« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage… »
Nicolas Boileau faisait-il de la généalogie ? En tout cas cette citation extraite de L’art poétique s’applique tout à fait à l’activité du généalogiste. Et mes dernières recherches m’ont permis de constater la véracité de cet adage.
Une alerte Geneanet sur mon ancêtre Jean Chaban, époux de Françoise Veillet (sosas 652 et 653 génération 10) m’a donné l’occasion de me plonger à nouveau dans cette famille. Je pense que j’avais peu travaillé sur cette branche ces dernières années. Je disposais de plusieurs familles Chaban, toutes situées dans un triangle Niort, Villiers-en-Plaine et Saint-Maxire.
Parmi celles-ci, voici tout d’abord mes ancêtres (en gris sur le schéma), ils vivent à Saint-Maxire, tout près de Niort.
Je connais d’autres familles Chaban, en particulier une qui vit à Villiers-en-Plaine, ils sont protestants.
Outre leur proximité géographique, des indices me laissent penser qu’il existe des liens entre eux. Dans la famille de mes ancêtres, Jean Chaban et Françoise Veillet, je trouve un fils nommé Isaac, prénom protestant par excellence. Jean a 2 sœurs, Élisabeth et Marguerite. Chez Isaac Chaban et Suzanne Marcard, puis Agathe Arnaud sa seconde épouse, je trouve des enfants portant les mêmes prénoms ou peu s’en faut – Jean pour mon ancêtre et Jean-Baptiste pour le fils d’Isaac – et nés à la même période, lesquels sont arrivés à l’âge adulte.
Isaac et Suzanne Marcard, tous 2 protestants, se sont mariés le 16 février 1681 au temple de Niort. Trois mois plus tard, les dragons sont en Poitou et le couple abjure dans son village de Villers-en-Plaine. Un an et demi après, le 3 janvier 1683, naît un premier enfant ; celui-ci est baptisé dans l’église et prénommé Jean-Baptiste, prénom catholique sans doute donné pour faire taire les soupçons du clergé local. Pourtant, quelques années après, les tensions sont sans doute moins vives et les parents choisiront d’appeler un de leur fils Isaac. Mais revenons à Jean-Baptiste, de fait, il sera appelé simplement Jean. À chaque fois que je le rencontre en tant que témoin c’est ce simple prénom qui est utilisé : au décès de son père, de ses demi-frères et sœurs…
Cela fait beaucoup de coïncidences mais pas de preuve ! Cependant, quand je consulte Geneanet, plusieurs arbres en lignes font d’Isaac et Suzanne Marcard les parents de Jean. À moins de croire que chacun ait pris ses désirs pour des réalités, cela me laisse penser qu’une preuve est trouvable.
Je me suis donc attelée à cette tâche. Pour les 2 couples, j’ai complété les familles des fratries, descendant jusqu’aux mariages des petits-enfants. J’ai effectué beaucoup de recherches infructueuses, mais j’ai considérablement étoffé ces arbres, et j’ai fait preuve de patience. J’ai eu raison d’insister car j’ai fini par trouver, au détour d’un acte de mariage.
Le 14 septembre 1778, Jean Chaban, fils de Jean-Baptiste et Françoise Veillet épouse en secondes noces dans l’église de Béceleuf, Jeanne Largeau. Un seul témoin pour le marié, Louis Bétreau (qui signe) cousin germain de Jean Chaban. Je connais ce Louis Bétreau, et sa signature, il est le fils de Jean Bétreau et… d’Élisabeth Chaban, fille d’Isaac et de sa seconde épouse Agathe Arnaud ! Voici donc la preuve que je cherchais, le nom et la signature ne me laissent aucun doute. Jean est donc le fils d’Isaac Chaban et de sa première épouse Suzanne Marcard, baptisé sous le nom de Jean-Baptiste. Mon arbre change et j’ajoute non pas 2 nouveaux ancêtres, mais 4 car je connais les parents de Suzanne.

Et puis, je me rends compte que j’ai une autre famille Chaban, celle d’Isaac Chaban, époux de Rachel Donné, des protestants bien sûr, qui ont plusieurs enfants dont 1 fils Isaac né vers 1650… comme mon ancêtre. De nouvelles investigations en perspectives !
Cette recherche ressemble à toutes celles que nous menons chaque jour sur nos généalogies, beaucoup de temps, beaucoup de patience, des fausses pistes, des impasses… Le résultat est loin d’être toujours au rendez-vous, mais si l’enquête aboutit comme ici, quel bonheur ! Et quand ce n’est pas le cas, on découvre malgré tout toujours quelque chose, la sérendipité c’est aussi vrai pour la généalogie !
Belle leçon de ténacité ! Bravo !
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Merci Mauricette !
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J’ai également suivi un cheminement de même ordre pour retrouver mes ancêtres protestants poitevins jusqu’à leurs abjurations et , pour moi, avoir été éduqué par les Pères Jésuites, bizarre retournement de l’histoire.
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Nos ancêtres protestants sont parfois devenus de fervents catholiques… J’ai moi aussi croisé cela chez mes ancêtres.
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