouse à Saint-Laurs un forgeron du village voisin du Busseau. Leur second fils, Arsène-Jean est dit ingénieur mécanicien en 1899, il a alors 55 ans et vit comme son frère à Niort.
Julien Taubant, est passé de mine en mine pour rejoindre Saint-Laurs. C’est le cas de beaucoup d’autres ouvriers, venant parfois de plus loin, faisant des étapes dans des bassins plus ou moins importants et poursuivant leur route vers de nouveaux lieux, sans doute dans l’espoir souvent vain de meilleures conditions de travail et d’une vie meilleure.

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