
« Lorsqu’il se retrouva dans son cabinet, il marcha droit à un tiroir où il cachait un revolver. Après avoir examiné cette arme, il dit tout haut, comme pour prendre un engagement formel vis-à-vis de lui-même :
— Allons, c’est assez, je me tuerai tout à l’heure. »
Émile Zola. Nantas (nouvelle)
Qu’est-ce qui n’allait pas dans l’existence de Flavien REAU ? Il semblait mener une vie tranquille ! Le fils d’Eugène REAU tisserand, et de Marie-Madeleine PRUNIER, est né en 1845 à Coulonges-sur-l’Autize d’où il ne bougera pas. Il épouse en 1871 Élisabeth AIMÉ, la fille d’un marchand de bois. Le mariage semble heureux malgré le décès de leur premier enfant âgé de quelques mois. Deux filles, Rachel et Fernande, naissent en 1874 et 1875 et grandissent sans soucis particuliers. Flavien ne doit pas manquer de travail puisqu’il exerce le double métier de perruquier et de cafetier. Il marie sa fille aînée, Rachel, le 12 juillet 1893 avec un peintre, Florentin ROYER.
Moins d’un mois plus tard, le six août à 3 heures du matin, Flavien REAU trépasse. L’acte de décès ne nous apprend rien sur les circonstances de sa mort.
« L’an mil huit cent quatre vingt treize, le six du mois d’août sur les huit heures du matin […] sont comparus Royer Florentin âgé de vingt-sept ans demeurant à Coulonges profession de peintre qui a dit être gendre du défunt, Fauger Amédée âgé de quarante cinq ans demeurant à Coulonges profession de poëlier qui dit être beau-frère du défunt, lesquels ont déclaré que Reau Ernest-Flavien-Eugène profession de perruquier est décédé dans cette commune le jour dit à trois heures du matin, en son domicile… »
Il serait mort en son domicile ? Pas tout à fait. Cela a failli être le cas mais il décéda en fait devant son domicile. C’est la presse, en l’occurrence le Mémorial des Deux-Sèvres daté du 8 août 1893, qui nous révèle cette fois dans quelles conditions se passa son trépas. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne se déroula pas tranquillement.
Selon le journal, le malheureux voulait mettre fin à ses jours. Il a d’abord tenté de se trancher la gorge dans son grenier au milieu de la nuit. La mort n’étant pas assez rapide, il s’est finalement défenestré et a fait une chute mortelle d’une hauteur de 6 mètres. Le drame n’a pas troublé le sommeil de son épouse qui faisait chambre à part. Son corps n’a été découvert qu’à 4 heures du matin. Quant aux motivations du suicide, elles semblent inconnues. Le mariage récent de sa fille a-t-il eu un rôle déclencheur ?
On estime entre 8 000 et 9 000 le nombre de suicides chaque année en France, soit un taux de 12 pour 100 000 habitants. Il a fortement décru ces dernières année puisqu’il était de 22 pour 100 000 en 1985. Trois quarts des suicidés sont des hommes. On observe aussi de grandes disparités selon l’âge, le groupe social, la région, l’orientation sexuelle…
Qu’en était-il autrefois ? Je n’ai pas trouvé de statistiques précises mais il suffit de se pencher dans la presse du XIXe siècle pour voir que ce n’était pas un problème marginal. Les journaux racontaient volontiers les morts par suicide en donnant les noms des défunts, les circonstances et les causes sans respecter la douleur des familles. Rien que pour le mois d’août 1893, le Mémorial des Deux-Sèvres révèle huit autres morts volontaires : un homme pendu à son domicile, un autre dans une grange, une femme se jetant dans un puits, un homme noyé dans le Thouet et un autre dans la Sèvre, une mère et son fils asphyxiés par un réchaud, une femme se tirant un coup de fusil dans le ventre. Le journal nous en donne parfois les raisons : désespoir dû à des difficultés de règlements de compte de famille, chagrin de famille, raison ébranlée, rhumatismes incurables…



Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il était bien décidé 😯
Dommage qu’il n’y ait aucun indice sur ses motivations…
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Il aurait aussi pu en plus allumer le gaz et avaler tous les médicaments pour être sûr de son coup.
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C’était malheureusement assez courant, et pour mille raisons. Triste fin.
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Triste, mais originale !
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Le suicide, une façon de mourir culpabilisante pour l’entourage.
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Parfois… peut-être même souvent.. et. qui questionne toujours ceux qui restent
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Se trancher la gorge puis se défenestrer !! Aujourd’hui, il y’aurait suspicion de meurtre, quand même ! 🤔
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Je n’y ai pas pensé… j’aurai fait un mauvais policier !
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On peut dire qu’il avait de la suite dans ses idées 😔
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