
Théodore, le saint du jour, 9 novembre, me laisse perplexe ! Pourquoi a-t-il été sanctifié ? L’acte de bravoure de ce soldat romain converti au christianisme, c’est d’avoir incendié le temple païen de Cybèle en l’an 304. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure façon d’exprimer sa foi. Il l’a payé cher puisqu’il a été jugé et qu’il a subi un martyre dont je vous passe les détails avant d’avoir pour finir la tête tranchée. En attendant, il me faut trouver un Théodore dans mon arbre généalogique à relier avec ce saint. Je n’ai pas vraiment le choix, ce sera Eugène-Théodore Nueil, sosa 26, un de mes arrière-arrière-grand-pères.
Celui qui se faisait appeler Eugène plutôt que Théodore est né le 10 avril 1847 à Terves, dernier né d’une fratrie de 8 enfants. Il est vrai qu’il ne fallait pas le confondre avec un de ses frères aînés prénommé Jacques-Théodore. Le père exerçait différentes professions bien utiles en milieu rural. Cultivateur, il était aussi sabotier, vétérinaire et même médecin. Qui peut guérir les vaches peut aussi soulager les humains ! Ses 4 fils (dont Eugène-Théodore) une fois adultes imitèrent leur père. Ils furent agriculteurs et se targuaient eux aussi de soigner les animaux.
Mais en quoi mon ancêtre peut-il être comparé au saint du jour ? D’abord, il fut lui aussi soldat et dut combattre. Il eut la malchance d’être de la génération concernée par la guerre de 1870-1871 contre l’Allemagne mais il eut aussi la chance d’en revenir vivant. Ensuite, comme saint Théodore, il eut à faire avec des outils coupants. Contrairement au martyr décapité et heureusement pour lui, c’est lui qui tranchait dans le vif. Eugène-Théodore Nueil et ses 3 frères s’étaient spécialisés professionnellement. De vétérinaires, ils étaient devenus hongreurs : leur métier consistait donc à castrer des chevaux, le but étant de les rendre plus dociles pour les travaux agricoles. Enfin, plutôt que de brûler un temple, Eugène-Théodore défendit son église. En 1906, pendant la crise des inventaires, comme il était le trésorier du conseil de fabrique de Terves, il fut à la tête des paroissiens qui s’opposèrent à la troupe militaire menée par le sous-préfet de Bressuire.
Plus sérieusement, Eugène-Théodore fit un beau mariage en 1872 avec Mélanie Blanchin. Installés à Courlay, elle lui donna 6 enfants dont un mort en bas âge. La jeune femme ne vécut guère longtemps, mourant en couches à l’âge de 30 ans en 1881. Eugène-Théodore ne se remaria pas, il revint à Terves et éleva seul ses enfants. Il connut d’autres malheurs : la mort de son fils Alcide âgé de 14 ans, puis celle d’un autre fils, Joseph, pendant la guerre 14-18. À partir de 1900, il partagea sa maison du bourg de Terves avec son gendre Xavier Frouin marié avec sa fille Delphine. Il eut le plaisir de voir grandir son petit-fils, mon grand-père Raymond, et le chagrin de voir mourir à 18 ans sa petite-fille Agnès avant de décéder chez lui, le 2 mai 1926, à l’âge de 79 ans.
Votre commentaire