Littérature et généalogie
Portrait d’un mariage : une famille pas comme les autres
S’intéresser à la généalogie, c’est entre autre étudier la famille. Un papa, une maman, souvent des enfants, c’est la vision quasi unique que nous avons en tête quand nous étudions nos aïeux. En fait, sous cette structure ancestrale, la famille recouvre des réalités bien variées. Le livre Portrait d’un mariage en donne un exemple.
Déjà, le point de départ interpelle : l’auteur, Nigel Nicolson, à la mort de sa mère, la romancière Vita Sackville-West, en 1962, entreprend d’étudier les papiers personnels qu’elle a laissés. Il trouve un sac fermé à clé qu’il découpe pour y découvrir le journal intime de sa mère daté de 1920.
« En tête de la sixième page était inscrit 23 juillet 1920 ; suivait un récit à la première personne, et qui se poursuivait sur quatre-vingts autres pages. Je le lus jusqu’à la fin sans quitter son bureau. »
Nigel Nicolson entrecroise le cahier de sa mère et ses propres réflexions pour en faire ce livre. Dans le journal intime, la romancière mère de Nicolson, raconte d’abord sa famille, un univers très exotique pour moi : la haute aristocratie anglaise avec ses règles strictes, mais aussi les libertés qu’elle s’octroie.
Vita évoque la vie des femmes surtout. Elle s’interroge sur Pepita, sa grand-mère maternelle à la vie tumultueuse. Celle-ci a épousé un diplomate anglais, Lionel Sackville-West, qui reconnait ses 5 enfants dont sa mère : cette aïeule était-elle la fille d’un duc espagnol et d’une gitane ? Vita raconte aussi l’enfance de Victoria sa mère : celle-ci passe la plus grande partie de sa jeunesse dans un couvent parisien après le décès de Pepita. Elle rejoint ensuite son diplomate de père aux États-Unis, épouse un cousin germain et se forge aussi un fort caractère. Cette histoire familiale, faite de convenances liées au rang social, mais aussi de nombreuses dérogations explique pour beaucoup l’état d’esprit de Vita, tel qu’il transparait dans son cahier.Vita est une aristocrate, coupée des réalités triviales du monde (la guerre 14-18 ne l’a pas marquée, l’argent n’est pas une contrainte, nous sommes en 1920 et elle voyage au gré de ses envies et des ses impulsions : New York, Paris, Monaco, la Toscane…) Mais cette insouciance en fait aussi un être libre, et qui revendique sa liberté. Elle finit par apparaître comme une personne moderne mais capricieuse, elle annonce la liberté des femmes et préfigure aussi la libération des mœurs. Dans son journal intime, elle décrit avec candeur son mariage avec Harold Nicolson, un homme politique connu, mariage très libre pour l’époque. Elle raconte ses sentiments, son attirance sexuelle pour les femmes, ses aventures saphiques avec l’écrivaine Violet Trefusis, acceptées par son mari.
« Elle émouvait tous mes sens endormis ; elle portait, je m’en souviens, une robe rouge, exactement de la couleur d’une rose et qui en faisait avec sa peau blanche et ses cheveux fauves, l’être le plus séduisant au monde. Elle m’attira vers elle et me fit me pencher et l’embrasser – cela ne m’était pas arrivé depuis tant d’années. »
En complément au journal de sa mère, Nigel Nicolson explique que ses 2 parents, Vita certes, mais aussi Harold, avaient chacun de leur côté la même liberté sexuelle et les mêmes attirances homosexuelles (ainsi, Vita a eu aussi une histoire d’amour avec l’écrivaine Virginia Woolf). Pour autant, leur mariage n’était pas qu’une convenance ou une façade, ils s’aimaient vraiment et cette union ne tenait pas seulement par la présence de 2 enfants. C’est vraiment un mariage très moderne que Vita raconte dans son cahier et que son fils Nigel révèle 50 ans plus tard. Un mariage dans un milieu très favorisé et qui préfigure tous les types d’union (union libre, PACS, mariage homosexuel…) qui sont appelés à devenir de plus en plus courants dans les arbres généalogiques (pour supplanter peut-être un jour les mariages traditionnels ?)
CADEAU FIDÉLITÉ : Il y a aujourd’hui un livre à gagner. Sylvie avait lu ce livre il y a longtemps. Je voulais bien le chroniquer mais impossible de le retrouver à la maison (il y a trop de livres sans doute). Nous avons essayé de l’acheter en librairie mais il n’est malheureusement plus disponible. Du coup, nous avons entrepris chacun de notre côté (et sans nous concerter) de le commander d’occasion sur internet. Et, conséquemment, nous avons reçu 2 livres ! J’envoie le doublon à la première personne intéressée qui nous en fait la demande en commentaire !
Bonjour Monsieur, et cousin.
J’adore vos publications.
Bravo.
W.D
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Merci Wim, d’autant plus que je me découvre un nouveau cousin ! Si cela ne vous gêne pas, vous pouvez m’expliquer comment nous sommes liés sur Geneanet ?
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Coucou Raymond,
Je suis intéressée par le livre. Le résumé que tu en fais me donne envie de le lire 😉
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Bravo Sophie ! Je suis vraiment ravi que ce livre te revienne ! Cela ne pouvait pas mieux tomber ! Je te l’envoie dès que j’ai récupéré ton adresse
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Bon je reconnais que ce n’est pas LE livre de ce Challenge, en tout cas celui qui m’intéresse le plus mais pourquoi pas : c’est le côté journal initime et croisement des portraits de femmes sur plusieurs générations qui me paraît intéressant. A demain bien sûr 🙂
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Merci Guillaume ! C’est vrai que c’est un journal intime, d’une aristocrate de plus et que je suis bien conscient que ça ne plaira pas à tout le monde. Mais il aborde le thème de la recherche des racines, de la liberté du mode de vie… De plus, la candeur de Vita finit par être saisissante !
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