B comme Bienvenue au marquis… et à sa famille


En 1872, les propriétaires de la mine de Saint-Laurs n’apparaissent pas dans le recensement ; ils n’ont jamais vraiment habité le lieu où ils avaient investis. Ils ne sont pas des notables du département des Deux-Sèvres ou de la Vendée toute proche mais les descendants de celui qui a prospecté la commune à la recherche de filons de houille, un homme venu de Lorraine, le marquis Jacques de Nettancourt. Bienvenue à lui et à sa famille !

Né en 1786, il appartient à une famille noble. Son père, Marc Pierre, comte de Nettancourt, est capitaine-lieutenant et fait partie de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il choisit à son tour la carrière militaire sous l’Empire puis la Restauration : il est chef de bataillon à la légion de la Meurthe, lieutenant-colonel d’infanterie de la garde royale, chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, comme papa.

Il se marie en1815 à Nancy avec Elisabeth Julienne de Cabouilly dont il est veuf 2 ans plus tard, puis en 1819, dans la même ville avec Pauline Ernestine de Beauffort qui lui donne quatre enfants. Trois atteindront l’âge adulte : Clotilde, Armand et Marie. La famille vit à Nancy jusqu’en 1831 au moins. Le marquis semble alors renoncer à la vie militaire et choisir grâce à sa fortune de devenir entrepreneur.

Nous sommes au début de la révolution industrielle et la France a besoin de charbon. Or, un gisement de houille a été découvert à la frontière entre la Vendée et les Deux-Sèvres. Pourquoi et comment le marquis a-t-il choisi de s’y intéresser, c’est un mystère. Il débute ses premières recherches à Saint-Laurs et fait la demande en 1838 d’une concession. Certains Deux-Sévriens s’enthousiasment comme Charles Arnaud dans son rapport sur l’industrie publié dans les Mémoires de la société de statistique du département des Deux-Sèvres (1842-1843) :
M. de Nettancourt a exposé du coke de Saint-Laurs : il est très bon il est appelé sans doute à rendre de grands services ; l’exploitation des houilles, dans nos contrées, doit amener infailliblement la création d’usines importantes dans notre département […] Heureusement que l’habile ingénieur de ce département a conçu de magnifiques projets ; le pays attend les résultats de ces vastes et utiles idées ; le pays les confie au conseil-général, au préfet de ce département ; il les recommande à tous ses députés, qui sauront, par des efforts unanimes et constants, obtenir le succès de la glorieuse entreprise qui répandra sur nos contrées des richesses nouvelles, et sur leurs noms une gloire ineffaçable.


Il s’installe un temps dans la commune et, sous son impulsion, 4 puits auxquels il donne des noms religieux sont forés et exploités : Saint-Laurent en 1840, Sainte-Marie en 1842, Sainte Clotilde en 1853 et Sainte-Claire en 1862. Si le premier puits doit son nom au saint patron de la paroisse (saint Laurs), les 3 autres sont créés à partir des prénoms de ses 2 filles Marie et Clotilde et de celui de sa bru, Claire de Rogier, épouse d’Armand en 1858. Ses filles avaient elles aussi fait de beaux mariages dans leur milieu aristocratique et fortuné, Clotilde avec Adolphe de la Fare en 1841 et Marie avec Hippolyte de Charpin-Fougerolles en 1845.


Le fils et les 2 gendres, de la Fare et de Charpin, sont très vite associés aux affaires car on s’inquiète pour la fortune familiale des dépenses faites par le marquis. Ils gèrent à distance l’aspect financier, la famille Nettancourt ne s’étant pas installée définitivement dans la commune. Le marquis avait pourtant fait bâtir un logis pour les cadres et dirigeants appelé le château des mines. Avant 1872, je n’ai trouvé que deux actes d’état civil qui concernent la famille :

  • la naissance en 1847 de Jeanne la petite-fille du marquis, fille de Marie et du comte Hippolyte de Charpin-Fougerolles. L’oncle de la Fare est témoin mais tout ce gentil monde ne semble là que pour peu de temps puisqu’ils déclarent être là en « résidence momentanée ». C’est sans doute l’année où le marquis transmet sa concession à sa descendance.
  • La naissance en 1848 de Gustave Adolphe, petit-fils du marquis, fils de Clotilde et d’Adolphe de la Fare qui déclare habiter la commune. L’oncle Armand de Nettancourt est témoin et tout le monde dit habiter aux mines.

Par la suite, ils ne sont témoins d’aucun acte sur la commune comme ils ils n’y demeurent pas. La vie des différents membres de la famille propriétaire des mines se déroule désormais loin de Saint-Laurs et des Deux-Sèvres, à Paris ou d’autres départements : Ardèche, Loire, Loiret, Seine, Meuse et Meurthe-et-Moselle. Au revoir, marquis… et sa famille ! Cela ne les empêche pas de diversifier leur activité à Saint-Laurs avec les fours à chaux alimentés par la houille issue de leurs mines.

En 1861, le marquis âgé de 75 ans passe la main, 3 ans avant son décès le 11 septembre 1864 à Paris. Ses 2 gendres associés à 2 nouveaux investisseurs, Claude Charles Pelletrat de Bordes et le marquis de Belâbre, fondent la « Société civile des houillères de Saint-Laurs ».


Le gendre de la Fare en est l’administrateur. Après le décès de ce dernier le 7 janvier 1871, il est remplacé par Claude Charles Pelletrat de Bordes qui est donc en responsabilité l’année du recensement. Le mariage dans la Loire du fils de ce dernier en 1872 avec une petite-fille du marquis de Nettancourt le relie à cette famille. Il vit loin de ses mines, déléguant au directeur la gestion quotidienne de l’entreprise et se contentant d’espérer tirer des revenus suffisants.

Un descendant du marquis reviendra toutefois vivre quelques années à Saint-Laurs. Ce sera Gustave Adolphe (dit Paul) de la Fare, un de ses petits-fils, celui né à Saint-Laurs en 1848, qui occupera entre 1874 et 1877 le poste de directeur.

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