C’est en faisant des recherches sur la famille de mon ancêtre Louis Encrevé (sosas 390), un tisserand en toile de Foussais en Vendée, et très certainement protestant, que j’ai découvert l’existence du couple formé par Françoise Encrevé et Jacques Daubant.
Mon sosa Louis Encrevé a un oncle, Mathurin. Ce Mathurin, et tous ses descendants, sont protestants. Il vit lui aussi à Foussais et a au moins 7 enfants avec Catherine Gaillard. En 1681, lors de la première dragonnade en Poitou, la famille abjure. À partir de cette date, je les retrouve dans les registres catholiques. Cependant, après cette conversion forcée ils ont sans doute continué à vivre leur foi protestante. Le 4e fils de Mathurin, Jean, demeure dans cette paroisse, c’est un marchand. Il épouse Françoise Mallet qui lui donne 2 filles et un fils. C’est grâce à Françoise, sa seconde fille, que je rencontre Jacques Daubant. Elle épouse le 29 juin 1705 en l’église de Chassenon Jacques Daubant. Sur leur acte de mariage, on peut lire que l’époux est « âgé de 14 ans [et] autorisé par son père et de ses parents », l’épouse quant à elle a 16 ans. Je leur connais un fils, Théodore, qui naît le 12 novembre 1706 à Foussais. Françoise n’a guère le temps de l’élever, elle meurt l’année suivante le 20 avril 1707, sans doute de la dysenterie, elle n’a que 18 ans.
Je suppose que Théodore est resté chez ses grands-parents à Foussais. En tout cas, il se marie en 1724 à Saint-Michel-le-Cloucq à 8 kilomètres de là. Comme ses parents, il est jeune (17 ans) au moment de son union.
Jacques Daubant ne semble pas s’être remarié en France, mais sa vie a été mouvementée et il a laissé plus de trace dans l’histoire que son épouse. En effet, je pense que c’est lui qui va devenir le prédicant Jacques Daubant dit Absalon. Je ne suis pas totalement certaine de cette hypothèse, mais elle semble cependant très crédible.
Ce dont j’ai la preuve c’est qu’en février 1711 il vit en France, je le découvre témoin sur le contrat de mariage de Charlotte Encrévé (la fille de mon ancêtre Louis évoqué plus haut) et Jacques Bridoneau, à Foussais chez maître Philippe Doizeau (AD85 3E59 vue 5-6/526). Il signe l’acte où il est mentionné en tant que « cousin issu de germain à cause de feue Françoise Encrevé sa femme ». Est-il déjà prédicant à ce moment-là ? Pour le moment, je ne saurais le dire.
Je suis ensuite sa trace lors d’un jugement sur les assemblées illicites fait à Niort le 4 juillet 1715. Un certain nombre de prédicants y sont condamnés aux galères perpétuelles, d’autres par contumace. Enfin, on lance des décrets de prise de corps pour certains*. On peut lire « On donnera suite aux décrets de prise de corps décernés contre Jacques Daubant dit Absalon ». Il a alors 24 ans et est un prêcheur qui dérange.
Entre 1715 et 1718, je ne connais pas avec certitude son parcours, même si j’ai pu lire qu’il fait des séjours en Angleterre. Entre 1718 et 1719, il est de retour en France et remplit les fonctions de pasteur au temple de Foussais. Il demeure alors au hameau de Maigre-Souris, sans doute chez sa belle-famille puisque c’est ici qu’habitent plusieurs branches des Encrevé. Il se déplace dans les campagnes voisines, au nord-ouest de son village, dans un périmètre d’une vingtaine de kilomètres. Ainsi, il prêche avec beaucoup d’éloquence à Mouilleron « au désert » ** et à Saint-Maurice-le-Girard, mais il tient aussi des assemblées à Mouchamps.

Il semble ensuite être condamné à mort et s’enfuit en Angleterre. En 1724, revenu d’Angleterre, malgré la peine de mort toujours en vigueur, il peut prêcher pendant quelque temps. Mais il est fort possible qu’il soit reparti en Angleterre et ait fondé une nouvelle famille. C’est dans les registres protestants de diverses églises de Londres, qu’on peut trouver des indices en ce sens. On y répère les baptêmes de plusieurs enfants d’un certain Jacques Daubant et d’Hélène (ou Eleonor) Fabre (?) : James Samuel voit le jour en 1730 à la Spitalfields Christ Church, dans le quartier de Stepney, Antoine en 1732, Benjamin en 1736 et Abraham en 1738, ces 3 derniers à la Artillery French Huguenot, dans le quartier de Spitalfields. Si Jacques Daubant est le père de ces enfants, il avait 47 ans en 1738 à la naissance du plus jeune. Il était alors déjà grand-père depuis plusieurs années puisque l’aîné de ses petits-enfants (fils de Théodrore) avait vu le jour en 1725 alors que Jacques Daubant n’avait que 34 ans.
Après 1738 je perds définitivement sa trace, mais je ne désespère pas d’en apprendre un jour davantage.
* décret de prise de corps : ordre d’arrestation donné par une autorité judiciaire
** prêcher au désert : les prêches dans la clandestinité lors des assemblées du désert.
Sources :
Les pasteurs de Foussais
Lièvre, Auguste-François. Histoire des protestants et des églises réformées du Poitou : vol. 2
Le protestantisme en Bas-Poitou
Bulletin de Mervent N°51 : La Citardière
Un grand merci au Pasteur Denis Vatinel pour ses éclaircissements et ses précisions lors de mes recherches sur Jacques Daubant.
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