W comme Wagons et machines

Au recensement de 1872, Henri Denis vit au puits Sainte-Marie avec son épouse Marie Faure et 2 filles de 13 et 10 ans : Angèle et Mathilde. Henri est mécanicien, c’est un grand voyageur et suivre son parcours n’est pas simple. Heureusement la naissance de ses enfants m’a permis de retrouver sa trace.

Louis « Henri » Denis naît vers 1823 sans que je sache où en France. Rien non plus concernant son mariage avec Mélanie « Marie » Victoire Faure, au point qu’il m’arrive de douter que cette union ait eu lieu ! Pourtant, j’ai retrouvé la trace de Marie. Elle est née à Lus-la-Croix-Haute dans la Drôme en mars 1829, mais elle ne s’est pas mariée dans ce village.

En tout cas, le couple ne s’installe pas dans le Drôme. Je les retrouve en 1851 à Nantes, rue des Carmes, au moment de la naissance de leur fille Henriette Denis. Henri Denis est alors serrurier et Marie Faure couturière. En mai 1853, ils sont toujours à Nantes, rue Clisson, et Henri est toujours serrurier. En août, ils ont déménagés à Saint-Jean-de-Boiseau, à l’ouest de Nantes, c’est là que décède à l’âge de 3 mois leur fils Eugène Victor.

Début 1855, changement de métier et d’adresse. Henri est maintenant ajusteur et demeure à Rochefort en Charente-Inférieure, 15 rue Lafayette.

Cette nouvelle installation ne dure pas puisqu’en septembre 1856 leur fils Alphonse Eugène Denis, âge de 18 mois, meurt au domicile de sa grand-mère maternelle à Lus-la-Croix-Haute, dans la Drôme. Marie Faure est sans doute là avec ses enfants, mais Henri est absent car il est maintenant mécanicien ambulant. Henri a sans doute déposé momentanément sa famille chez sa belle-mère pour rejoindre une autre destination. Cette hypothèse est confirmée par la naissance d’une petite fille, Angèle, en février 1858 à Marseille, 18 rue du Poirier. Henri est mécanicien et Marie tailleuse d’habits.

Je perds ensuite leur trace jusqu’au recensement de 1872 à Saint-Laurs. Où et comment Henri avait-il entendu parler des mines ? Le couple vit alors avec les 2 plus jeunes filles Angèle et Mathilde et leur fille aînée, Henriette, vient d’épouser Henri Perbos. Henri Denis et Marie Faure vont faire une longue halte à Saint-Laurs, puisqu’ils y demeurent encore en 1883. Ils habitent au puits Sainte-Marie, celui-ci est fermé depuis 1860, Henri travaille sur un ou plusieurs autres puits. En tout cas, il est le seul mécanicien sur le recensement de 1872.

Henri Denis travaille dans un atelier sur le carreau de la mine. Il y assure réparation et fabrication. C’est un poste essentiel, il doit veiller au bon fonctionnement des machines et du matériel. Parfois, il peut descendre au fond du puits le temps d’une réparation sur un des sites d’extraction. La mine de Saint-Laurs dispose de diverses machines à vapeur, et ce dès 1842. En 1855, le département des Deux-Sèvres compte 9 machines et 3 sont utilisées aux mines de Saint-Laurs, preuve que la direction des Houillières a compris tout l’avantage d’en équiper ses installations.

En 1887, nouveau déménagement. Alors qu’Henri a déjà 64 ans, il travaille comme mécanicien à Port-d’Envaux, dans l’actuelle Charente-Maritime.  Pourtant, le 9 septembre 1894, Marie Faure meurt à Saint-Laurs au puits Sainte-Marie, à l’âge de 67 ans. Henri Denis semble vivant mais ce n’est pas lui qui déclare le décès et je ne trouve ensuite aucune trace de lui ni dans la commune, ni ailleurs en France. Henri semble avoir eu le désir de bouger toute sa vie, peut-être était-il parti vers d’autres destinations…

Quant à ses filles, Henriette, l’aînée, reste à Saint-Laurs après son mariage avec Henri Perbos. 9 enfants y naissent et certains y resteront toute leur vie. Mélanie, se marie à Saint-Laurs en 1883 avec Victor Berloquin, comptable au chemin de fer d’Orléans et originaire d’Indre-et-Loire. Elle le suit au gré de ses mutations jusqu’à sa mort, à l’âge de 46 ans à Saint-Junien en Haute-Vienne. Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant et, après son veuvage, Mélanie rejoint Saint-Laurs pour vivre avec sa sœur Henriette, c’est là qu’elle meurt à 44 ans. Quant à Mathilde, je perds ensuite complétement sa trace après le recensement de 1872.

Les filles d’Henri et de Marie auront bien moins voyagé que leurs parents, mais les déplacements de l’enfance leur avaient peut-être suffi pour toute leur vie.