Les mines de charbon ne sont pas l’apanage du nord de la France. Ainsi, des études sur la bassin houiller de Vendée ont été menées vers 1830. Le gisement s’étend depuis Vouvant jusqu’à Saint-Laurs, petit village limitrophe des Deux-Sèvres. En 1840, le marquis de Nettancourt obtient, après plusieurs forages, une concession pour le bassin houiller de Saint-Laurs. Il l’exploite jusqu’en 1861, date à laquelle il se retire, laissant la place à ses 2 gendres qui forment « la Société civile des Houillères de Saint-Laurs ». La houille exploitée sert en premier lieu à faire fonctionner les fours à chaux leur appartenant.

Quand l’exploitation commence, Saint-Laurs est un petit bourg de 700 habitants qui vit principalement de l’agriculture. Pendant longtemps, la population locale fournit la main-d’œuvre nécessaire au fonctionnement de la mine, en dehors des postes d’encadrement. On voit donc de nombreux villageois, comme mon arrière-grand-père Auguste Morisset, cumuler les métiers de mineur et paysan. La grande majorité des travailleurs est originaire de Saint-Laurs ou du canton de Coulonges-sur-l’Autize. Seulement 20 % viennent d’autres départements. Les employés s’installent avec leur famille près de leur lieu de travail, la population ne cesse d’augmenter jusqu’en 1906 pour atteindre 1 300 résidents.
En 1896, la commune compte déjà plus de 1 200 habitants et, parmi eux, quelques 180 mineurs. Au fond de la mine, l’ouvrier mineur gagne alors 3,30 francs par jour, le manœuvre et le machiniste 2,40 francs. À la surface, les hommes et les enfants qui travaillent sur le « carreau » et qui trient le charbon en fonction de sa qualité, sont payés moins de 1,75 francs.

Le droit de grève n’est reconnu aux ouvriers qu’en 1864 et celui de fonder un syndicat en 1884. Dans son numéro du 1er avril 1896, L’ouvrier syndiqué, le bulletin de l’Union des Chambres Syndicales Ouvrières des Bouches-du-Rhône relate la constitution de la Chambre syndicale des ouvriers mineurs de Saint-Laurs le 2 février 1896, laquelle compte 157 membres. On voit donc qu’une très grande majorité des travailleurs adhère au syndicat. Son existence va rendre possible la première grève en février 1896 pour la défense de l’emploi et pour des revendications salariales.
Enfin, il faut ajouter que vers 1894, à Saint-Laurs comme ailleurs, les salaires ont baissé au moment de la mise en application de la législation sur les caisses de retraite qui impose au patronat de contribuer aux pensions des mineurs. Pour trouver le financement, la Société des Houillères cherche à faire des économies, notamment sur les salaires. L’effort demandé aux ouvriers de Saint-Laurs est plus important que celui demandé à leurs collègues de Vendée. Le mécontentement gronde, il n’attend qu’une étincelle pour exploser. Et quand le 4 février, en arrivant au travail, les hommes sont informés que 30 d’entre eux sont licenciés au 1er avril et 8 mis à la retraite, la grève est déclarée !
A suivre …
Intéressant sujet illustrant la vie d’un ancêtre, de son village.
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