La métairie des Touches de la guerre de 1870-71 à celle de 14-18

habitants touches
Les habitants des Touches de 1870 à 1914. En gris mes ancêtres.

Si 1871 fut une année terrible pour Victor Hugo marqué par la guerre contre les Prussiens et la Commune de Paris, elle le fut également pour les habitants de la métairie des Touches. Cette année-là, le cultivateur Auguste Chesseron décède à l’âge de 33 ans. Ses parents, Jacques Chesseron et Françoise Baudu, voient disparaître le fils sur lequel reposait sans doute tous ses espoirs pour assurer l’avenir de la ferme. La veuve, Marie Roy, reste avec ses beaux-parents pour élever les petits Louis et Marie, âgés de 9 et 6 ans. Le patriarche ne fait pas confiance à ses 2 autres fils, Jacques et François, qui craignent son autorité. Ils restent vieux garçons et assistent leur père vieillissant. La période est d’autant plus critique que la famille Verger qui occupait une moitié de l’habitation et exploitait une moitié des terres est partie. Il faut maintenant faire le double de travail alors qu’Auguste n’est plus là ! Pourtant, la ferme semble continuer à prospérer malgré ce drame. La terre est bonne sans doute et personne ne s’octroie le droit de paresser. Il faut l’aide de domestiques et de servantes qui se succèdent pour faire tourner cette grosse exploitation : Adolphe Touraine, 14 ans, et Célestine Tricoire, 22 ans, en 1872, Alexandre Groleau, 18 ans, et Mélanie Noireau, 18 ans, en 1876, Henri Garnier, 11 ans et Clémentine Delion, 37 ans en 1881.

Chez les propriétaires à Moncoutant, Colombe Puichaud a rejoint son mari dans la tombe après 8 ans de veuvage, en 1876. Comme elle n’a pas de descendants, ses héritiers sont de très nombreux et très lointains cousins. Pour se partager l’héritage, il faut vendre ses nombreux biens, dont la ferme des Touches. C’est Louis-Adolphe Compagnon de Coulonges-Thouarsais qui en fait l’acquisition. La vente à la bougie a lieu le 29 mai 1877 et elle part pour la somme de 100 100 francs. Le changement de propriétaire permet la reconstruction de la ferme qui en avait sans doute grand besoin. En 1880, une convention est passée entre Louis Compagnon et Jacques Chesseron. Le premier s’engage expressément à faire construire entièrement à neuf tous les bâtiments d’habitation, d’exploitation et de servitudes nécessaires avant le 29 septembre 1882. En échange, le prix de la ferme passe de 2 700 francs à 3 000 francs. Grâce à ce document, je comprends enfin pourquoi la ferme où j’allais voir ma grand-mère n’est pas à la place indiquée par le plan napoléonien. Le bâtiment, qui avait été rebâti sans doute trop vite après les guerres de Vendée, n’a donc pas vécu 100 ans. Il a été remplacé sur la parcelle D58 plus proche de la route par une construction qui existe encore aujourd’hui et fêtera bientôt ses 140 ans.

comparaison plans
Les Touches avant et après 1882. Plan napoléonien et plan cadastral de Terves

