
Une visite, sur la commune de Monsireigne en Vendée au musée de Bois-Tiffrais* consacré au protestantisme, m’a donné envie de faire le point sur mes ancêtres huguenots. La religion de Calvin et Luther tolérée depuis Henri IV avait accueilli de nombreux convertis dans le Poitou mais ce mouvement fut brisé à la fin du XVIIe siècle par Louis XIV avec les dragonnades et les abjurations forcées. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui m’ont permis de connaître la religion de quelques uns de mes aïeux. Voici, en résumé, l’état actuel de ce que je sais sur eux…
Jean Joly (1655-1692), notaire de la baronnie de Bressuire, et Louise Branchu (1660-1712), mes sosas 516 et 517. Louise abjure sa religion le 2 septembre 1678 à Terves, dans une période déjà difficile pour ceux qui font acte de foi protestante, même si nous sommes avant la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Elle était déjà mariée avec Jean Joly, sans doute depuis peu. C’est pourtant le seul acte d’abjuration dans cette paroisse. Le couple a plusieurs enfants entre 1683 et 1690. En 1692, le mari, Jean Joly, décède au Breuil-Bernard. L’acte de sépulture nous confirme qu’ils ont bien été auparavant protestants (…le dit Joly converti avec sa famille il y a 8 à 10 ans s’est toujours fort bien comporté en véritable catholique…) Il est vrai que, pour conserver la profession de notaire, il fallait depuis 1682 être catholique. La conversion de la famille a dû être définitive car un des enfants, mon ancêtre Jacques Joly, est devenu sacristain. De Jean Joly, j’ignore toute l’ascendance. De sa veuve Louise Branchu, je pense connaître son père, René Branchu (sosa 1708), un frère, René, et 2 sœurs, Marie et Suzanne, mais j’ai encore quelques doutes sur cette famille qu’il va me falloir étudier davantage.
Jacques Fillon (vers 1650-< 1685) et Perrine Talbot (1655-< 1715), mes sosas 1908 et 1909. Quand Perrine doit abjurer sa religion le 19 septembre 1685 à Moncoutant, celle-ci est déjà veuve. C’est la période des dragonnades dans le Poitou et la paroisse de Moncoutant est davantage touchée que d’autres à cause de son prêtre, Alexis Bellouard, particulièrement virulent contre les « hérétiques ». Perrine Talbot ne s’est jamais remariée. Je ne lui connais qu’un fils unique, mon ancêtre Louis Fillon, journalier, dont la descendance demeure catholique. Là aussi, il me reste à chercher quels peuvent être les parents de Jacques Fillon et de Perrine Talbot dont j’ignore tout. Il me faudra pour cela sortir des registres paroissiaux et explorer d’autres pistes.
Aimée Normand (vers 1661-1707) et sans doute son mari François Auditeau, notaire, (vers 1655-< 1719) mes sosas 2047 et 2046. J’ai la trace de l’abjuration d’Aimée Normand en 1681 à La Châtaigneraie (Vendée) grâce au Rôle des Nouveaux Convertis à la Foi Catholique du diocèse de La Rochelle. Elle se marie la même année avec François Auditeau, sieur du petit Château. A-t-elle abjuré pour pouvoir l’épouser s’il était catholique ? Ou bien a-t-il dû lui aussi abjurer la même année pour pouvoir continuer à exercer sa charge de notaire (de la même façon que Jean Joly dans le Bressuirais) ? Ils ont au moins 4 filles, mais une seule semble survivre, mon ancêtre Louise Auditeau pour laquelle je ne retrouve plus de trace de liens avec la religion réformée. D’Aimée Normand, je connais un peu l’ascendance. Ses parents Paul Normand, notaire, et Jeanne Denfer (sosas 4094 et 4095) sont protestants eux aussi. Elle a un frère prénommé Paul, et une sœur prénommée Françoise. De François Auditeau, j’ai tout à découvrir !
Voilà ! Ces trois familles ont en commun d’avoir abjuré sous la contrainte leur religion et de voir leur descendance abandonner définitivement le protestantisme. J’ai toutefois encore pas mal de recherches à faire sur mes bouts de branches huguenots. J’aimerais remonter leurs ascendances, mais aussi mieux connaître leurs vies, approcher de plus près la réalité des pressions qu’ont subies les protestants du Poitou. Nul doute que, suite à ma visite à Bois-Tiffrais qui m’a déjà beaucoup appris, je vais découvrir de nouvelles pistes à explorer. Mais il ne faut pas que j’oublie d’enquêter aussi sur quelques autres ancêtres que j’imagine protestants sans en avoir la certitude. Je vous en parlerai prochainement.

* Le musée de la France protestante de l’Ouest situé dans un cadre idéal, le château de Bois-Tiffrais, permet de mieux connaître l’histoire mouvementée de la région sous tous ses aspects : religieux, sociaux, culturels… mais aussi d’approcher certains aspects de la vie quotidienne de nos ancêtres huguenots. Merci à Jean-Philippe Poignant de nous l’avoir fait découvrir et merci au pasteur Vatinel de nous y avoir guidé !
