Sur son blog Auprès de nos racines, Élise a évoqué ceux qu’elle appelle « mes ancêtres invisibles ». J’ai eu envie d’essayer à mon tour de raconter la vie de l’un d’eux, j’ai laissé faire le hasard qui m’a désigné mon sosa 166, Pierre Gourdien.
Pierre vient au monde le 1er mars 1735 au Busseau, une petite paroisse du Poitou située à la limite des actuels Deux-Sèvres et Vendée. Pierre est le 6e enfant de Jean Gourdien, un laboureur, et de Marie Bernaudeau, sa seconde épouse. Les 3 aînés sont issus de la première union de Jean avec Marie Texier. Au début du XVIIIe siècle, la paroisse compte sans doute près de 1 000 âmes.
Le bourg, accroché à un piton rocheux et dominé par son église imposante, est pittoresque avec ses rues étroites et ses venelles. Depuis le XVIIe siècle, l’église Notre-Dame au clocher octogonal a été remaniée, c’est elle qui accueille Pierre pour son baptême. Sa demi-sœur Françoise, alors âgée de 13 ans, le porte sur les fonds baptismaux.
Pierre passe son enfance au Busseau, il reste près de ses parents et devient bordier. Il a 30 ans quand son père meurt, sa mère le rejoint l’année suivante. À 33 ans, il réside toujours dans la paroisse en tant que bordier. Si l’on se réfère au sens de ce terme à l’époque en Poitou, il est cultivateur sur une petite exploitation rurale, soit comme propriétaire soit comme fermier. Dans le cas de Pierre, il est fermier puisqu’il va bientôt quitter son village pour se marier. Il ne possède ni la terre qu’il cultive, ni les animaux, ni les outils de travail, à la différence de son père qui en tant que laboureur devait posséder au moins de quoi travailler la terre.
Sur les actes, je retrouve la signature de Pierre Gourdien. Comme son père avant lui, il appose son paraphe, plutôt assuré, au bas des registres, j’en déduis qu’il a reçu un minimum d’éducation, comme son frère Jean avant lui mais contrairement au reste de la fratrie.
Le 7 novembre 1768, Pierre Gourdien épouse en l’église de Saint-Maixent-de-Beugné Marie Mocquet, une jeune femme de 23 ans, fille de métayer, lui a 33 ans. Il n’y a guère que 10 kilomètres qui séparent les fiancés et, tout naturellement, la famille de Pierre se déplace pour les noces. Au moins 2 de ses frères, Pierre et René, sont présents ainsi que ses oncles, Mathurin et Jean. Les femmes de la famille ont sans doute elles aussi fait le déplacement, mais, comme souvent, le curé ne les mentionne pas.
Le jeune couple s’installe d’abord à Saint-Laurs, tout près de Saint-Maixent-de-Beugné. Je suppose que Pierre y exerce le métier de bordier. C’est là que naissent les 2 aînés, Pierre en 1770 (sans doute décédé dans l’enfance) et mon ancêtre Louise en 1772. Ils vont bientôt quitter ce village et je les retrouve au Busseau où 2 filles viennent agrandir la famille : Marie en 1775 et Jeanne en 1776. Mais, un an plus tard Jeanne meurt à 11 mois puis, en novembre 1779 c’est au tour de Marie Mocquet, l’épouse de Pierre, de s’éteindre.
Pierre se retrouve seul pour élever ses enfants. Dans un premier temps, sa famille l’épaule, notamment sa belle-sœur Jeanne-Marie Mocquet et son beau-frère Louis Noël. 2 ans plus tard, le 13 juin 1781, Pierre Gourdien épouse en secondes noces Jeanne Gabrielle Chabot. Il à 46 ans et elle 42 et c’est un premier mariage pour Jeanne Gabrielle. La cérémonie a lieu à Ardin, un gros bourg de plus de 1 600 habitants, la paroisse de l’épouse. Elle est aussi fille de bordier. Pour rencontrer sa 2e femme, Pierre a parcouru environ 15 kilomètres, il ne s’était jamais autant éloigné de son village ! Le couple s’y installe. Ils n’auront pas d’enfants. Pierre devient journalier, il se loue à la journée dans les fermes du voisinage, peut-être ne peut-il plus assurer seul la charge d’une borderie. Il va demeurer 20 ans dans cette paroisse où il s’éteint près de son épouse le dimanche 3 mai 1801, il a 66 ans. Ses 2 filles ne sont pas encore mariées mais ne semblent plus vivre chez eux. L’année suivante, lors de leurs mariages, Louise comme Marie Anne sont domiciliées à Saint-Laurs, où Marie Anne est servante. Quant à Jeanne Gabrielle Chabot, elle décède dans une autre paroisse, La Chapelle-Thireuil la même année.
Les relations entre la belle-mère et les filles du premier lit étaient peut-être inexistantes. Par contre, plusieurs actes montrent des liens qui unissent les 2 filles à leur oncle et tante, Louis Noël et Jeanne Marie Mocquet. Il se pourrait même qu’au moment de son 2e mariage Pierre Gourdien ait laissé ses 2 filles au Busseau à la garde de leur tante maternelle et qu’il soit parti seul à Ardin. Cela éclairerait l’absence de celles-ci sur la dernière partie de sa vie.

Intéressant cette géolocalisation, nos ancêtres poitevins se déplaçaient peu
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