
En 1872, Louis Jacquelin, 62 ans, habite à l’ancien puits Sainte-Marie avec sa femme Marie Lizé, 57 ans et sa fille Louise, 19 ans. Le chef de famille déclare être commis, une profession qu’il n’a pas toujours exercée aux Houillères de Saint-Laurs.
Louis Jacquelin est né en 1810 à Chaudefonds-sur-Layon (Maine-et-Loire), il est un des 6 enfants de Rustique (sic) Jacquelin et de Marie Gachet. Cette commune possède un gisement houiller exploité depuis très longtemps (peut-être un des premiers de France) et donc une population avec une forte proportion de mineurs. Son père et ses oncles exercent d’ailleurs cette profession.
Au début de l’exploitation des Houillères de Saint-Laurs, faute de main-d’œuvre locale expérimentée, il a fallu faire appel à du personnel venu parfois de loin. Cela nous a permis de découvrir que des gisements exploités au XIXe siècle sont un peu oubliés aujourd’hui. Aucun ouvrier embauché à Saint-Laurs n’est originaire du Nord ou de Lorraine. Ils viennent de l’ouest ou du sud-est de la France. Nous avons trouvé des mineurs qui sont passés par des mines :
– d’Ardèche (Banne)
– d’Aveyron (Aubin)
– du Finistère (Poullaouen, Huelgoat, Berrien ou Kerfeunteun)
– du Gard (Alès, Laval-Pradel ou La Grand-Combe)
– d’Ille-et-Vilaine (Bruz)
– de Loire (Saint-Étienne et Saint-Jean-Bonnefonds)
– de Loire-Inférieure (Ancenis, La Chapelle-Saint-Sauveur, Mouzeil, Varades ou Montrelais)
– du Maine-et-Loire (Montjean-sur-Loire, Doué-la-Fontaine, Soulanger, Chaudefonds-sur-Layon ou Saint-Aubin-de-Luigné)
– de Mayenne (Cossé-en-Champagne ou La Baconnière)
– du Morbihan (Saint-Dolay)
– de Vendée (Faymoreau ou Chantonnay)

Devenu adulte, Louis Jacquelin fait donc le même métier que son père. Il a acquis un peu d’éducation puisqu’il sait lire et écrire. Il évolue professionnellement : il est maître mineur le 27 janvier 1847 lors de son mariage à 37 ans avec Louise Lizé, 32 ans, la fille d’un menuisier de la commune.
S’il a grimpé dans l’échelle sociale, c’est peut-être aussi parce qu’il est allé chercher ailleurs du travail. Quand il se marie dans sa ville natale de l’Anjou, j’apprends qu’il habite déjà la commune de Saint-Laurs dans les Deux-Sèvres. Il fait donc partie de ces nombreux mineurs expérimentés venus apporter leurs compétences à la toute récente exploitation de houille des Deux-Sèvres. Il n’est pas parti seul puisque son oncle Jacques Jacquelin l’a accompagné.
Une fois marié, il retourne aussitôt à Saint-Laurs avec son épouse pour reprendre son travail de mineur. Trois filles naissent de cette union, Joséphine en 1848, Louise en 1849 qui ne vit que quelques mois, et Louise en 1852. Entre temps, son oncle Jacques qui l’avait accompagné est décédé le 19 février 1850. L’acte d’état civil dit « décédé aux mines à 8 heures du matin » ce qui laisse penser à un accident.
La situation sociale de Louis Jacquelin continue d’évoluer, puisque de chef mineur en 1851, il devient commis en 1852. Désormais, il ne descend plus dans les puits mais travaille dans les bureaux. Il entre au conseil municipal de Saint-Laurs en 1860.
En 1872 quand il est recensé à son domicile de Sainte-Marie, l’aînée de ses filles, Joséphine, est déjà partie vivre avec son mari cafetier au chef-lieu du canton, Coulonges-sur-l’Autize. Ne reste que la cadette Louise qui va attendre 11 ans encore pour épouser un employé des perceptions publiques.
Louis Jacquelin perd sa femme Louise Lizé le 21 décembre 1877. Elle avait 62 ans. En 1881, il ne travaille plus et déclare être rentier. 2 ans plus tard, il a la joie de voir se marier Louise, sa deuxième fille. Il décède 2 ans plus tard, le 17 octobre 1883 à 73 ans.

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