
"Qu'un enfant fût conçu, qu'il arrivât à terme, que la mère ne mourût pas en couches, que l'enfant fût bien portant, ils priaient..."
Alice Ferney. L’Élégance des veuves
Hilaire AUBERT n’a pas eu de chance mais ses deux épouses en ont eu encore moins. Elles ont connu le sort funeste de nombreuses femmes à une époque où donner la vie était un danger pour celle des mères.
Hilaire AUBERT est né en 1623 à Terves. Il est le fils de mes ancêtres Mathurin AUBERT et Nicole MARSEIL et le frère de mon ancêtre Marie AUBERT. Arrivé à l’âge adulte, il devient bordier, paysan, comme tant d’autres de mes aïeux. Le 1er juillet 1652, il épouse à Terves Jacquette FAUCON. Un an plus tard, le 26 octobre 1653 nait la petite Mathurine qui ne vit qu’une journée. Le surlendemain, c’est la mère qui décède des suites de cet accouchement difficile. Si on pouvait en douter, l’acte de sépulture rédigé par le bon curé Alexis MUSSAULT donne les circonstances de son décès :

« Le 29e jour d’octobre 1653 a été inhumée au cimetière de cette paroisse le corps de Jacquette Faucon […] en gésine et d’une saignée au bras où la gangrène est mise et lui a causé la mort laquelle était âgée de 29 à 30 ans. »
Hilaire AUBERT tarde 3 ans avant de se remarier. Le 24 juin 1656, toujours à Terves, il épouse en secondes noces Marie TURPAULT. 2 filles, Perrine et Mathurine, naissent en 1657 et 1658. Le 28 décembre 1661, c’est un garçon prénommé Pierre qui apparait mais là encore l’accouchement se passe très mal. L’enfant décède 3 jours plus tard le 31 décembre et sa mère à son tour le 1er jour de l’année 1662. Le curé Alexis MUSSAULT donne encore une fois les circonstances du décès :

« Le premier jour de l’an mil six cent soixante-deux fut inhumé le corps de Marie Turpault vivante femme d’Hilaire Aubert […] âgée de 35 ans […] étant en gésine accouchée dudit Pierre Aubert »
Après le décès de sa deuxième épouse, morte en gésine (en accouchant), dans les mêmes circonstances que la première, il ne restait à Hilaire que les yeux pour pleurer. Je perds définitivement sa trace. S’est-il remarié ? Je n’ose le souhaiter !
Aujourd’hui, les morts maternelles sont devenues un événement rare en France. On compte 10 décès environ pour 100 000 naissances. Ce n’était pas le cas autrefois, avant les progrès de l’obstétrique et de l’hygiène. Des études faites sur la France rurale autrefois donnent des chiffres entre 1 200 à 2 900 décès pour 100 000 naissances. Quand on sait que la moyenne des naissances par femme était de 6 enfants, la mortalité maternelle était sans doute le plus grand risque de décès féminin.

C’est tellement triste ces décès… Je ne connaissais pas l’expression « en gésine » par contre.
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C’est toujours déchirant de voir se suivre deux actes : le baptême (dans le meilleur des cas) d’un enfant et le décès de la mère dans les jours qui suivent. Il y en avait tellement !
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Il est temps que le challenge se termine… Nous aussi, nous avons nos yeux pour pleurer !
Point positif : j’ai appris un nouveau terme : « en gésine »
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