En ce début août, je me suis enfin décidé à me rendre à la mairie de Terves pour relever les actes d’état civil concernant ma famille, trop récents pour être consultables aux AD. J’avais peur de déranger mais, bien au contraire, je suis parfaitement accueilli. La secrétaire de mairie m’installe dans la salle des mariages avec les registres que je lui ai demandés. J’y trouve tout ce que je cherche et même plus : surtout des actes de décès, mais aussi les actes de naissance de mes parents et quelques actes de mariage. Parmi ceux-ci, un qui me tenait particulièrement à cœur, celui de mes arrière-grands-parents, Alphonsine Poirier et Gustave Turpaud, en date du 20 novembre 1899.
De la mariée, je n’ai aucune trace. Il faut dire qu’elle est décédée bien jeune, le 13 août 1902, à 24 ans, peu après la naissance de ma grand-mère maternelle. C’est la seule parmi mes 8 arrière-grands-parents dont je ne connais pas le visage, il n’existe pas de photographie d’elle. Je ne connais même pas son écriture. L’acte de son mariage que j’aurais dû trouver aux AD et où elle a sans doute apposé son paraphe est étrangement manquant. Heureusement, les actes sont rédigés en double et celui conservé à la mairie de Terves n’est pas perdu ! Là, penché sur le registre, je suis ravi de retrouver un peu Alphonsine : ses parents sont présents et consentants au mariage, il n’y a pas de contrat, ses 2 frères aînés Mary et Alexandre sont ses témoins et je découvre enfin sa signature.Je peux voir la jolie écriture appliquée d’une jeune fille de 21 ans, juste au dessus de celle plus affirmée de Gustave, celui qu’elle a choisi d’épouser. Rien qu’un nom et un prénom au bas d’une page ! La plume tremble un peu, mais le geste est ample ; j’ai l’impression, en retrouvant ce moment heureux, de redonner un peu de vie à mon arrière-grand-mère. Mon esprit vagabonde, j’essaie d’imaginer Alphonsine ce jour-là : je m’aperçois que le maire qui dirige la cérémonie, c’est Lucien Deborde, un autre de mes arrière-grands-parents ; je me demande où était la mairie il y a plus d’un siècle ; je sais que la salle des mariages où je me trouve présentement ne peut pas être celle où l’union a eu lieu. La mairie de Terves est aujourd’hui installée dans une demeure qui appartenait autrefois à mon grand-père maternel
Le mariage n’a pas eu lieu ici, mais sa fille Marie, ma grand-mère maternelle, y a passé l’essentiel de sa longue vie après son mariage en 1925. C’est aussi très près de cette maison qu’entre 1899 et 1902, Alphonsine a passé sa courte vie d’épouse et qu’elle est décédée !
En regardant cette signature enjouée, je ressens à la fois la joie d’Alphonsine à son mariage, entourée de ses parents et de ses frères aînés et en même temps l’effroi du décès d’une toute jeune maman qui ne demandait qu’à vivre très longtemps !

PS : Alphonsine était le second prénom de mon arrière-grand-mère. Son prénom de naissance étant Philomène, J’ai raconté sa courte existence dans le cadre du « Projet Philomène ».
Un billet rempli de tendresse …
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La tendresse, c’est tout moi ! 😉
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C’est une sacrée chance de pouvoir entrer dans une maison qui a appartenu à sa famille. As-tu demandé à la gentille secrétaire de mairie si tu pouvais visiter ?
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Je n’ai pas trop osé demander mais j’ai quand même jeté un tout petit coup d’œil (j’ai honte). Quand j’étais enfant, je n’ai connu que la moitié de cette maison car elle avait été divisée en 2 suite à un héritage. C’est dans une de ces 2 parties qu’habitaient mes grands-parents et que ma mère est née. Elle est aujourd’hui réunifiée. La salle des mariages de la mairie actuelle, là où j’ai travaillé, correspond au séjour-chambre de mes grands-parents et à une petite pièce à vivre (la cloison qui les séparait a sauté). Il y a aussi un escalier dans cette salle, le même qu’autrefois qui mène à l’étage. La secrétaire m’avais dit que c’était devenu un lieu d’entrepôt. J’ai jeté un coup d’œil furtif et rapide et comme les portes des 2 ex-chambres étaient ouvertes, j’ai vu que les tapisseries et les volumes étaient comme autrefois ! Il faudra que j’y retourne un autre jour, car ce qui correspondait à la cuisine et aux pièces d’eau de la maison familiale, c’est devenu la bibliothèque, mais elle n’était pas ouverte ce jour là !
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merci d’avoir partagé ce moment d’émotion avec nous…
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D’émotion avec un zeste de nostalgie.
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Évocation très émouvante.
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Merci Anne-Marie pour ton petit mot 🙂
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je suis passionnée par la généalogie et suis aussi en train de faire mon arbre,
je comprend les sentiments que l’on ressent, les naissances mariages et naissances, c’est comme si on y était.
Elle est superbe cette maison !!!!! magnifique,
bonne continuation
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Merci Julie. De toute évidence, nous sommes de plus en plus nombreux à tomber dans ce piège terrible qu’est la généalogie, et j’en suis heureux ! A quand une rubrique dédiée dans « le blabla de l’espace » ?
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Wahou quel moment d’émotion ! C’est même incroyable que tu ne l’aies pas anticipé…
Et ce moment de curiosité mêlé à un certain malaise (honte, dis-tu !), je connais cela pour l’avoir vécu dans un rêve récurrent où je reviens dans la maison de mes parents.
La succession des événements racontée dans ce billet est particulièrement dense.
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Je n’anticipe pas beaucoup dans la vie. Je m’intéresse au passé et je vis l’instant présent. Du coup, quand il faut réfléchir sur le futur et anticiper, il y a quelques ratés ! Mais ce n’est pas grave, j’ai finalement réussi à ressentir pleinement l’instant. Le moment d’émotion était d’autant plus grand que j’y suis allé avec ma mère qui n’avait pas mis les pieds dans sa maison natale depuis qu’elle est devenue une mairie il y a plus de 20 ans. Une très bonne journée donc !
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Quelle émotion de lire l’écriture de notre ancêtre Alphonsine, et revoir la maison de nos grands parents 😍 papa aurait été passionné par votre travail… Merci en tout les cas.
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Merci Sylvie. La généalogie est bien plus facile pour notre génération que pour celle de nos parents. Papa aurait sûrement aimé lui aussi chercher dans le passé de nos familles tout comme « tonton Pierre ». Bises !
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