Il y a quelques années déjà, alors que je commençais tout juste à faire ma généalogie, lors d’un échange avec une amie – merci Claudy 😉 – j’évoquais mes deux grands-pères. Tous deux ont fait la guerre 14-18, nous parlions des fiches matricules, des blessures, des citations et des médailles, notamment celles trouvées pour mon grand-père Armand. Et cette amie me dit : « as-tu regardé dans la base Léonore ? »
« La base Léonore recense, me dit-elle, tous ceux qui ont reçu la Légion d’honneur ». Et de me préciser : « les informations sont directement sur le site, il existe un mode de recherche par nom. Leur patronyme peut aussi figurer sans que les pièces soient accessibles en ligne, il suffit alors d’envoyer un courrier et, moyennant le prix de photocopies, tu reçois le dossier de ton parent ».
Dans un premier temps, j’ai souri en lui disant que mes ancêtres n’avaient pas eu de Légion d’honneur. Mais, par acquis de conscience, j’ai quand même cherché leur nom dans la base. Je n’ai rien trouvé concernant Armand Morisset qui a pourtant été cité et à reçu plusieurs médailles au cours du conflit. Et puis, pour Calixte Garnier, quelle ne fut pas ma surprise de le trouver dans la base ! Personne n’avait jamais évoqué devant moi cette décoration.
Le dossier n’étant pas en ligne, j’ai fait une demande écrite et, quelques semaines après, j’ai reçu des Archives Nationales les différents feuillets de son bordereau. Peu de choses cependant dans le cas de mon grand-père. Il a été nommé au grade de chevalier de la Légion d’honneur en 1960.
– Les pièces financières m’apprennent qu’en 1963, un chevalier recevait un traitement semestriel de 250 francs.
– Si j’ignore qui a fait la demande auprès du ministère, une autre pièce m’informe qu’il y a eu une enquête de gendarmerie et une enquête du Préfet et que les 2 ont émis des avis favorables.
– Je découvre aussi que Calixte a choisi celui qui lui a remis cette distinction. Par courrier, il a désigné Georges Auguste Bouniot.
– La remise a eu lieu le 11 septembre 1960 à Faye-sur-Ardin, le procès-verbal de réception fait parties des documents entre mes mains, Calixte a alors plus de 70 ans, une remise plutôt tardive que je ne saurais expliquer.
Hélas, je ne dispose ni de ses insignes ni de son brevet. Ma mère a très peu de papiers familiaux et mon seul cousin n’a rien trouvé dans leur maison natale qu’il a gardé.
Mais, heureusement pour moi, une recherche dans la presse de l’époque m’a permis de retrouver un article.

J’apprends ainsi que la cérémonie a eu lieu au domicile de mon grand-père, en présence de ses 2 enfants, ma mère et mon oncle, de leurs conjoints et enfants. Sur la photo qui l’accompagne, je reconnais mon père, j’aperçois ma mère et je me rends compte que la petite fille à gauche de la photo, c’est moi ! Je donne la main à mon autre grand-père, Armand, et j’ai juste 2 ans. Mon frère et mon cousin, un peu plus âgés entourent le récipiendaire. Georges Bouniot qui lui remet son insigne est un voisin, il a 4 ans de plus que Calixte et a lui aussi participé au conflit. Il est chevalier de la Légion d’honneur depuis 1954 (même si l’article donne la date de 1955). Il rappelle dans son discours les faits de guerre* de l’impétrant et son implication dans l’administration de la commune. Sont aussi présents à la cérémonie le président local des anciens combattants, M. Jubien, et le maire de Faye-sur-Ardin, M. Faraud. Et comme le souligne l’article, « cette cérémonie se termina par la dégustation de gâteaux accompagnés de bons vins. »
Cette histoire prouve bien qu’il faut explorer toutes les pistes, même celles qui à priori ne semblent pas nous concerner. Alors vous aussi n’hésitez pas à consulter la base Léonore . Vous pouvez faire une recherche par patronyme mais aussi par département puis par commune. Et, qui sait, vous y trouverez peut-être aussi un de vos aïeux !
* Pendant la guerre 14-18, Calixte a été blessé :
– au genou et à l’épaule par des éclats d’obus à Réméréville (Meurthe-et-Moselle) le 25 août 1914,
– par emphysème (maladie respiratoire) sous-cutané consécutif par éclat d’obus à la cote 304 à Verdun le 8 mai 1916,
– par balle à l’abdomen à Popincourt (Somme) le 11 août 1918,
Il a reçu :
– une citation à l’ordre de son Régiment le 23 mai 1916,
– une citation à l’ordre de son Régiment le 20 septembre 1918,
– la Médaille militaire le 27 juillet 1930,
– la Légion d’honneur le 11 septembre 1960.
Celle de mon grand-père, qui avait perdu une jambe à Verdun et a été président des amputés de la Vienne, est accrochée derrière moi, dans mon bureau, avec ses autres médailles (militaire, croix de guerre avec palme, commémorative de Verdun, Interalliée 1914-1918,avec une carte de visite manuscrite du Général Pétain « Sentiments affectueux »
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Quelle chance de l’avoir ! Je ne désespère pas de trouver celle de mon grand-père un jour, elle est peut-être toujours au fond d’un tiroir.
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