Aujourdhui, quiconque débute sa vie professionnelle sait qu’il changera sans doute de métier au fil des années. En généalogie, on trouve parfois chez nos ancêtres des professions qui varient selon les actes, ce qui laisse penser qu’une ascension sociale, même légère, pouvait exister, c’est le cas pour Jean Jariaud.
Jean vient au monde avant 1690, sans doute vers Ardin, il est le fils du premier lit de mon ancêtre Marie Dinot ou Guinot. Je ne connais pas son père et ne sait pas non plus s’il a eu des frères et sœurs. Ce père meurt peu après sa naissance et sa mère se remarie très vite avec Jean Boisselier, un métayer aisé. De cette deuxième union naissent 6 demi-frères et sœurs.
Jean Jariaud a du recevoir un peu d’instruction puisque, comme son beau-père et ses demi-frères, il signe les actes d’un paraphe assuré, ajoutant même une ruche à la fin de son nom !
En 1710, il épouse Madeleine Vallaud en l’église de Faye-sur-Ardin. Cette jeune femme de 26 ans est la fille d’un marchand et elle aussi signe. Sa belle écriture confirme que le couple est instruit ; ensemble, ils auront 6 enfants.
La première mention de profession que je trouve concernant Jean est celle de laboureur, un métier tout à fait classique et sans doute celui auquel le prédestinait sa naissance. Très souvent, dans cette partie du Poitou, les actes que je consulte précisent s’il s’agit d’un laboureur à bras ou à charrue, mais pas ici. Aucune précision non plus sur la terre qu’il exploite : est-il métayer ou propriétaire, rien ne me l’indique.
C’est en 1720, il a alors une bonne trentaine d’année, que je trouve sur un acte le concernant la mention de praticien. Le Littré en donne la définition suivante :
PRATICIEN [pra-ti-siin] s. m.
1° Celui qui connaît la manière de procéder en justice.
Un changement important pour lui, son éducation a sans doute été plus poussée que je l’imaginais et il est possible aussi que son intelligence et/ou ses compétences lui aient permis de progresser professionnellement et socialement.
Puis, à partir de 1730, Jean Jariaud devient huissier royal, il est alors titulaire d’une charge qu’il a achetée. Sous l’Ancien Régime, la fonction d’huissier royal est proche de celle de sergent royal, tous 2 forment en quelque sorte la milice du roi dans le pays. Le sergent royal se fait d’ailleurs souvent appeler huissier, ce qui est peut être le cas de Jean. Au Moyen Âge, la profession est méprisée, mais au XVIIIe siècle les choses ont évolué, l’huissier a plus d’instruction et il est mieux considéré. Il est l’officier chargé de signifier les actes royaux et de veiller à leur respect, il doit maintenant tenir un répertoire de ses « exploits »* . Pour exercer ses fonctions, outre des connaissances, il doit faire preuve d’une bonne moralité, une enquête est diligentée pour s’en assurer. Devenir huissier royal est donc un prolongement de carrière tout à fait plausible pour Jean Jariaud.

Je n’ai pas trouvé la date de son décès, je sais qu’il meurt entre 1730 et 1746. Par la suite, dans les actes de mariage de ses enfants, sa profession d’huissier royal est encore mentionnée, preuve que la famille est assez fière de cette élévation sociale. Après lui, ses fils ne semblent pas réussir aussi bien, puisqu’ils sont marchands ou laboureurs.
* On appelle « exploits » les actes signifiés par les sergents et les huissiers. À l’origine, ils n’avaient qu’à faire des récits oraux, au XVIIIe les rapports sont écrits.
bonjour Sylvie , huissier royale c’est je pense le garde champêtre de l’époque, le XVIII èm ici,votre ancêtre était cultivé c’est sûr , et savait écrire et lire ,à l’époque les catholiques de la base ne l’étaient pas, si tu étais lettré soit tu étais un noble,seigneur,Bourgeois hautement élevé dans la société, ou protestants ,ces dernier étudiaient la bible depuis leur plus jeune age, car c’est la grande différence entre catholique et protestant , dans l’église catholique seul le clergé était autorisé à lire la bible et à la partager lors de la liturgie à la messe (façon de garder un pouvoir sur ses ouilles ) tandis que chez les protestants (calvinistes de l’époque),la bible était ouverte à tous.c’est pourquoi on retrouve de simples journaliers ou laboureurs lettrés,qui étaient souvent (eux et leurs ascendants) d’anciens propriétaires, ou d’anciens dignitaires du roi (notaires du roi ,juges , médecins,)marchands etc…biens et titres souvent confisqués lors des dragonnades de 1881à 1885;dans le cas de votre aïeul, je pense que le manque de fonctionnaires royaux compétents dans la région Poitou fit que sont ascension social fut indéniable et nécessaire,jai le même genre de cas chez mes aïeuls …en outre la chasse aux protestants en résultats une forte perte des têtes pensantes et de grands savoir faire de l’époque (qu’ils soient artisanaux ou intellectuel )donc le roi et c’est représentants n ‘eurent que le choix de mettre de l’eau dans leur vin et de faire marche arrière pour ceux qui montraient leur meilleur volonté à devenir de bons catholiques,ne pas oublier aussi que louis XV étaient moins buté que sont grand-père qui fut tyrannique envers nos ancêtres protestants…
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