
« Défie-toi du bœuf par devant, de la mule par derrière, et du moine de tous les côtés. »
Miguel de Cervantès. Les Nouvelles Exemplaires
Jacques TRUTIN occupe une place très marginale dans mon arbre généalogique. Pourtant, c’est la deuxième fois qu’il a droit à un article sur ce blog. J’avais raconté sous la forme d’un drame en 5 actes ses contrats de mariage. C’est un véritable drame que je raconte aujourd’hui puisqu’il est question de son décès.
Né vers 1740, Jacques TRUTIN a épousé Françoise BAUDOUIN à Geay en 1767. Elle lui a donné peu après leur mariage un fils, sans doute unique, prénommé Jacques comme son père. La famille est établie dans la commune de Faye-l’Abbesse, plus précisément dans une borderie du village de Chaume. C’est là que le père et mari décède à l’âge de 50 ans, le samedi 19 juin 1790, comme le relate le curé :
« L’an mil sept cent quatre vingt dix et le vingt de juin, par nous curé soussigné, a été inhumé au cimetière de cette église Jacques Trutin bordier au village de Chaume en cette paroisse où il a été tué hier par un bœuf âgé de cinquante ans ou environ… »

Le curé nous donne ainsi les circonstances du trépas de son ouaille : tué par un animal domestique, un bœuf en l’occurrence, sans doute par devant si on croit en l’avis de Cervantès mis en exergue. Et bien sûr, tout le monde a compris que c’est le paysan et non le bœuf qui est âgé de 50 ans ou environ.
Mourir tué par un animal domestique (bœuf, taureau, cheval, mule…) était sinon fréquent sûrement assez courant autrefois, même si les registres ne sont pas forcément bavards sur les circonstances des décès. Dans les Deux-Sèvres, le Cercle généalogique a relevé le décès à Marnes de Pierre BRECHET mort sur le champ le 4 septembre 1715 d’un coup de pied de mule (sans doute par derrière, je fais confiance à Cervantès).
Voici, selon une vidéo du magazine Brut, par ordre de danger le top 7 des animaux tueurs en France (métropole et outre-mer) aujourd’hui. Le bœuf en fait toujours partie :
1/ les moustiques
2/ les guêpes et abeilles
3/ les sangliers, cerfs et chevreuils (responsables d’accidents de la route)
4/ les bovins (comme pour notre pauvre Jacques Trutin)
5/ les requins
6/ les chiens (morsures)
7/ les serpents.
Moralité : aujourd’hui comme hier, les plus gros animaux ne sont pas forcément les plus dangereux.

Les bovins restent dangereux, c’est certain ! Je suis étonnée de la première position des moustiques : c’est à cause des maladies qu’ils transmettent je suppose ? C’est vrai qu’il y en a une palanquée…
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Le site comptabilise aussi les décès outre-mer, c’est peut-être une autre explication.
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La 5ème cause est forcément outre-mer car on a du mal à imaginer un mort par requin dans la Manche 😅 pour les bovins cela ne m’étonne pas trop. Un éleveur laitier, ami de mes parents, disait qu’il se méfiait toujours de ses bêtes même s’il les connaissait bien…
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Eh oui, nos amis les bêtes sont parfois imprévisibles ! J’ai quelques histoires d’enfants dévorés par des cochons, ou d’hommes tués par un coup de sabot de cheval ! J’adore le proverbe d’entrée ! Le moine arrive-t-il à la lettre M ?? 🙂
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Pas trouvé de moine assassin encore (mais je ne désespère pas) !
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Super citation pour commencer 😀. C’est vrai que dans les campagnes, les accidents graves avec les animaux n’étaient pas rares.
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Cervantès a la réputation d’être un rigolo, ça doit être vrai !
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