En 1881, le patriarche Jacques Chesseron décède, 3 ans après son épouse. Plutôt que ses deux fils, c’est son petit-fils Louis Chesseron maintenant âgé de 19 ans qui semble le plus capable de prendre la tête de la métairie toute neuve. Fils de veuve, il échappe au service militaire. Il fait lui aussi appel à des domestiques comme Henri Garnier, 15 ans et Clémentine Delion, 45 ans, en 1886. Sa sœur Marie Chesseron quitte la ferme en 1884 après son mariage avec Lucien Deborde pour une autre ferme toute proche, celle du Bois-de-Terves. Les beaux-frères ne se quittent peut-être pas en très bon termes : une estimation est faite cette année-là pour répartir les biens entre Louis et et sa sœur Marie. Pour cela, tout est compté, même quelques pièges à taupes estimés 1 franc ou des morceaux de savon ! Il y a en tout pour 42 424 francs : 21 847 francs d’objets et matériel, 1 280 francs de culture et 18 672 francs d’argent frais. Marie récupère sa part, le sixième qui lui est dû (la moitié de son père qui lui-même avait un tiers). Deux ans après sa sœur, c’est Louis qui se marie, avec Mélanie Frouin. Des cris d’enfant résonnent à nouveau aux Touches, avec la naissance de Gabrielle. Les baux perdurent. En 1886, il est stipulé aux jeunes fermiers qu’il leur faut planter chaque année 20 pieds d’arbres fruitiers ou autres, et qu’il faut aussi donner au propriétaire 6 poulets le 24 juin, 6 chapons à Noël, ainsi que 4 canards, 2 kg de laine fine et dégraissée, 4 dl de marrons et 18hl d’avoine en plus des 3.200 francs annuels.

1890 est l’année du changement aux Touches : Louis Chesseron quitte la ferme pour celle de la Roulière et il laisse la place à sa sœur Marie Chesseron et à son beau-frère Lucien Deborde (1862-1939). Louis et Lucien sont-ils encore fâchés ? Marie Roy, la mère de Louis et Marie, et un des deux oncles, Pierre Chesseron, restent aux Touches. L’autre oncle, François Chesseron, suit son neveu à la Roulière. Dans le même temps, les parents de Lucien, Joseph Deborde et Anathalie Jourdain, emménagent aussi aux Touches. La descendance déjà composée de Lucie et d’Alcide s’agrandit : Marie, Denise, Radegonde et Hubert naissent dans la maison de la métairie. La ferme reste active et prospère : les domestiques et servantes se succèdent chaque année: Isidore Falourd, 27 ans, Florentin Talbot, 19 ans et Augustine Gatard, 24 ans, en 1891 ; Juste Charrier, 21 ans, Auguste et Henri Cousinet, 24 et 23 ans, Augustine Talbot, 23 ans en 1896 ; Cyrille Blanchard et Léon Guédon en 1906… Les enfants vont à l’école et grandissent. Lucien Deborde devient un notable de sa commune de Terves en participant à la vie municipale. Conseiller, il devient maire entre 1898 et 1906. Il perd sa mère Anathalie Jourdain en 1893 et son père, le pépé José, en 1907. Sa belle-mère, Marie Roy, est promise à une belle longévité dans la ferme. Elle restera dans la mémoire d’un de ses descendants la mémé des Touches qui ramassait des brindilles de bois dans les grands champs des Touches, et en faisait des fagots qu’elle laissait porter aux hommes…

En 1905, le propriétaire, Louis-Adolphe Compagnon décède. Sa fille Octavie et son gendre Octave Bremand héritent de la métairie et perçoivent désormais le fermage. Le début du XXe siècle est sans doute une période heureuse pour les habitants de la ferme des Touches, épargnés par les drames et profitant de l’essor de l’agriculture en France. Grâce aux progrès techniques et agricoles, le monde paysan voit le rendement des terres augmenter tout en continuant à faire vivre de nombreuses familles. C’est l’époque de cette jolie photo où tout semble sourire à la famille Deborde.

jour 17
Vers 1902. De gauche à droite, Marie, le père Lucien Deborde, deux domestiques, Denise, Hubert, Radegonde, la mère Marie Chesseron, deux domestiques, Lucie, le pépé José et Alcide.

Le 1er août 1914 à 16 heures, le tocsin sonne au clocher de l’église et, à Terves comme partout en France, s’annoncent 4 nouvelles années terribles. Les 2 garçons de la ferme des Touches ne sont plus des enfants. Alcide et Hubert ont 26 et 18 ans !

(À suivre, un jour peut-être…)

4 commentaires sur “La métairie des Touches de la guerre de 1870-71 à celle de 14-18

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