
« Tous les espoirs sont permis à l'homme, même celui de disparaître. »
Jean Rostand. Pensées d'un biologiste
André BONNIN est mon sosa 252, un de mes ancêtres directs, sept générations au-dessus moi. Il a eu le tort de vivre au mauvais endroit au mauvais moment : en Vendée à l’époque révolutionnaire.
Né en 1762 à La Chapelle-aux-Lys, il épouse en 1786 Louise Benetreau et exerce le métier de sabotier à Saint-Pierre-du-Chemin. Trois garçons, mon ancêtre Louis, Pierre-Jean et André, naissent entre 1786 et 1792, juste avant que la guerre civile mette à feu la région.
Il a sans doute comme tant d’autres paysans et villageois participé aux batailles de l’Armée catholique et royale. Il a en tout cas accompagné la fuite en avant que fut la virée de Galerne quand, après la défaite de Cholet, les Vendéens accompagnés de femmes, d’enfants et de blessés franchissent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil et se dirigent vers Granville. Ils espèrent y voir débarquer et se joindre à eux des renforts britanniques et immigrés.
Cette aventure se transforma en tragédie pour des milliers d’hommes, femmes et enfants, victimes des combats, des maladies et des massacres. André BONNIN y laissa la vie. Ce n’est pas grâce à son acte de décès que je le sais mais grâce à un mariage, celui de son plus jeune fils, sabotier comme son père et prénommé également André. L’union avec Rose Ange BERNARD est scellée en 1819 à la mairie de La Ronde :
Aujourd’huy neuf du mois de juin l’an mil huit cent dix neuf […] se sonts présantés le sieur André Bonin sabotier agé de vingt six ans […] domicilié au bourgt et commune de La Ronde majeur, fils de feut André Bonin sabotier de sont vivant décédé en larmée de lautre coté de la Loire atesté par les quatre témoint… »
Où es-tu mort, André ? Est-ce au Mans, à Laval, à Granville, à Fougères ? Ton acte de décès est sans doute inexistant dans un contexte historique où il n’y avait pas d’état civil. Es-tu mort en combattant ou en fuyant, es-tu mort de maladie ou d’épuisement ? As-tu été condamné à mort comme de nombreux prisonniers le furent ? Ou bien as-tu péri dans les derniers combats autour de Savenay ? Il me sera sans doute impossible de le découvrir.
Certains s’évanouissent du jour au lendemain sans laisser de trace. Mais, quand la mort a lieu en temps de guerre, il est aussi très fréquent que la famille ignore le lieu ou les circonstances du décès. La virée de Galerne a été une hécatombe pour les Vendéens. On estime entre 60 000 et 100 000 personnes ceux qui ont traversé la Loire en octobre 1793. Au moins 50 000 hommes, femmes et enfants ont laissé la vie dans cette déroute, pour la plupart disparus. Ces morts et disparus à jamais représentent environ un tiers des décès de la Vendée militaire durant la première guerre de Vendée.



Un épisode noir de l’histoire ! 😢
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Très noir, il y en a eu d’autres depuis, tout autant cruels, mais celui-ci est terrible car c’est une guerre civile.
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bonjour,, votre message me bouleverse car, comme pour vous, mon ancêtre « est mors an lay guères de Vandais » mais où? Comment? Je ne le saurai jamais et pourtant j’ai cherché ! Je ne l’ai su que parce que cette précision a été rapportée sur l’acte de mariage de son fils.
Lui aussi a disparu comme des milliers d’autres. Merci à vous d’avoir trouvé les mots justes…. Belle journée. Isabelle
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Merci Isabelle. Le temps a passé, les douleurs se sont effacées aujourd’hui mais j’ai toujours un peu de peine en pensant à ces villageois, ancêtres ou non, embarqués dans une aventure qui les a dépassés et qui leur a été fatale.
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bonjour
comme toujours, très émouvant, très bien raconté et passionnant
merci
Annemarie
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Merci pour ce gentil mot !
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Disparaitre, c’est pire que mourir.
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Sans doute, pour ceux qui restent, c’est forcément difficile.
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Une virée qui était tout sauf joyeuse 😢 j’ai quelques cas qui ont disparu à ce moment vers Angers…
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😢😢😢😢
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J’ignorais tout de cette » virée de Galerne »: merci de l’avoir sortie de l’oubli . Et pourquoi ce nom de « Galerne » ?
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Pourquoi ce nom, je ne sais pas. La galerne est le vent soufflant du nord-ouest. Les Vendéens sont partis face au vent !
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Un bien beau texte pour une triste histoire…
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J’ai aussi trouvé non pas des ancêtres mais d’autres parents morts dans les guerres de Vendée, avec d’ailleurs des informations détaillées mais contradictoires sur le site des Archives de Vendée.
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merci article instructif pour des personnes résidant dans le sud est ;
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Voici un article qui retient tout particulièrement mon attention, cette Virée de Galerne se terminera par le massacre des survivants du côte de Blain, de Savenay , lire le livre de Pierre Gréau sur le sujet. .
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Merci pour la référence, je vais le réserver en bibliothèque (si je le trouve)
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il doit être aussi disponible en librairie sur commande, Pierre Gréau était un chercheur rigoureux et passionné , il est aussi l’auteur notamment de août 1792 les préludes aux guerres de Vendée aux éditions de la Chouette de Vendée à Chantonnay.
Bien sincèrement
Jean-Louis Guiton
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