Pour me distraire de mes recherches sur mes ancêtres et leur service militaire, je continue à lire des bandes dessinées mais celles-ci me ramènent, parfois insidieusement, à la généalogie. C’est le cas avec Macaroni ! signé Vincent Zabus pour le scénario et Thomas Campi pour le dessin (éditions Dupuis).
L’album raconte le séjour de Roméo, un petit garçon d’une dizaine d’année chez son grand-père, à Charleroi. Son père l’ y a déposé pour quelques jours, sans trop d’explications. La relation de l’enfant avec le grand-père va évoluer en même temps qu’il va apprendre à le connaître : le vieil homme, Ottavio, est un Italien, soldat de Mussolini durant la guerre 39-45, qui s’est retrouvé en Belgique une fois la paix revenue, fuyant la misère de son pays natal. C’était un « Macaroni », comme étaient appelés à l’époque ses nombreux compatriotes venus trouver du travail dans les mines de charbon.
C’est une histoire où les femmes sont presque absentes, morte comme la grand-mère, ou partie comme la mère, ou parfois cachée comme Lucie, la petite fille amie de Roméo. Mais elles sont très présentes dans les cœurs, dans les esprits et dans les mémoires. C’est donc une histoire d’hommes, et pourtant d’une grande émotion. C’est une histoire de filiation entre un fils, un père et un grand-père qui apprennent à se parler et à s’aimer. C’est une histoire ancrée dans la réalité sociale et historique, entre 1940 et aujourd’hui, qui parle de la guerre, de l’immigration, du racisme… C’est une histoire de transmission de la mémoire, celle des plus anciens qui s’enfuit avec la maladie alors qu’ils ont tant à raconter.
Et si vous n’êtes pas encore convaincus de la qualité de cette BD, lisez la préface de Salvatore Adamo (si si !) ému par cet album qui lui rappelle son histoire familiale et regardez, admirez les dessins de Thomas Campi. Il sait à merveille restituer un jardin ouvrier ou une chambre à coucher à la tapisserie défraîchie. Et il sait aussi évoquer graphiquement, avec beaucoup de sensibilité, les souvenirs défaillants d’Ottavio.
C’est une BD que j’ai lue et appréciée récemment. Y est racontée avec simplicité cette vie d’immigré refermé sur lui, la difficulté pour le fils de communiquer et comprendre cet homme qu’est son père, et c’est l’enfant qui va recréer le lien.
J’en ai connu un venu de Sardaigne entre les deux guerres, qui a laissé sa famille sans nouvelles pendant toute sa vie (savait-il écrire ?) et c’est le petit fils qui a recréé récemment le lien entre ces deux familles française et italienne.
Merci de nous rappeler ces vies. Et comme nous avons tous des souches extérieures à notre région d’origine, c’est une autre manière d’appréhender la généalogie.
Mauricette
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