Tous les mois, j’assiste à un cours de paléographie donné aux Archives départementales des Deux-Sèvres par sa directrice. Elle propose 2 séances à suivre : « débutants » et « confirmés ». Je me suis inscrit au 2ème groupe, non par prétention, mais parce que les horaires me conviennent un peu mieux ! Il faut décrypter des écritures anciennes. J’aimerais que ce soit toujours aussi facile que dans le manuscrit déniché sur Gallica ci-dessous mais ce n’est pas souvent le cas.

J’ai appris pas mal de choses même si je suis loin d’être incollable. Je fais attention à la forme des lettres ainsi qu’aux ligatures qui les relient. Je reconnais certaines abréviations, certaines notes tironiennes (que j’ai évoquées dans N comme NMD). Je découvre le vocabulaire des actes notariés d’autrefois. Bref, j’ai sûrement un peu progressé, mais j’ai encore beaucoup à apprendre !
À un des premiers cours, un document plutôt facile nous a été présenté : c’était une lettre datée du 30 janvier 1814 de M. Bienvenu, maire de Courlay envoyée au sous-préfet de Bressuire. Un courrier émanant d’un édile de mon terroir et que je connais bien pour avoir vu sa signature sur de nombreux actes, à une période historique encore troublée dans la région, cela allait me changer des actes notariés et ne pouvait que m’intéresser. C’est l’orthographe qui était en fait la difficulté mais aussi le charme de ce cours de paléographie ! Allez, je vous mets quelques extraits de l’exercice et la transcription en dessous et en italique.
une bande de quinze hommes armé se sont introduit
ché moi a ce matain au moment ou jetai en core au lit. il
on vu le pot au domestique au feu et ont dit que cetet bon
quil mengerait la soupe, je me suis levé et il mon demendé
sil y avet quelque chose de nouveau…
– Je ne vous fait pas tout lire et je vous saute des passages. Sachez que ces jeunes gens sont en colère envers le sous-préfet, représentant de l’Empire.
…en jurant tres fort contre le sous prefete
et quil navet qua prendre garde a lui sil tombet sous leurs
main quil ny passeret pas asi bon conte qu’il avet pasée
a d’autre occasion…
– Ils veulent échapper à la nouvelle conscription demandée par Napoléon mais cela dégénère et le maire s’entend dire…
que jetai un j. f. que javai envoyez legarde
chempaitre pour faire rendre de ces camarade
– Le maire maîtrise les règles de politesse et n’écrit pas le mot « jean-foutre ». Il peut par contre décrire de façon très complète au sous-préfet les armes des réfractaires.
…Il avet un sabre, tres
propre et une carabine avec la bayionete et bien
entretenu deux des autres avait deux chaqueun un fusil
a deux coup deux a trois avait des fusils de chase simple
et les autres des fusils de calibre qui ne paraissait pas en
trop bon etat il ont mengé et ont parti…
– Pour M. Bienvenu, maire de Courlay, ces jeunes armés ne le sont vraiment pas (bienvenus). Heureusement pour lui, ils sont finalement partis en direction de Saumur. Mais ils pourraient bien revenir...
Je n’ai donc pas été déçu par cet exercice de paléographie. Si aucun de mes ancêtres n’est mentionné dans cette missive, j’y ai retrouvé un peu de la vie de l’époque dans sa dimension quotidienne (il y a la soupe au coin du feu), un petit côté insoumis, mais heureusement sans violence, et enfin une orthographe hasardeuse que je n’avais ni à noter, ni à corriger ! Que du bonheur !