
Quoi ? Comment se fait-ce ? Nous ne sommes pas le 31 décembre mais le 20 novembre et pourtant, je fête la saint Sylvestre ! C’est parce qu’il n’y a pas que le 33e pape (entre 314 et 335) à porter ce prénom et à être sanctifié. Il existe aussi celui homonyme qui fut évêque à Châlon-sur-Saône au début du VIe siècle. Nous sommes donc un cran en dessous dans la hiérarchie catholique, ce qui explique également qu’il soit moins connu. Je lis sur « Nominis » qu’il se dévoua pendant 42 ans au service de l’Église locale et qu’il y mourut « plein de jours et de vertus » selon l’historien saint Grégoire de Tours. Pas de miracle ou de martyre, une longue vie apparemment bien ordinaire pour un saint.
Je sors de ma région natale pour évoquer ce prénom dans ma généalogie car je n’ai que Sylvestre Chappin, mon sosa 3422, à me mettre sous la dent. Il me faut donc quitter mes chères Deux-Sèvres et remonter à la fin du XVIe siècle, période où il est né dans la région de Réqueil (Sarthe). En cherchant sur cet aïeul, je quitte non seulement ma zone de confort mais j’arrive aussi à la zone limite de visibilité : je n’ai trouvé aucun acte le concernant directement (baptême, mariage ou décès). Je ne connais pas ses parents. Il n’est mentionné que grâce aux naissances des enfants qu’il a eus avec Mathurine Le Dru, son épouse, entre 1609 et 1623 à Requeil. Peut-être a-t-il vécu longtemps, « plein de jours et de vertus », comme son saint patron : je ne l’ai trouvé nulle part ne serait-ce que témoin par la suite mais je n’ai pas fait de recherches systématiques et les témoins sont rarement notés par les curés à cette époque. Il a vécu en tout cas assez longtemps pour être père d’une famille nombreuse : 8 enfants dont au moins 4, Urbain, Nicole, Julienne et mon ancêtre Marie, ont atteint l’âge adulte et trouvé un conjoint. Je n’ai aucune idée du métier qu’il a exercé. Il me faut arriver à la génération de ses petits-enfants pour que j’apprenne que quelques uns étaient marchands, et d’autres laboureurs ou vignerons.
Quand on a la chance de remonter sur des périodes aussi éloignées dans le temps, il ne faut pas rêver. Les branches de nos arbres s’estompent dans un brouillard de plus en plus opaque ; nous ne pouvons qu’imaginer des vies et nous estimer heureux de leur avoir trouvé parfois un nom et un prénom comme pour Sylvestre Chappin.