X comme né sous X

En 1872, Jacques Félix-Alexandre, ouvrier mineur de 42 ans, vit aux Landes de Saint-Laurs avec son épouse Louise Bonneaud, 37 ans et 6 enfants de 5 à 18 ans. Avec eux, vit aussi une nièce de l’épouse, une enfant de 2 ans qui vient de l’hospice.

Avec un tel nom, Jacques Félix-Alexandre est sans surprise un enfant abandonné. Il voit le jour en mars 1830 à Foussais, en Vendée. Sur son acte de naissance, on peut lire que l’enfant a été trouvé par la sage-femme du village près de sa maison ! La jeune mère a peut-être déposé son enfant ici pour qu’il soit pris en charge par une femme compétente, mais il est aussi possible que la sage-femme connaisse la mère qu’elle a accouché et ne veuille pas dévoiler son identité. Impossible à savoir ! L’édile donne à l’enfant ce nom de Jacques Félix-Alexandre. Le bébé est confié aux soins de Marie Braud épouse de Jacques Canton, un couple du village. On confie l’enfant a une femme, mère de 10 enfants et qui vient d’avoir une petite fille en janvier de la même année. Je ne sais pas combien de temps Jacques reste dans cette famille n’ayant pas pu consulter les registres d’enfants trouvés.

Enfant trouvé, tableau du XIXe siècle

Je sais qu’il a été placé à un moment donné et sans doute assez longtemps chez un certain Louis Guillemet qu’il considére comme son père nourricier. À ce moment-là, il a pu faire partie des galibots, ces enfants qui travaillent à la mine.

À la queue leu leu, mal éclairés, nous nous engageons dans la galerie ; je trébuche sur les rails où je vais devoir avec quelques autres pousser les wagonnets remplis de charbon. […]
Le porion me désigne le galibot avec qui je vais faire équipe. Dès que le wagonnet qu’on nous a attribué est rempli du charbon tombé de la taille par la cheminée, nous commençons à le pousser sur les rails en direction du puits. Il faut d’abord donner une forte poussée pour qu’il s’ébranle puis, l’élan donné, poursuivre l’effort aussi régulièrement que possible. […] Arrivés à la galerie où la benne attend, nous déversons le contenu du wagonnet et repartons en sens inverse. […]
Pendant quatre heures nous poussons le wagonnet et la fatigue finit par peser. La sueur dégouline de mon visage ; mêlée à la poussière de […]. Heureusement l’heure de la pause arrive […]. Et le travail reprend sous l’œil du porion qui ne plaisante pas. Une fois sur deux à peu près, quand nous avons déversé le charbon dans la benne, un boiseur charge des poutres que nous devons emporter au bout de la galerie où deux autres s’affairent à étayer.
[…] À deux heures de l’après-midi, le porion nous ordonne de pousser une dernière charge jusqu’au puits où une autre équipe va nous remplacer. Comme nous avons moins de seize ans, notre journée de huit heures est finie mais les hommes ont encore quatre heures de travail à fournir.
Remontés au jour, le froid nous saisit. Nous allons rendre nos lampes et, après un débarbouillage sommaire, récupérer nos vêtements dans la salle des pendus. Je suis épuisé malgré l’habitude des efforts fournis au four à chaux.

Extrait du journal apocryphe de François Fougère par Michel Montoux.

Le 20 avril 1853, Jacques épouse Émilie Babin, une couturière de 23 ans. Il a 22 ans, est ouvrier mineur et demeure à Saint-Laurs, son père nourricier l’accompagne. La jeune femme vit avec sa mère à Saint-Laurs où elle est née, elle aussi de père inconnu. Au cours des 4 années qui suivent, Émilie met au monde 4 enfants. La famille change beaucoup de domicile à cette époque, elle reste à Saint-Laurs mais habite dans divers hameaux : Les Landes, La Bruyère, La Rampière. Jacques est toujours mineur et Émilie couturière, les enfants vont bien. Tout bascule en 1859 lorsqu’Émilie meurt, sans doute d’une fausse-couche, elle n’avait que 30 ans. Elle laisse un époux et 4 enfants en bas-âge. Jacques a peut-être pu compter sur le soutien de sa belle-mère car il attend 2 ans pour se remarier. Le 31 juillet 1861 il épouse en secondes noces Louise Bonneaud, une jeune servante d’Ardin, village voisin. La mariée est déjà enceinte de 6 mois, bientôt un petit André naît à leur domicile, 4 autres bébés s’annoncent dans les années qui suivent.

Au recensement de 1872, 6 enfants sont présents, manquent Marie-Victoire, née de la première union et Marie-Antoinette de la seconde, les 2 sans doute décédées dans leur petite enfance. Louise est alors enceinte du dernier de ses enfants, un petit Joseph-André qui voit le jour le 1er août 1872.

Après 1872, Jacques exerce toujours le métier d’ouvrier mineur, et cela jusqu’à son décès à l’âge de 62 ans, en 1892. Sa seconde épouse lui survit et s’éteint en 1900. Des 9 enfants nés des 2 unions, 7 atteignent l’âge adulte. Pour plusieurs d’entre eux, leur nom de famille va évoluer pour passer de Félix-Alexandre à Félix et même Alexis pour une des filles. Tous demeurent dans un périmètre proche de leur village natal. C’est l’aîné, Marcelin, qui partira le plus loin, il décède à Niort, à une trentaine de kilomètres de Saint-Laurs !

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