Bonjour! article qui tombe à pic! mes expériences protestantes ont été glanées en Isère où, dans une petite ville, au cours du 18° siècle, le curé enregistre des baptêmes que lui déclarent les proches de l’enfant comme ayant été administré à la maison. Le curé qualifie la naissance de naturelle et quand le père n’est pas là, ne le cite pas… Je retrouve la même façon de procéder (moins rude cependant) dans les registres de la paroisse de Sainte-Ouenne : « le 13ème janvier 1717, a esté baptisé Jacques fils naturel de Claude Pinaudeau et de Marthe Brunet ; ont été parrain Jacques Pié et marraine Françoise Bellescuellée qui ont déclaré ne savoir signer » vue 30 sur 128. Que pensez vous de cette formulation peu habituelle? Merci par avance de votre éclairage! Meilleures salutations
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Bonjour Pierre. J’en pense que ces curés ne sont pas très gentils ! Mais j’ai vu tellement pire avec celui de Moncoutant, Alexis Bellouard. Sur les actes de baptême, des parents sont traités « d’endurcis huguenots » ou encore de « bâtards huguenots adoués (accouplés) et infâmes ». Il faut se dire qu’il y a sûrement eu des paroisses avec des prêtres bien plus charitables, mais cela ne peut pas facilement se deviner à la lecture des actes.
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Sujet cher à mon coeur de descendante d’huguenots côté « Drôme »
Au 18e des pseudo-convertis, le curé renacle parfois pour les parrainages, et dès la fin de ce siècle la foi souterraine resurgit……
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Ce n’est pas le cas pour mes ancêtres protestants, la foi souterraine n’a pas resurgi chez leurs descendants. Mais c’est vrai pour beaucoup de familles de Poitou qui ont continué à pratiquer clandestinement pendant plusieurs générations !
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Bonjour,
J’ai également des racines protestantes, du côté paternel à IS SUR TILLE ( COTE D OR), il y avait un temple avant la révocation de l’EDIT DE NANTES, et du côté maternel dans les VOSGES à HENNEZEL ( commune créée par des verriers tchèques et bavarois, ancêtres de mon gd-père).
Je suppose, que comme ils sont restés en FRANCE, ils ont dû se convertir.Sinon, je ne serais pas là. Triste époque d’intolérance religieuse!!
Par contre, une autre branche du côté de mon gd-père maternel descend d’un écuyer du DUC DE GUISE, dit le Balafré( ultra catholique).
Comme dirait mon mari, « tu descends bien des protestants, tu protestes tout le temps ». Drôle!!
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Je le sais depuis peu mais, en fait, les protestants ne protestaient pas mais au sens étymologique, ils s’engageaient solennellement. Vous avez maintenant de quoi répondre à votre mari la prochaine fois où il vous taquinera 😉
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Origine du mot protestant
Ce sont les adversaires de la Réforme qui, les premiers, utilisèrent ce quolibet en 1529, en Allemagne, en désignant les princes protestants et les villes libres. La plupart des princes-électeurs avaient choisi de suivre la réforme de Luther tolérée par Charles Quint, l’empereur élu par eux. Mais en 1529, ce fervent catholique change d’avis et ordonne le ralliement inconditionnel à l’Église catholique romaine. La promulgation de cette prescription, provoque le refus des princes : ils « protestent devant Dieu […] ainsi que devant tous les hommes » de leur refus d’admettre un décret qu’ils jugent contraire « à Dieu, à sa sainte Parole, à [leur] bonne conscience et au salut de [leur] âme ». Plutôt attribué de façon péjorative, cet adjectif fut ensuite adopté comme substantif par les adeptes de la Réforme. En effet, la définition (vieillie ou littéraire) de ce mot est : Exprimer avec certitude, promettre avec force (à quelqu’un) que quelque chose est vrai, que quelque chose existe. En revendiquant le sens positif de ce mot, les protestants affirment leur croyance, ils font profession de leur foi. De là l’origine du mot protestant. La portée du mot est parfois restreinte aux seuls courants luthérien et réformé, dont la cohérence et l’unité ont été affirmées très tôt. Source : WikipédiA
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Merci pour ces précisions historiques.
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je suis descendant de protestants du côté paternel ,depuis tout petit ma mère me disait anti conformiste ,maintenant on va pas se mentir, la chasse aux protestants etait plus politique que religieuse ,le pouvoir était sur le point d’échapper au roi la noblesse et au clergé catholique qui était sans point douter devenu une église hérétique qui par la même corrompait toutes ses ouailles,payer pour abjuration de ses pêchers c’est blasphème contre dieu et l’église du christ, se mettre entre dieu et l’homme c’est pêcher d’orgueil (pêcher capital selon la bible)pour les chrétiens dieu ne mettait même pas ses archanges ni anges entre lui et les hommes …donc le protestantisme c’était revenir sur le chemin de dieu éclairé par la parole du christ…voilà ce qui faisait peur à l’église catholique et à ses princes luxurieux . je suis catholique par défaut du côté paternel , catholique par défaut par le côté ascendant viking de ma mère , je crois que si je veux honorer tous mes ancêtres ,il va falloir que je mette un terme à cette mascarades de plusieurs siècles ,que diraient mes descendant de huit générations lorsqu’ils feront ou complèteront notre arbre que j’ai créé pas que pour moi mais tous mes vivants et tous mes suivants;on se pose la question que va -t’on leur laisser de notre planète,posons nous la même question que va-t’on leur laissé de notre famille ,déjà que pour leur laisser un héritage matériel c’est pas gagné…. alors j’aimerai bien leurs laisser un héritage spirituel ,
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