Au XIXe siècle, dans la famille Robin-Jaudeau à Saint-Laurs, je trouve plus d’enfants naturels que partout ailleurs dans mon arbre. Cette particularité a attiré mon attention.

Pierre Robin et Marie Jaudeau ont eu 5 enfants.
Pierre, le fils aîné, épouse Rose Babin avec qui il a 10 enfants. Une de ses filles, Augustine, met au monde en 1869, à l’âge de 21 ans, une petite fille, baptisée Rose-Augustine, née de père inconnu. La petite meurt à 3 ans et peu après, en 1874, Augustine épouse un veuf. Néanmoins sa vie sera courte puisqu’un an après le mariage elle décède à son tour.
Leur second fils c’est François Robin, je ne vais pas vous le présentez longuement, vous le connaissez peut-être déjà : c’est le premier mari de Louise Lormaud. Son épouse Louise était née de père inconnu. Ce couple n’a pas eu d’enfant.
Jean-Baptiste Robin, le 3ème fils, épouse Marie-Victoire Barbin. Ils ont 5 enfants, dont Marie-Florentine qui a 2 enfants hors mariage : Alida qui naît en 1884 puis Florent 3 ans plus tard. En 1889, Marie-Florentine épouse Charles Henry, mais l’époux ne reconnaît pas les enfants.
Cependant, c’est Louise Robin, la seule fille de Pierre et Marie Jadeau, qui a le parcours le plus étonnant.
Louise est domestique chez Pierre Canteau à La Renière, un hameau de Saint-Laurs.
Mais pour raconter son histoire, il faut d’abord nous intéresser à celle de Pierre Canteau. Pierre est né au début du XIXe siècle, il est cultivateur. En 1831, à l’âge de 24 ans, il épouse Françoise Chabot. Elle lui donne 2 filles mais elle meurt alors qu’elle n’a que 31 ans. Le recensement de 1836 me confirme que Pierre est veuf, qu’il vit avec Rose sa fille ainée (la seconde est morte à 5 mois) et une servante, Jeanne Champeau.

Jeanne est-elle venue pour s’occuper de la maison et de la petite fille ? Était-elle placée dans cette maison avant la mort de la première épouse ? Je ne le sais pas. Mais un an plus tard, en juillet 1837, Pierre Canteau épouse Jeanne Champeau. En 1845, un fils, Louis, naît de leur union. Hélas ! Jeanne Champeau va à son tour mourir en 1847, laissant son mari seul avec 2 enfants, Rose et Louis.
C’est sans doute à ce moment là que Louise Robin entre dans leur vie. Comme Jeanne Champeau, Louise Robin (la fille de Pierre Robin et Marie Jadeau) arrive à la Renière comme domestique chez Pierre Canteau. Elle aussi va prendre une place importante dans la maison. Elle s’occupe du ménage, des enfants et est sans doute proche du chef de famille. Leur relation évolue, pour autant, Pierre n’épouse pas sa servante. Toutefois, c’est lui qui, le 10 août 1850, déclare la naissance de Marie-Madeleine-Antoinette, fille de Louise Robin, sa servante, accouchée dans sa maison. Pas de mention de nom de famille pour cette petite fille, mais pas non plus la mention « née de père inconnu ». Tout cela reste très vague, on peut lire entre les lignes, mais rien n’est écrit !
L’histoire ne s’arrête pas là ! 2 ans plus tard, Louise Robin met au monde un petit garçon, Valentin. Cette fois, l’enfant est déclaré et reconnu par Pierre Canteau. Il est fils du déclarant et de sa servante et, à la différence de sa sœur, on lui donne le nom de Canteau. 4 ans plus tard, c’est au tour d’Alexis de voir le jour. Là encore Pierre Canteau le déclare et le reconnaît ! L’enfant est toujours le fils de sa servante. Enfin, le 19 septembre 1859, Angèle voir le jour, comme Valentin et Alexis, elle porte le nom de son père et sa mère est bien sûr la servante de la maison.
2 mois après la naissance d’Angélique, alors que leur situation est connue de tous le village, Pierre Canteau se décide enfin à épouser Louise Robin. Le 24 novembre 1859, le couple s’unit à la mairie de Saint-Laurs. En marge du registre, est noté que Pierre reconnaît comme siens les 4 enfants nés de ses amours avec Louise Robin. Il les légitime et leur donne les mêmes droits qu’à ses autres enfants.

Au recensement de 1872, le couple vit avec 4 enfants. Rose, la fille aînée de Pierre, s’est mariée en 1855 (avant la naissance d’Alexis et d’Angèle) et elle est déjà décédée. Louis se marie l’année suivante et Valentin en 1875. Angèle meurt à 20 ans. Quant à Alexis, absent au recensement, il est sans doute placé dans une ferme du voisinage. Pierre Canteau s’éteint dans sa ferme de La Renière à 69 ans en 1875. Louise décède à 76 ans, le 15 mars 1896.
1, 2 ou 4 enfants naturels, à chaque fois des situations différentes. Si l’on peut trouver quelques points communs à toutes ces naissances hors mariage c’est en regardant la situation des mères. Toutes les 3 sont servantes, placées dans des fermes du voisinage, sous le même toit que leur employeur. Alors que dire de ces amours paysannes : relation amoureuse ou relation imposée ? Difficile de savoir. Pour Louise en tout cas, on peut penser qu’il y avait une part d’amour dans cette longue aventure hors mariage.
Bonjour
j’ai presque la même situation dans ma famille, 3 générations successives de femmes qui ont des enfants naturels, toutes les 3 servantes dans ce pays de Caux du 19émé siècle.Comme si, elles étaient marqués au fer rouge et qu’elles ne pouvaient échapper à leur destin !!!!
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Il semble bien que, quelque soit la région, on trouve des servantes mères d’enfants naturels. Mas c’est toujours étonnant de voir que cela se retrouve sur plusieurs générations dans une même famille. La vie de ces femmes, et de leurs enfants, était sans doute souvent difficile.
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J ai dans la famille de mon épouse son arrière grand mère née en 1879 en Belgique. Son père est dit rentier et sa mère servante. Mais sur l acte de naissance que que nous avons consulté le père ne sachant écrire à signer avec un coeur sans hésitation possible sur la signification. Il y avait de l amour entre le rentier et sa servante. Mais comme cela se passe en Flandre je ai pas pu savoir s il avait fait de sa fille son héritière
Philipe
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Dommage de ne pas en savoir plus ! Quant à l’héritage, cela dépend aussi de l’existence d’autres enfants. J’espère que vous trouverez d’autres informations sur cette filiation.
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Du côté de ma grand-mère paternelle, il y a eu aussi plusieurs générations de mamans célibataires, dont la 1ère avait été également abandonnée à sa naissance et était servante dans une ferme! De ce fait, mon arrière gd-mère ( qui n’a eu que des filles) était très sévère sur les fréquentaitons de celles-ci, ce qui n’a rien empêché d’ailleurs!!
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Je crois que ces mères célibataires n’avaient pas la vie facile, le regard des autres n’était sans doute pas tendre ! Cela explique sans doute la sévérité de cette arrière grand-mère.
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