
« Le bagne, les travaux les plus pénibles ne développent dans le criminel que la haine, que la soif des plaisirs défendus, qu'une insouciance effroyable. »
Fiodor Dostoïevski. Souvenirs de la maison des morts
J’aurai pu évoquer la triste fin à 57 ans de Louise JULIEN, veuve sans enfant du laboureur François MAILLET demeurant à Saint-Cyr-la-Lande. On l’a retrouvée morte le 3 mai 1830 à quelques kilomètres de chez elle, au Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire) apparemment noyée depuis 3 ou 4 mois. Malheureusement, ce n’était ni un accident, ni un suicide mais un crime qui avait été commis le 4 novembre 1829. Je ne parlerai donc pas de sa mort, je préfère vous parler du décès de ses meurtriers.
Les coupables sont des proches, Louis GIBOUIN (dit Blot) et René ROUGÉ (dit Cognard), tous les 2 vignerons. Le premier assassin est un fils que sa sœur Marie-Jeanne JULIEN a eu avec René GIBOUIN, le second, époux de Marie GIBOUIN, est le beau-frère du premier. Ils sont donc tous les deux les neveux de la victime. Ils sont accusés d’avoir assassiné leur tante pour lui subtiliser les clés d’une armoire et de deux coffres. Les suspects arrêtés, le procès peut se dérouler rapidement. Il commence le 2 juillet 1830. On les juge coupables mais il n’y a eu ni préméditation de tuer, ni vol (zut, ils ne sont donc finalement pas kleptomanes). Les deux hommes échappent ainsi à la peine de mort. Ils sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Cette peine ne vaudra guère mieux pour les accusés qui sont auparavant marqués au fer rouge des lettres TP.
Ils vont purger leur peine au bagne de Rochefort. La perpétuité durera 5 ans pour l’un et 12 ans pour l’autre. La vie des bagnards y est rude et insalubre : ils sont chargés de la manutention de lourdes pièces de bois ou du halage des navires.
En conséquence, la vie des bagnards est souvent courte.
Louis GIBOUIN décède le 26 janvier 1835 à 5 heures du matin à l’hôpital de la marine, âgé de 34 ans.

7 ans plus tard, René ROUGÉ décède de fièvre le 25 juin 1842 à 11 heures du soir au même hôpital à l’âge de 53 ans.


Louis GIBOUIN et René ROUGÉ ne sont pas les seuls à décéder prématurément au bagne. Louis René VILLERMÉ dans sa Note sur la mortalité parmi les forçats du bagne de Rochefort en faisait déjà vers 1830 un constat froid et cruel. Entre 1817 et 1827, il relève une moyenne de 160 décès par an pour une population carcérale variant entre 1400 et 2000 individus, Ce qui donne un taux de mortalité moyen de 8,7 %. Ce qui ne l’empêchait pas d’en tirer une conclusion glaçante :
« S’il faut absolument, ce que je ne saurais dire, qu’il y ait un grand port à Rochefort, mieux vaut que les travaux insalubres que l’entretien de ce port exige soient faits par des criminels avérés que par d’autres ouvriers, tout comme s’il faut que les vivres de qualités inférieures qui sortent des magasins de la marine soient consommés, mieux vaut par ceux-là que par ceux-ci : la mort d’un forçat est bien moins à regretter que celle de tout autre individu. »
Kleptomanes ou pas… Force est de constater leur crime ! Ils ont échappé à la peine de mort mais le bagne, c’est du kif-kif !
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Pas de condamnation à mort mais au bout du compte une mort à petit feu. Machiavélisme ou pas 🤔
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Tuer sa tante pour lui voler une clé… C’est un poil excessif !
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