
Mourir de dysenterie
André YZAMBARD est né le 16 novembre 1848 à Saint-Martin-de-Bernegoue, fils d’André YZAMBARD, propriétaire, et de Juliette ROUSSEAU son épouse. En 1868 à Prahecq, il passe devant le conseil de révision. Il est cultivateur, mesure 1 mètre 65 et sait lire et écrire. Il a les cheveux et sourcils châtains, les yeux roux, le front haut, le nez moyen, le menton rond, le visage rond et le teint coloré. Tiré au sort, il se fait remplacer. Cela ne suffit plus en 1870, il doit rejoindre la garde nationale mobile quelques mois après la déclaration de la guerre à la Prusse.
Il suit donc le parcours du 34e régiment d’infanterie auxquels appartiennent les mobiles des Deux-Sèvres. Il part d’abord sur le front de l’Est. Son régiment s’y bat à Héricourt et La Bourgonce. Puis, après que la IIIe République ait succédé au Second Empire, le régiment des Deux-Sèvres versé dans la 1re armée de la Loire se bat à Beaune-la-Rolande. Il repart ensuite à l’Est dans l’armée de Bourbaki avant de se réfugier en Suisse à la toute fin de janvier. André YZAMBARD ne participe pas à ce dernier périple. Il s’est arrêté à Pontarlier (Doubs) où il est soigné pour cause de dysenterie à la 4e ambulance de la société du secours aux blessés.
La dysenterie est avec la variole et la fièvre typhoïde un des fléaux qui frappe l’armée française pendant la guerre de 1870 et explique en partie la défaite. Ce n’est pas la première fois qu’une situation sanitaire fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre lors de conflits. Pour les Prussiens, le retour de cette maladie fut même la revanche de la bataille de Valmy. En effet, le 20 septembre 1792, les troupes du duc de Brunswick se replièrent devant les citoyens-soldats français. Ce n’était pas vraiment parce qu’ils étaient dominés militairement mais surtout parce qu’une importante et inattendue épidémie de dysenterie sévissait parmi les soldats prussiens.
Face aux importants besoins médicaux et chirurgicaux, plusieurs centres de soins aux soldats ont été mis en place à Pontarlier en plus de l’hospice civil : l’ambulance Saint-Maur, la 4e ambulance internationale de Paris, l’ambulance de l’asile, l’ambulance prussienne. André YZAMBARD décède à l’ambulance de la société de secours aux blessés le 20 février 1871. Je retrouve son acte de décès au milieu de celui de nombreux autres soldats. Le Cercle généalogique des Deux-Sèvres a identifié 19 soldats deux-sévriens décédés des suites de dysenterie partout en France mais aussi en détention en Allemagne ou réfugié en Suisse. Ce nombre est forcément sous-estimé puisque les causes du décès apparaissent rarement dans les actes. Parmi eux, il y a René BENOIS de Chantecorps, Alexandre François FALLOURD de Chanteloup, Louis MARIAS de Moncoutant…
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