Anthroponymie : étude des noms de famille, une des branches de l’onomastique qui étudie tous les noms propres.
Le nom de famille que je porte, Deborde, désigne celui qui vivait autrefois dans une borderie, une petite ferme. Il raconte bien d’où je viens à défaut de ce que je suis : j’ai tellement d’ancêtres qui ont vécu et travaillé dans ces petites exploitations à gratter une terre qu’ils ne possédaient même pas.
C’est une culture patriarcale qui fait que je porte ce nom, celui de ma lignée agnatique, transmis de père en fils. Mais ce n’est qu’un seul nom parmi les 460 autres que j’ai découverts, portés par l’un(e) ou l’autre de mes ancêtres. Ces patronymes sont presque tous issus du bocage autour de Bressuire dans les Deux-Sèvres, et certains reviennent très souvent sur différentes branches de mon arbre généalogique.
Je vous présente les 10 noms les plus présents chez mes aïeux directs. Pour ce faire, je vais faire un peu d’onomastique teinté d’un peu de parapsychologie (en quoi ces noms ont-ils pu influer sur ce que je suis ?) Et normalement, à la fin, vous devriez me connaître un peu mieux. C’est parti, en commençant par le plus fréquent.
BAUDU (29) : Ce nom viendrait de baud qui veut dire « joyeux » ! Youpi !
BILLY (28) : J’ai aussi quelques TERRY dans mon arbre mais ne cherchez pas une origine anglaise pour ces ancêtres. Si j’en crois les sites spécialisés, BILLY désignerait au départ des individus originaires d’un domaine possédé par un Gaulois nommé Billios. Parfait pour moi, j’ai bien eu raison d’apprendre à l’école « mes ancêtres les Gaulois » !
BROSSARD (28) : Ce nom très fréquent dans le Poitou a une origine assez obscure. Peut-être se rapporte-t-il à des lieux broussailleux. Une autre hypothèse veut qu’il soit bâti à partir de l’aphérèse du mot Ambroise. Cela me va bien : Ambroise veut dire « immortel », le tout c’est d’y croire. Et il y avait bien longtemps que je n’avais pas parlé d’aphérèse (ou d’apocope).
ROY (27) : Ni Louis, ni Charles chez mes Roy, mais quand même un François et un Henri. L’origine de ce patronyme est sans doute un sobriquet. C’est plausible, je suis moi-même parfois un peu moqueur.
TURPEAU et ses variantes TURPAUD et TURPAULT (27) : Là, on me laisse le choix. Est-ce le diminutif de TURPIN, prénom latin (qui vient de turpius, hideux) ou de TURPIN, nom d’origine germanique qui ferait référence au dieu Thor ? Pas d’hésitation, c’est forcément la deuxième solution !
ROBIN (25) : C’est le diminutif de Robert, prénom germanique signifiant « gloire brillante ». Le porteur du patronyme ROBIN aurait-il donc une gloire un peu plus terne ?
GRELLIER ou GRELIER (20) : Plusieurs possibilités là aussi. Celle qui est la plus poitevine, à défaut d’être la plus probable, dit que ce nom de famille vient du poitevin « greler ou grâler » signifiant griller, cuire. Peut-être là encore un sobriquet désignant quelqu’un ayant le teint hâlé ? On est taquin dans le Poitou !
FROUIN (19) : Un nom d’origine germanique qui signifie « ami avisé » ! C’est tout moi !
BLAIS (16) : Une variante du prénom Blaise signifiant « bègue ». Pou-pourquoi pas !
GIRET (16) : Encore un diminutif, sans doute celui de Girard, prénom germanique au sens de « lance dure ». Le porteur du patronyme GIRET évoquerait-il alors une lance pas très dure ? À moins que ce nom ne vienne de l’ancien verbe girer (tourner) et désigne au départ un potier qui travaillait sur son tour.
En y réfléchissant, je ne crois pas vraiment que mes ancêtres (gaulois ?) m’aient transmis, au travers de leurs noms, un caractère joyeux, un teint hâlé, le goût pour la poterie, des difficultés d’élocution ou un désir d’immortalité, même si je ne suis pas le meilleur juge de moi-même. Ce qui est vrai par contre, c’est que la plupart de ces noms sont des sobriquets ou des diminutifs. Le rire est le propre de l’homme et le Deux-Sévrien, en plus, a l’humeur enjouée, c’est le préfet Dupin qui le dit vers 1800 dans son rapport sur mon département. Alors, peut-être mes aïeux m’ont-ils donné un léger penchant pour la moquerie et la dérision et je le retrouve dans les patronymes qu’ils se sont donnés entre eux.
J’aime beaucoup cet article ! Et même si je ne te connais pas trop bien, je dirais oui pour le caractère joyeux, je ne sais pas pour la poterie, non pour les difficultés d’élocution et peut-être pour le désir d’immortalité … 😉 Dans tous les cas, et quoiqu’il arrive, garde ton humour et continue à nous offrir de tels billets 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Finalement, tu me connais plutôt bien Nat. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Pour ROBIN, on peut ajouter que le terme désignait un homme de robe et surtout les avocats. Comme ceux-ci avaient mauvaise réputation, le mot avait pris une connotation péjorative. En outre, le robin désignait un mouton, ce qui aurait donné le terme robinet (car les premiers portaient des têtes de mouton à tourner pour ouvrir ou fermer) https://www.cnrtl.fr/definition/robinet
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vrai, un même nom peut venir de sens très différents. C’est un des charmes de l’anthroponymie. Dans mon cas et dans la plupart je pense, il y a beaucoup plus de chance que ce patronyme de Robin vienne d’un « Robert » de petite taille (ou désigné ainsi affectueusement) que d’un homme de loi.
J’aimeJ’aime
L’étude des patronymes vue par Raymond le taquin qui s’arrange avec ses patronymes me plait bien…
Et tu as bien raison, car c’est manière dont ils vivent dans notre lignée qui nous constitue aujourd’hui.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Marie. Enfer, je suis découvert. Tu as vu que je m’arrangeais avec les patronymes de mes ancêtres !
J’aimeAimé par 1 personne
Ahlalalalalal que de sourires à lire cet article ! D’autant plus que j’ai des patronymes en commun… ca donne envie de compléter les écrits du sieur Raymond 😇
J’aimeAimé par 1 personne
J’espère bien, Caroline, que je vais donner des idées ! C’est amusant à faire !
J’aimeAimé par 1 personne
J’vais regarder ca 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Cher Raymond,
Pour te fréquenter d’assez près depuis plusieurs années, j’adhère forcément à « l’ami avisé », mais alors jamais, au grand jamais, même en y croyant très très fort, je ne t’aurais un instant imaginé en un « dieu immortel » nous parlant « d’apocope et d’aphérèse « , alors là, je suis scotchée !
Je me pose quand même une question : est-ce que tu ne t’ennuierais pas sur la durée ?
Sous les traits d’Astérix ou Obélix, en revanche, avec un peu d’imagination je ne dis pas ! Détiendrais-tu par hasard le secret de la potion magique qui nous a tous fait tomber dans la marmite ?
Faut rigoler, faut rigoler….
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Danièle. Tu vas donc pouvoir m’observer avec un œil neuf ! Je ne m’ennuie jamais, grâce à la généalogie. Je vois que tu as retenu mes éventuelles origines gauloises. Je ne pense pas être Obélix ou Astérix pour des raisons morphologiques qui ne t’auront pas échappé mais je veux bien devenir Panoramix et acquérir la sagesse et la connaissance de la potion magique de la généalogie. 🙂
J’aimeJ’aime