
On ne sait strictement rien de sainte Victoire fêtée le 15 novembre si ce n’est ce qu’en rapporte saint Augustin vers l’an 400, à savoir qu’elle appartenait à un groupe de 20 martyrs à Hippone en Numidie (actuelle Algérie). Est-ce elle qui a donné son nom à la montagne qu’aimait tant peindre Paul Cézanne ?
Je l’ai déjà écrit, j’aime les prénoms qui ont un sens. Victoire Nueil, dont je vais vous parler, mérite-t-elle son prénom ?
Ma sosa 59 est la fille d’un bordier de Terves François Nueil et de Marie-Jeanne Baudu. Née le 13 octobre 1815, elle ne connait guère son père car celui ci décède le 26 mai 1817, elle n’a pas 2 ans. La mère Marie-Jeanne Baudu se remarie 2 ans plus tard avec un autre cultivateur Jean-Joseph Fradin. La petite Victoire est rejointe entre 1820 et 1831 par 2 demi-sœurs Rosalie et Louise, puis un demi-frère Célestin. Est-ce une enfance heureuse ? Son beau-père la traite-t-il comme ses propres enfants ? Je n’ai pas la réponse mais à une époque où les enfants pour les paysans étaient bien souvent considérés comme de la main-d’œuvre gratuite et disponible, on peut supposer que c’était encore plus le cas pour une filiâtre. Est-ce que cette situation a joué, toujours est-il que Victoire a fauté : à 21 ans, elle se retrouve bien embarrassée et accouche le 11 juin 1837 d’une petite Joséphine. Pas de papa pour faire la déclaration en mairie. C’est le beau-père de Victoire, Jean-Joseph Fradin assisté d’un oncle qui se chargent de cette formalité. Orpheline de père à 2 ans, fille-mère à 21 ans, les plus jeunes années de Victoire ne semblent guère être placées sous le signe de la victoire.
Le reste de sa vie sera-t-il plus conforme à son prénom ? On pourrait le croire quand Victoire se marie le 17 novembre 1844 avec Baptiste Monneau, un tisserand, qui reconnait la petite Joséphine âgée de 4 ans. Ils ont 5 autres enfants entre 1845 et 1858. Tout devrait donc aller pour le mieux. Malheureusement pour elle, beaucoup meurent bien jeunes. Elle voit partir la même année (1853) 2 fils, Alexandre et Baptiste, âgés de 8 et 5 ans. Puis, 2 filles décèdent, Mélanie à 4 ans en 1862 et Virginie à 20 ans en 1875. Son mari est mort entre temps, le 8 novembre 1873, il avait 59 ans. Alors, certes, Victoire a vécu longtemps pour son siècle puisqu’elle meurt le 30 mai 1891 âgée de 75 ans à Terves.
Mais sa vie a-t-elle été une victoire ? Pas vraiment, tel que je le ressens. Pour me consoler, je me dis qu’à son décès étaient témoins ses 2 gendres, les époux des 2 seules filles qui lui restaient, Théodorine et mon ancêtre Joséphine, celle qui était née hors mariage. Je me dis que, sans doute, Joséphine et Théodorine se sont occupées de leur mère jusqu’au bout car j’aimerais tant que la vie de Victoire ne soit pas qu’une suite de défaites.
Histoire bien émouvante d’un destin !!Espérons qu’elle a été heureuse en ménage et avec les enfants qui lui restaient.
Elle a dû connaître ses petits-enfants, à 75 ans?
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Elle a connu effectivement 9 petits-enfants et vu le décès en bas âge de 3 d’entre eux. C’était malheureusement bien souvent la règle autrefois.
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Toutes les Victoire que j’ai croisées sont nées entre décembre 1792 et 1830. J’ai donc pensé que cela avait à voir avec la période, Mais ce prénom ne figure pas dans le calendrier républicain. Ce fut peut-être un effet de mode… Et moi, je me suis bien plantée !
Ces aïeux dont la vie fut particulièrement difficile nous donne une grande leçon de courage.
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