Merci à Marc qui m’a mis sur la piste de cette affaire.
1806. Nous sommes sous l’Empire et Napoléon Ier a encore et toujours besoin de troupes pour faire la guerre. La conscription est censée répondre à cette demande. Le service militaire est alors de 5 ans. Pour échapper à un service aussi long, il existe plusieurs possibilités : tirer un bon numéro, se faire remplacer, être exempté (les motifs peuvent être variés : trop petit, prêtre, soutien de famille…) ou alors être réfractaire.
Un réfractaire, c’est un conscrit qui ne s’est pas présenté dans le délai d’un mois au capitaine de recrutement. Le jeune homme qui fait ce choix doit alors se cacher, ses parents peuvent subir une amende comprise entre 500 et 1500 francs et celui qui l’aide peut aussi être passible de poursuites judiciaires. Dans le nord des Deux-Sèvres où le calme a encore du mal à revenir après les guerres de Vendée, les réfractaires sont assez nombreux, mais pas plus qu’ailleurs en France. À force de vivre clandestinement, de fuir les gendarmes, certains de ces jeunes gens finissent parfois par former des bandes et parfois par tomber dans la criminalité. C’est le cas d’un petit groupe de réfractaires aux effectifs variables dont on peut suivre la trace violente et sanglante entre 1806 et 1808 dans le bocage.
– 28 janvier 1806 : Les gendarmes à pied de Courlay André-François CHATELAIN, 36 ans, né à Saint-Lyé-la-Forêt (Loiret), et François BOURGEAT, 32 ans, né à Ravilloles (Jura), conduisent sous bonne garde des jeunes réfractaires à Bressuire. Ils sont attaqués et abattus par la bande sur la commune de Clazay. Les meurtriers se partagent les biens trouvés sur les dépouilles des 2 gendarmes.

– 25 mai 1807 : 5 individus armés de fusil arrêtent et volent 350 francs à François-Augustin CHATEAU, le percepteur des impositions de La Forêt-sur-Sèvre en menaçant de le tuer. Il revenait avec sa recette de la commune de Saint-André-sur-Sèvre .
– Nuit du 10 au 11 septembre 1807 : c’est l’affaire de la grange de L’Auderie (à Largeasse sans doute). Les gendarmes qui poursuivent la bande y essuient des coups de feu. Le maréchal des logis Jean-Noël RAFFÉ est blessé à la poitrine.
– 1er octobre 1807 : 3 individus armés s’introduisent dans la maison de Martin BOCHE de Chanteloup et y dérobent un fusil à 2 coups.
– 3 novembre 1807 sur les 9 heures du matin : une bande de 3 hommes armés de fusils entrent dans la maison de M. BODET de la Forêt-Monpensier au Breuil-Bernard pour y voler des armes : 3 fusils à 2 coups, un pistolet à 2 coups, 2 pistolets simples et une poire à poudre.
– Soirée du 18 novembre 1807 : un groupe de 3 individus pénètre dans la maison d’André THOMAZEAU, meunier du moulin du Laidet (Saint-André-sur-Sèvre). Pierre ROTUREAU, journalier célibataire âgé de 43 ans, y est abattu.

– Nuit du 11 au 12 mars 1808 : les gendarmes cernent et attaquent la maison de Jean NOIRAULT à La Fouquetière commune de Scillé où sont cachés 4 individus dont un seul armé d’un pistolet. La bande résiste et exerce des voies de fait envers la gendarmerie. Un d’eux a tiré un coup de feu sur le gendarme François MARCOLLAY. La bande est arrêtée et d’autres arrestations suivent. 3 mois plus tard, ils sont 7 jeunes gens, presque tous réfractaires, et un homme un peu plus âgé à devoir répondre de ces méfaits devant le tribunal de Niort.
Qui sont ces jeunes gens ? De quel milieu familial sont-ils issus ? Quelles seront les décisions de la Justice : seront-ils condamnés à mort, aux galères ou acquittés ? Un de mes ancêtres est-il mêlé à cette mortelle randonnée ?
Vous le saurez très bientôt avec la deuxième partie « Les chemises rouges » (le suspense est insoutenable).
Bonjour, je serais bien intéressée par la source qui relate le coup de fusil sur le gendarme François Marcollay, car c’est une feuille de mon arbre. Auriez-vous la gentillesse de me la communiquer ?
(oui le suspense est insoutenable !! 😀 )
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Volontiers. Je vous les envoie sous peu sur votre messagerie. Je comptais citer mes sources dans la 2ème partie. Ce sont des documents que j’ai trouvé en série U aux Archives des Deux-Sèvres. Il faut juste que je recherche les pages qui vous intéressent. Son frère Pierre Henri Marcollay qui était si j’ai bien compris curé défroqué et maire de Largeasse est témoin aussi au procès qui va suivre !
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J’ai hâte de lire la suite !🙂merci pour tout ce beau travail 👏
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Merci Sylvie, je suis content de voir que tu continues à visiter notre blog !
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Que notre région fut tourmentée pendant… et après la révolution ! Voici un fait inattendu ! Pour un généalogiste c’est une mine de trouvailles, et pour moi lectrice le plaisir de découvrir une nouvelle facette de ces pages d’Histoire. La suite, la suite…
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Patience, patience… dans un mois environ !
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heureux de faire votre connaissance et concernant les archives de largeasse j’ai hâte de vois la suite avec intéressement …….merci de nous faire part de votre travail
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Merci pour le compliment, je traîne un peu pour la suite de cette histoire, mais elle n’est pas oubliée dans un coin de mon cerveau.
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