Pour ce mois de janvier, Sophie nous propose un généathème autour des prénoms rares. Mon grand-père maternel s’appelait Calixte, un prénom qui, sans être rare, est peu fréquent. C’est à lui que j’ai immédiatement pensé pour ce généathème. D’autant qu’en décembre mes parents ont évoqué avec nous quelques souvenirs de Calixte.

Je savais qu’il aimait les voitures, il en a possédé une assez vite, à une époque où les campagnes françaises n’en voyaient pas beaucoup. Il a acheté la première dans les années 20.
Cet amour de la vitesse, il le transmet à son fils unique, Jean (mon oncle), lequel s’achète, dès qu’il le peut, une moto. Jean est un passionné de mécanique, il souhaite en faire son métier alors que Calixte veut qu’il reprenne la ferme familiale. Alors, dès qu’il a un peu de temps libre, Jean s’échappe pour aller réparer les véhicules de la coopérative agricole voisine. C’est sans doute grâce à l’argent gagné ainsi qu’il peut acquérir sa moto.
Mais l’engin plaît aussi beaucoup à Calixte. Conduire une voiture n’a pas de secret pour lui, alors pourquoi pas une moto ! Il décide donc de se lancer et emprunte la machine à son fils. Cependant, les 2 véhicules présentent quelques différences et la maîtrise de la vitesse n’est pas acquise. Calixte arrive à démarrer dans la cour de la ferme, il relâche doucement le frein mais est incapable de s’arrêter à la barrière et… il traverse la route sans regarder alors qu’il n’a aucune visibilité ! Ce premier essai est suivi de nombreux autres, toujours avec la même inconscience du danger. Céline (ma grand-mère, l’épouse de Calxite) s’insurge contre cette pratique qu’elle juge (à raison) dangereuse. Heureusement, la faible circulation de l’époque lui évite les accidents et Calixte peut poursuivre ses promenades à moto. Elles le conduisent souvent chez le maréchal-ferrant, un lieu de rendez-vous des paysans dans beaucoup de villages. Les jours de pluie notamment, chacun s’y retrouve et les conversations vont bon train. Calixte doit faire sensation en arrivant sur une moto, un véhicule que l’on voit peu et encore plus rarement conduit par un homme d’une soixantaine d’années.
Ainsi vont les histoires et les souvenirs. Cette anecdote nous l’avons évoquée à nouveau en famille pour Noël. En la racontant, ma mère et mon père ont offert à leurs petits-enfants un souvenir de leur arrière-grand-père qu’aucun d’eux n’a connu. Dorénavant, Calixte restera dans leur mémoire comme « l’homme à la moto » comme aime à le dire mon père…
Votre commentaire