Cet été, Raymond et moi sommes allés passer quelques jours en Argonne et à Verdun. Nous avons tous les deux des grands-pères, des grands-oncles… qui ont connu l’horreur de la guerre et des combats. Certains sont revenus, d’autres pas, ce voyage a été l’occasion d’aller à leur rencontre. Raymond va l’évoquer très bientôt et je vous propose de vous plonger dès à présent dans cette Grande Guerre avec un roman lu au printemps.
Dans Le chagrin des vivants, Anna Hope évoque les années qui suivent la guerre 14-18. À Londres, en ce mois de novembre 1920, alors que le pays se prépare à accueillir son soldat inconnu, trois femmes, unies par d’invisibles liens, essaient de survivre au traumatisme de la guerre.
Evelyn a perdu son fiancé et son frère, survivant, s’étourdit chaque nuit dans les fêtes et l’alcool. Ada pleure son fils mais ne peut faire son deuil, le corps de son enfant n’a pas été retrouvé et c’est par un message laconique qu’elle a appris son décès. Enfin, Hettie est une toute jeune femme qui vit avec sa mère et son frère revenu brisé de la guerre. Elle travaille dans un dancing où elle côtoie chaque jour d’anciens soldats. Au cours des cinq jours qui précédent l’arrivée du soldat inconnu, chacune va essayer de faire un pas vers l’avenir. Petit à petit nous découvrons des liens qui se tissent, des secrets qui s’avouent et peut-être un espoir de lendemains meilleurs.
Dans ce récit choral, les femmes évoquent l’indicible, racontent les souffrances qu’elles côtoient, celles qu’elles vivent ; et en filigrane pointe le sentiment de culpabilité des survivants. Ce premier roman, servi par une écriture fluide, nous offre trois beaux portraits de femmes. Un récit juste et tout en sensibilité sur l’impossible oubli mais aussi sur la vie plus forte que tout.

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