
Paraître devant Dieu à la congrégation des Fontenelles
Eugène et François NOIREAU sont frères, ils sont nés tous les 2 à Boismé, Eugène, le 24 janvier 1841 et François le 21 août 1848. Ils sont les fils de François NOIREAU, bordier, et Louise MORTEAU. L’aîné en 1861 est exempté pour défaut de taille. Le jeune homme qui ne sait ni lire ni écrire mesure donc moins d’1 mètre 56. Quant à son frère, je n’ai pas trouvé sa fiche matricule mais il semble bien avoir été aussi exempté.
En 1870, ils habitent tous les deux à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai. L’un et l’autre se retrouvent versés dans la garde mobilisée, après la déclaration de guerre à l’Allemagne. L’armée française a besoin de nombreux soldats et rappelle même les exemptés. Leur parcours militaire est peut-être identique mais je n’en ai pas trouvé la trace. Hélas pour eux, il finit de façon similaire et tragique. Comme tant d’autres, ils contractent la variole et sont soignés à l’hospice de Niort.
L’hospice de Niort a soigné durant la période de la guerre 1870-1871 plus de 4 500 militaires malades et blessés. Les cas de variole préoccupent particulièrement. Pour éviter que la maladie se propage davantage, les soldats déjà contaminés sont envoyés le 22 janvier 1871 à quelques kilomètres de là, à l’ambulance des Fontenelles de Souché qui a été ouverte en urgence dans une congrégation religieuse tenue par des sœurs. En tout 191 soldats atteints de variole ont été envoyés aux Fontenelles du 22 janvier au 1er mai.
Les frères NOIREAU font sans doute partie des premiers malades isolés aux Fontenelles. Le 3 février 1871 à 3 heures du matin, François, 22 ans, décède de la variole. 5 jours plus tard, le 8 février à 1 heure du matin, son frère aîné Eugène, 30 ans, succombe à la même maladie. 44 autres jeunes hommes soignés dans cette ambulance sur les 191 meurent de la variole. Parmi eux, 32 étaient des soldats des Deux-Sèvres comme Théodore BENOIST de Faye-l’Abbesse, François DUJOUR de Neuvy-Bouin ou Louis GABARD de Gourgé. La plupart de leurs noms se retrouvent sur un monument aux morts au centre du cimetière de Souché, mêlés à ceux des natifs de la commune décédés loin de chez eux, avec cette devise :
MORTS POUR LA PATRIE, À NOUS LE SOUVENIR, À EUX L’IMMORTALITÉ.
Bel article. En tant que chargée de mission pour le Souvenir français, je me permets de souligner que la devise « A nous le souvenir, à eux l’immortalité » est celle de notre association, une des plus vieilles de France (puisque créée après la guerre de 1870 justement). Nos 3 missions essentielles aujourd’hui : entretenir les tombes de Morts pour la France, conserver le souvenir des événements historiques, transmettre tout ça aux jeunes générations. Pour en savoir plus : https://le-souvenir-francais.fr/
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Merci pour ces précisions Isabelle. Le Souvenir français était présent lors des Journées de la généalogie du Cercle généalogique des Deux-Sèvres à Saint-Maixent-l’École début octobre consacrées à cette guerre de 1870 avec une belle exposition.
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