Quand j’étais enfant, ma grand-mère Augustine évoquait souvent ces nouvelles générations qui vivaient « dans le péché » et osaient même parfois avoir des enfants hors mariage. Je l’entends encore dire : « De mon temps, cela ne serait jamais arrivé ! » Des années plus tard, en me penchant sur ma généalogie, j’ai découvert des enfants naturels et d’autres bébés nés bien avant les 9 mois réglementaires ! Ma généalogie compte plus de 25 000 individus et sur les 12 380 naissances répertoriées, 138 ne respectent pas ce délai (soit un peu plus de 1%). Parmi ceux-ci, 8 sont nés dans le mois qui précède l’union et autant dans le mois qui suit.
J’ai déjà évoqué mon histoire la plus étonnante, celle de la naissance de Pierre-René Morisset le jour même du mariage de ses parents en 1836. Ce cas est sans doute assez rare au XIXe siècle. J’ai appris récemment, qu’il pouvait être assez fréquent quelques 200 ans plus tôt. À cette époque, il arrivait que les prêtres profitent d’une naissance dans une famille protestante pour baptiser l’enfant et imposer le mariage catholique aux parents. J’ai ainsi un exemple qui semble conforter cette thèse. Louis Rouvreau et Marie Poussard, vivent à Augé en 1731 et ils sont protestants. Le 3 août 1731, ils ont une fille, Marie, laquelle est inscrite dans le registre des baptêmes. L’Église ne perd pas de temps puisque le 20 août, après abjuration, le couple se marie à Saint-Léger de Saint-Maixent et reconnaît leur fille, âgée de 15 jours.
Voici quelques autres exemples d’enfants nés dans le mois qui précède le mariage de leurs parents.

Si je remonte le temps, je croise mon aïeul, Jean Soulice lequel épouse en secondes noces Louise Thébaud. Le mariage a lieu le 21 janvier 1727 à Benet, en Vendée. Ils sont les parents de Jean né quelques jours avant, le 3 janvier. C’est une situation qui se rencontre régulièrement dans nos généalogies, celle d’une servante déjà présente dans la maison ou arrivée dans la famille pour s’occuper des enfants après le décès de la première épouse. Elle se retrouve enceinte et il faut régulariser la situation.
Louis Bertaud et Jeanne Genty convolent le 25 octobre 1725 à Béceleuf, 19 jours après que leur fille Jeanne ait vu le jour à Fenioux. Le mariage a lieu dans la paroisse des parents de Jeanne. Cependant la naissance est déclarée à Fenioux, paroisse de l’époux. Cela laisse supposer que Jeanne travaillait, sans doute en tant que servante, loin de chez elle, et peut-être même dans la famille de Louis.
Jean Sacré et Jeanne Bichon sont les parents d’un petit Louis né 4 jours avant leur union, le 5 novembre 1768 à Payré, en Vendée. La mariée est de la paroisse alors que l’époux est natif du village voisin de Saint-Michel-le-Cloucq. La jeune fille qui n’a que 18 ans, alors que son mari en a 33, est orpheline. Cependant, les 2 familles sont présentes le jour du mariage. Les nombreuses signatures laissent penser que ces métayers sont relativement aisés.

Mes ancêtres Pierre-Colas Faraud et Madeleine Couraud se marient le 10 novembre 1819 à Sainte-Pezenne (aujourd’hui Niort). Tous 2 habitent le village de Surimeau, au bord de la Sèvre, Pierre-Colas y est né et Madeleine y vit depuis plus de 6 ans. Elle exerce la profession de couturière, il est laboureur, elle a 22 ans et lui 26. Pierre-Colas a déclaré la naissance de son fils Charles, le 22 octobre 1819. L’enfant est né dans la maison de ses grands-parents maternels. Le mariage régularise une union qui semble bien acceptée par les 2 familles.
10 jours précèdent la naissance du petit Henri-Auguste du mariage de ses parents, Joseph-Pierre Morisset et Thérèse-Léonie Guérin, le 20 juillet 1868 dans la paroisse de Saint-Paul-en-Gâtine. Là encore, le père a déclaré la naissance de son fils et l’enfant est reconnu le jour de la cérémonie nuptiale. Il a 29 ans et elle 32. Tous deux sont majeurs et exercent un métier : il est domestique et elle est lingère dans la commune de Saint-Paul. Les 4 parents sont présents à la cérémonie.
Ah ! Si j’avais connu plus jeune toutes ces histoires, j’aurais pu prouver à ma grand-mère Augustine qu’elle n’avait pas raison et que, depuis longtemps, des couples vivaient ensemble sans être mariés. Cependant, la pression sociale ou familiale, suite à la naissance d’un bébé viable obligeait bien souvent les couples à se marier, le « péché » étant sans doute plus grand sinon.
Je ne crois pas en avoir détecté dans ma généalogie des naissances aussi précoces, mais cet article m’incite à retourner pour calculer les dates plus précisément.
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J’en avais relevés quelques uns, mais grâce à mon logiciel Heredis j’ai pu tous les retrouver. J’ai d’autres cas intéressants, je les évoquerais sans doute un jour ici.
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bonjour Sylvie pouvez vous me dire ce qu’est ce logiciel heredis merci
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Bonjour, c’est un logiciel de généalogie
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